Page images
PDF
EPUB

2. Lorsque la barrique est pleine, elle contient un engrais normal analogue au fumier de ferme naturel, et dont toutes les parties sont de suite assimilables.

Les tonneaux pleins sont recouverts d'une poignée des mêmes absorbants, ou de terre ou de poussière quelconque, puis transportés. Enfin ils peuvent être vidés sans inconvénient dans une cour, un jardin dépendant de l'habitation. Il ne sort aucun liquide de ce récipient et il ne s'en dégage aucune odeur appréciable. - On peut l'employer ou le conserver comme le fumier de ferme.

Après soixante jours il est suffisamment ferme et aucun cultivateur ne répugne à l'épandre å la main.

Nature des absorbants employés. Toutes les substances sèches et poreuses peuvent servir d'absorbants, mais on doit (cela se comprend), préférer les plus azotées.

La quantité de matière absorbante est proportionnelle à la capacité des tonneaux; de sorte que ceux-ci pleins peuvent être maniés et renversés même, sans perte de liquide.

La quantité moyenne des absorbants dans le système Goux est de 66 0/0 en volume des matières à absorber ou à recueillir. On ajoute à ces absorbants 5 0/0 de sulfate de fer et 6 0/0 de sulfate de chaux. Ces agents chimiques servent non pas comme désinfectants, puisque l'infection n'existe pas, mais bien pour fixer l'azote qui se produira ultérieurement dans les tas d'engrais.

Dans une publication récente, M. Laurent, chimiste à Amiens, a fait remarquer pratiquement que dans l'intérêt de l'agriculture il est nécessaire que la quantité de matières absorbantes que renferme une tinette soit telle qu'elle puisse absorber tout le liquide, pendant que le vide laissé par le moule se remplira de matières solides, de telle sorte qu'en la vidant dans les lieux de dépôt, tout le liquide reste dans les matières absorbantes au lieu de s'infiltrer en pure perte dans le sol comme dans la fabrication de la poudrette.

Inconvénients des systèmes de vidanges actuels. - En examinant les moyens usités jusqu'à ce jour pour re

cueillir l'engrais humain, on reste convaincu que le mélange qui en résulte, de matières fécales et de liquides, donne lieu à la formation de gaz insalubres.

Tôt ou tard, les fosses cessent d'être étanches et donneront lieu à des infiltrations préjudiciables à l'hygiène publique.

Les expériences de M. Pasteur ont prouvé que le choléra des poules se transmettait par les excréments; déjà depuis longtemps la science a découvert qu'il en est ainsi pour le choléra asiatique qui trouve dans les excréments un mode puissant de propagation. Il faut donc séparer les matières liquides (seules susceptibles de déterminer promptement la fermentation) d'avec les solides. Quelquefois même, des matières solides il se dégage des gaz infects, quoique ces matières aient peu de disposition à fermenter.

Danger de ces émanations. L'urine qui séjourne dans un vase de nuit pendant 12 à 15 heures laisse dégager des gaz toxiques ou insalubres et l'air qui contient 1/250 de gaz hydrogène sulfuré tue un cheval.

Cette fermentation des matières liquides et solides est continue et ses effets sont déplorables à divers points de

vue.

Les chimistes sont tous d'accord pour dire (Girardin, Regnault, Poulet) que « par suite de la putréfaction ou de la fermentation des matières fécales dans les fosses, le soufre et le phosphore contenus dans nos déjec«tions se dégagent et s'unissent à l'hydrogène des liquides pour former de l'hydrogène phosphoré, de l'hydrogène sulfuré ou acide sulfhydrique. Ce dernier « se combine avec l'ammoniaque produite aussi par la << fermentation et engendre le sulfhydrate d'ammo«niaque ou plomb des vidangeurs.

Ce gaz, des plus toxiques, noircit nos bijoux, nos métaux, nos peintures à base métallique, et son dégagement doit agir d'une façon pernicieuse sur la santé publique. »

Remèdes proposés. Ces produits sont aussi délétères pour la vie animale qu'ils pourraient être utiles à la vie végétale.

Pour remédier à cette insalubrité manifeste, on n'a proposé jusqu'à ce jour que des palliatifs.

1° Il y a des contrées où, comme en Flandre, les déjections sont évacuées sur les lieux d'emploi presque au fur et à mesure de leur production.

2o Les cabinets placés sur un cours d'eau résolvent le problème, mais au point de vue de la salubrité publique et des intérêts agricoles, c'est un déplorable système.

[ocr errors]

3o On a établi la ventilation, et de nombreux systèmes ont été appliqués dans les prisons, les casernes et les établissements d'instruction publique. Malheureusement souvent des courants d'air contraires dus à la variation de l'état atmosphérique laissent s'opérer un retour de ces gaz infects! Et si ces tuyaux des évents mènent ces gaz insalubres au sommet des maisons, ils n'en vicient pas moins l'atmosphère que nous respirons; mais il est vrai qu'étant diffusés dans une grande masse d'air et transportés au loin par les vents, ils ne nous attaquent que d'une façon insignifiante. Constatons cependant que ces produits ne sont pas perdus entièrement pour la culture, car ils sont solubles et il est certain que les pluies les ramènent vers la terre; mais les 4/5 environ tombent dans la mer ou sur des terrains incultes, et ils sont ainsi conséquemment inutilisés.

