Page images
PDF
EPUB

« lequel il combat. Aussitôt, l'Anglais étonné s'arrête, <«<et, saisi d'admiration pour la valeur du prince, il baisse << ses armes en signe de soumission et demande, comme « une grâce, d'être armé chevalier de sa main, s'enga<«< geant, à cette condition, à livrer la place.» Les Anglais déposèrent les armes aux pieds du duc de Bourbon qui, voulant récompenser la loyauté de son adversaire, lui fit de riches présents et lui remit tous les prisonniers qu'il avait en son pouvoir.

<< La guerre n'en continuait pas moins; Louis de Sancerre, maréchal de France, vint dans l'Angoumois avec de nouveaux renforts, détruisant les places fortes dont il s'emparait pour qu'elles ne servissent pas de retraite aux ennemis. Ainsi tombèrent la forteresse de BourgCharente et les châteaux de Jarnac et de La RocheChandry.

<< Charles VI avait donné à son frère, Louis d'Orléans, son comté d'Angoulême, qu'il garda jusqu'en 1407, époque à laquelle il tomba sous le poignard du duc de Bourgogne. Pendant son administration, l'évènement le plus remarquable est la prise du château de Bouteville par les gens du roi sur les Anglais.

« Le comté d'Angoulême échut à Jean, second frère de Louis, sous la charge et tutelle du duc d'Orléans; les deux jeunes princes s'étaient armés contre le duc de Bourgogne, et avaient appelé à leur secours le roi d'Angleterre, qui leur envoya le duc de Clarence. A peine les troupes furent-elles débarquées, qu'un arrangement fut signé. Les Anglais se retirent alors, mais en exigeant pour indemnité la somme de 300,000 écus qui, n'étant pas acquittée en entier, fut garantie par un otage; cet otage fut Jean lui-même. Son comté fut administré, pen

dant sa longue captivité, sous le nom du duc d'Orléans, son tuteur, par des officiers, comme le temps et les guerres le permirent.

« Pendant le séjour de Jean-le-Bon en Angleterre, de grands évènements avaient changé la face des affaires. Charles VII parcourait la France en vainqueur, l'Angoumois rançonné par des bandes de routiers qui, sous prétexte de défendre le pays, le ravageaient dans tous les sens, fut délivré de ce fléau, conséquence ordinaire, dans ce temps-là, des guerres prolongées. Le château de Montbron, encore au pouvoir de l'Angleterre, fut pris par le baron de Ruffec. Charles, en personne, s'empara de la ville de Chalais et passa la garnison au fil de l'épée.

[ocr errors]

Cependant nos ennemis occupaient encore quelques places; ce ne fut que plus tard que Cognac leur fut enlevé. Dans le dernier effort de cette longue lutte, dont le terme était proche, Charles VII, en effet, s'était fait sacrer à Reims; le traité d'Arras avait réconcilié le roi et le duc de Bourgogne. Les Anglais avaient vu tour à tour tomber les villes et villages où ils tenaient garnison. Notre beau royaume était rendu à ses légitimes possesseurs.

« Telle est, Messieurs, l'histoire de cette longue lutte, qui a laissé tant de souvenirs dans nos contrées, qu'on nous montre encore les camps où se retranchèrent les armées ennemies, comme les châteaux dont la fortune les avaient momentanément rendus maîtres.

«< Maintenant que nous jetons sur notre sol un regard explorateur, pour rattacher aux évènements qui s'y sont passés les travaux de la main de l'homme dont les restes subsistent encore, il y aura pour nous de l'intérêt à ne pas oublier que pendant près d'un siècle l'Angoumois fut le théâtre des luttes de deux grandes nations. Sans adop

ter les préjugés et les haines aveugles qui séparent deux peuples placés haut dans le mouvement politique du monde, nous serons cependant fiers de nous rappeler quelquefois la parole naïve de nos chroniqueurs, qu'Angoulême a toujours eu le cœur français. >>

LECTURE DE M. L'ABBÉ MICHON.

La parole est à M. l'abbé Michon, qui donne lecture d'une Liste détaillée des nombreux monuments de notre province, celtiques, gallo-romains, du moyen-âge et de la renaissance. Ce travail, d'une certaine étendue, auquel son auteur n'a pas encore mis la dernière main, sera publié plus tard dans le Bulletin de la Société.

