Nous devons la fondation de ce prieuré à la piété de Barthélemy, archevêque de Tours (1053-1088), et à HuguesD'Alluye, baron de Saint-Christophe, qui tous deux (1068), donnèrent à Sigo, abbé de Saint-Florent, et les terres et les immunités ecclésiastiques. Hugues y joignit l'église de Sonzay, du consentement de son épouse, Richilde, et de ses deux fils Jean et Hugues (1). Mais, peu après, l'église de Souzay passa aux moines de Marmoutier, par voie d'échange, qui érigèrent ce nouveau domaine en prieuré. Cette transaction fut confirmée par l'abbé Guillaume, successeur de Sigo (1078), et confirmée au concile de Poitiers en présence de Barthélemy, abbé de Marmoutier. Hugues, fils et successeur du fondateur, donna en l'année (1084), au nouveau prieuré de Saint-Christophe, la jouissance des dîmes du dit lieu, le droit de sépulture, à la condition que lui et ses successeurs y seraient inhumés. Cet acte fut signé par lui et sa mère Richilde, en présence de Bouchard, comte de Vendôme. Nous trouvons au commencement du XII° siècle l'origine d'un célèbre pèlerinage sur cette paroisse, celui de SaintGilles. Nous devons l'érection de ce sanctuaire à Pétronille veuve de Geoffroy de Sonzay, qui donna au prieur et aux religieux de Saint-Christophe, tout ce qu'elle possédait à Châteaux, in allodio Castellorum, à la seule condition que les moines bâtiraient un sanctuaire en l'honneur de saint Gilles, proche leur prieuré. L'acte fut passé dans l'église SainteMarie de Châteaux le 23 juillet (1122), en présence de Geoffroy d'Alluye et de son fils André, encore enfant. A la mort de son père, les religieux éprouvèrent bien des vicissitudes dans leurs possessions; mais André se souvint d'avoir assisté à la donation de Pétronille de Sonzay, et il défendit les biens de Saint-Florent. C'est alors que le prieur (1) Revue du Maine, tome III, Marchegay. Chartes Mancelles du cartulaire de saint Florent, p. 359. Hamelin, pour lui prouver sa reconnaissance, lui offrit un cheval du prix de sept livres. Au commencement du xu° siècle l'église et le prieuré de Saint-Christophe possédaient toutes franchises et immunités. Dans l'église existait deux bénéfices, l'un attaché à la cha-` pelle Saint-Nicolas, l'autre au sanctuaire de Saint-Léonard, en raison de l'autel qui se trouvait dans la sacristie. A cette époque (1219), l'office paroissial se célébrait à l'autel SainteCatherine, et voici les dispositions que souscrivirent Rotrou de Montfort et Marguerite d'Alluye, son épouse. Il fut décidé que le titre paroissial serait transféré à l'autel majeur dédié à Saint-Christophe, et le curé tenu d'y administrer les sacrements, les dimanches et jours de fêtes, et d'y célébrer la messe dès huit heures du matin, à moins que le prieur ou un de ses religieux ne veuille officier, alors ce sera le prieur ou le célébrant qui fixera l'heure de la messe. Le prieur aura son entrée par la sacristie qui est sous le vocable de saint Léonard, les religieux entreront par la chapelle Saint-Nicolas. Toutes les oblations des vivants, la cire, et les offrandes pour les morts, excepté la couronne et le cierge des fiançailles, seront pour le curé. Il en sera de même des produits de la patène et de la croix, le vendredi saint. Le prieur aura seulement le reste des oblations en toutes choses, et les religieux les oblations de la seconde messe des morts de la paroisse. Si il arrivait que l'on mit sur le corps des défunts des draps d'or ou de soie, ou de laine, ou de chanvre n'appartenant pas à l'église, le tout serait au prieur. Il en sera de même pour le lit des nobles, et afin que la paix demeure entre le prieur et le curé, il fut décidé d'un commun accord la disposition suivante: le prieur ne pourra célébrer la messe sans l'autorisation du curé, qui doit recevoir à dîner le prieur quatre fois l'année, à la Saint-Christophe, à la Toussaint, à Noël et à la Pentecôte; à ces quatre grandes fêtes, le curé dira la messe matutinale, et le prieur officiera. Le curé recevra du prieur pour son gros, six septiers de froment et de seigle, qu'il prendra dans la grange du prieuré. Au moment des vendanges douze mesures de vin, mais il paiera la dîme de son jardin, qui est dans le fief du prieur, Il aura, en revanche, toutes les dimes usuelles et profitantes de la paroisse. Les habitants de Saint-Christophe doivent aux prieur et religieux tous les ornements nécessaires au culte, excepté le missel, le graduel, le pain, le vin et le luminaire. Le prieur, de son côté, doit remettre au procureur de l'église tous les objets qui servent dans les cérémonies du culte. Voici ce dont jouissait l'église de Saint-Christophe au mois de juillet 1219: Le prieur avait à sa disposition le sacristain de la paroisse pour sonner les cloches de l'église. C'est le prieur qui doit fournir les cordes, mais il conserve l'une des deux clefs de la tour, la seconde demeure en la possession des habitants de la ville, qui doivent pour cela établir un tronc proche l'autel de Saint-Christophe pour l'entretien du culte dans la paroisse, le prieur n'exerçant pas le cens à ce sujet sur les habitants. Nous terminons cette note en vous donnant la nomenclature des reliques contenues dans le trésor de l'église, et dressée le vendredi 26 décembre 1356, année où le prieuré de Villebourg fut uni à celui de Saint-Christophe : 1° Un fragment de la cuisse de saint Lubin; 2° Un pied de saint Mayeul; 3o Un fêtu de la vraie croix; 4o Du lait, des cheveux, des vêtements et de la ceinture de la Vierge; 5o Une partie du chef du glorieux monseigneur saint Christophe. Cette précieuse relique demeurait exposée dans l'église, de la Saint-Mexme à la Saint-Laurent, le jour de la Pentecôte, le lundi et le mardi. Ces trois jours les offrandes appartenaient au prieur, et le curé qui avait la garde du reliquaire fournissait le luminaire, et donnait au prieur, ce jour-là, une paire de draps de lit en toile de Normandie'. Le prieuré avait pour blason: d'azur à deux fasces d'argent. 1 Dom Huymes, histoire de l'abbaye de Saint-Florent, prieuré de SaintChristophe en Touraine, p. 125-129. Pour copie conforme : NOBILLEAU. Bulletin archéologique, t. IV. 31 |