4 On a préconisé l'emploi des sulfates de fer et de zinc, des chlorures ferriques, des pyrolignites de fer, des sels plombiques, mais le pouvoir fertilisant du produit est toujours plus ou moins altéré.

II.

Application du système Goux. Qu'est-ce que ce système? Le système Goux peut se définir : l'application des fosses mobiles; il ne s'agit plus de fosses à séparateurs, les liquides et les solides étant enlevés ensemble dans des récipients mobiles et cela en plein jour. C'est incontestablement un progrès.

Le système Goux supprime les fosses fixes, coûteuses d'installation, il prévient la fermentation, s'oppose au

dégagement des gaz, absorbe les déjections liquides au moyen de substances poreuses telles que :

Chènevottes, bourres de laine, débris de filature, de tissus, tannée sèche, menues pailles, balayures, etc.

Par ce moyen on élimine les causes de la fermentation en logeant séparément et à l'abri de l'action de l'oxygène de l'air les urines et les matières solides de ces déjections.

A mesure de leur dépôt, ces dernières abandonnent leur partie liquide à la couche absorbante qui la retient ainsi que les gaz (voir le travail soumis par nous à la Société industrielle). Ces liquides étant ainsi soustraits à l'action de l'oxigène, toute fermentation anormale est prévenue, ainsi que la formation des gaz insalubres; toute déperdition de principes utiles est évitée.

[ocr errors]

On a prévenu le mal pour n'avoir pas à le guérir; on a recours pour cela à une transformation chimique dont le résultat final, en cas de fermentation, est la fixation de l'ammoniaque. En effet, la partie liquide pénètre à l'intérieur des matières absorbantes où elle commence à fermenter, mais les sels ammoniacaux volatils qui résultent de cette fermentation et du dédoublement de l'urée, se trouvent en contact avec le sulfate de fer et le sulfate de chaux. Ce dernier transforme immédiatement le carbonate d'ammoniaque en sulfate d'ammoniaque, produit très fixe aux plus hautes températures de nos régions et très recherché en agriculture.

(Ce sulfate d'ammoniaque est le produit fabriqué dans les usines à gaz, par la distillation des eaux ammoniacales).

Cette transformation a lieu lentement; aussi elle ne se manifeste par aucun phénomène extérieur et semble ne pas exister, car le sulfate de fer et le sulfate de chaux sont placés en réserve et mélangés partout avec soin dans les matières absorbantes.

Si les déjections sont telles qu'il ne se dégage que du carbonate d'ammoniaque, le sulfate de chaux le transforme facilement; mais si les déjections dégagent de l'acide sulfhydrique, le sulfate de fer le transforme immédiatement en précipitant le fer à l'état de sulfure insoluble et inodore.

Il faut que le sulfate de fer et le sulfate de chaux soient employés en proportion suffisante pour que le voisinage de ces dépôts soit complètement inodore; la chose est pratique car le prix du sulfate de fer est actuellement descendu à 7 ou 8 francs les cent kilos, et le prix de cet engrais est assez rémunérateur pour que l'on puisse user largement de ces produits indispensables.

L'azote s'y trouve donc fixé à l'état de cristaux de carbonate d'ammoniaque; il est facile de le voir en examinant des poignées d'engrais au milieu desquelles on peut remarquer ces cristaux (Victor Borie).

Nous allons maintenant examiner dans quelles villes ce système a été appliqué, puis ensuite les observations nombreuses constatant son entière salubrité.

III.

Où est appliqué ce système? — En Angleterre, il a reçu de nombreuses applications par The Goux manure and Sanitary Company, au capital de 2,225,000 fr.

Il a été adopté par le Ministre de la guerre pour plusieurs casernements comprenant un effectif de 150,000 hommes environ.

La Marine s'est rendue acquéreur du brevet pour le port et l'arsenal de Lorient.

Il fonctionne dans presque toutes les poudreries de France.

A Beauvais, à Chartres, à Amiens, à Reims, à Orléans, des établissements civils l'emploient ou sont en voie d'installation.

M. Menier, à Noisiel; MM. Seydoux Seylière et Cie, au Cateau; M. de Violaine, à Vauxrat; la Société de SaintGobain, à Chauny, l'ont installé dans leurs usines.

A Beauvais, dans la Maison municipale des Pauvres et à l'Ecole communale, une société s'est formée sur les instances du Maire, elle se nomme: Système des Engrais de Beauvais.

La ville d'Angers qui possède de vastes casernes, de grands établissements d'instruction publique, a des raisons particulières de désirer que l'application du sys

« PreviousContinue »