[ocr errors][graphic]
[blocks in formation]

[Il n'est parlé, dans cette Subdivision, que des Évêques sur lesquels il existe quelque notice, dissertation ou toute autre pièce particulière d'une certaine importance. Il faudra toujours recourir pour les autres prélats, et même pour ceux-ci, à l'Histoire générale de l'Angoumois (§ II) et à celle du Diocèse (§ III, Subd. A).

Parmi les innombrables Mandements, Lettres pastorales et autres circulaires qui m'ont passé sous les yeux, je n'ai mentionné que les écrits utiles à consulter pour rédiger la biographie des évêques qui les ont composés.

Ce serait peut-être ici le lieu de décrire les Vies que nous avons de saint Ausone, notre premier évêque; mais comme elles ne paraissent présenter aucun caractère de vérité historique, je les renvoie à la Subdivision suivante, relative aux Vies et Miracles des saints personnages.]

[blocks in formation]

Dans le tome III (pag. 317 et suiv.) de l'Histoire littéraire de la France de Dom Rivet (et autres), Paris, 1733–1843, 20 vol. in-4o.

Mérère (Mererius) devint évêque après avoir été comte d'Angoulême, et mourut empoisonné vers 576. Grégoire de Tours (* Hist. eccles. Francorum, lib. V, cap. XXXVII) et Fortunat (* Poemat. lib. III, carm. IV) le nomment Maracharius. L'historien de nos évêques et de nos comtes (voir Art. 18) nous apprend que l'on conservait encore de son temps, dans l'abbaye de Cluny, quelques écrits de ce prélat.

[blocks in formation]

Dans le tome VI (pag. 492 et suiv.) de l'Histoire littéraire de la France.

Hugues I (Hugo ou Ugo), de la famille des anciens seigneurs de Jarnac, fut évêque de 974 à 990. Je crois avoir prouvé plus haut (voir Art. 15 et 18) qu'il est l'auteur de la Petite Chronique d'Angoulême; et je parlerai plus loin (voir Subd. C) de la Vie de saint Ausone et de celle de saint Cybard qu'on pourrait lui attribuer.

[blocks in formation]

Dans le tome XI (pag. 596 et suiv.) de l'Histoire littéraire de la France.

Gérard II (Gerardus ou Geraldus, Girardus ou Giraldus, et même Giraudus), natif du diocèse de Bayeux, légat apostolique, fut évêque d'Angoulême de 1101 à 1156, et élu archevêque de Bordeaux, postérieurement à la mort du pape Honorius II (1130), par les partisans de l'antipape Anaclet. On sait que c'est à Gérard que nous devons la reconstruction de notre cathédrale.

La vie orageuse de cet illustre prélat mériterait d'être traitée amplement dans un ouvrage spécial, mais avec plus d'impartialité que ne l'ont esquissée les apologistes trop zélés de saint Bernard, son fougueux adversaire. Ce serait une lacune importante à combler dans l'histoire ecclésiastique du douzième siècle. Voici la liste des principales sources à consulter :-* Hist. Pontif. et comit Engol., tome II (pag. 258 et suiv.) de la Nova Biblioth. MSS libr. du P. Labbe, et tome XII (pag. 393 et suiv.) du * Recueil des Historiens de Dom Bouquet; * S. Bernardi opera omnia (curis J. Mabillon), Paris, 1690, 2 vol. in-fol. et autres éditions, en différents endroits, et particulièrement au tome I, Epistol. CXXVI et CXLII et Notes, et à la fin du tome II, aux Vies de saint Bernard, par Ernaldus, abbé de Bonneval, et par Alanus, évêque d'Auxerre; Patriarchium Bituricense, dans le tome II (pag. 82 et suiv.) de la Nova Biblioth. du P. Labbe; - Chron. Gaufredi prioris Vosiensis, dans le même vol. (pag. 301 et suiv.), et dans le tome XII (pag. 421 et suiv.) du Recueil des Historiens de Dom Bouquet; Goffridi,

-

*

[ocr errors]
« PreviousContinue »