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NOTE DE LA RÉDACTION

Notre dernier appel a été compris d'un certain nombre d'amateurs, d'érudits et de normands fiers de leur belle province. Aussi pouvons-nous, dès aujourd'hui, offrir à nos chers et fidèles abonnés 64 pages au lieu de 48 auxquelles nous avait réduits notre situation financière. Espérons qu'un nouvel effort nous fera revenir à nos six livraisons annuelles !

Afin de réaliser cette espérance nous nous sommes assurés la collaboration de M. Maurice D'HARTOY, l'auteur de l'Origange, et on lira plus loin, au Bulletin bibliographique, en quels termes mérités, de grands écrivains apprécient son véritable talent. 1 Désormais chaque livraison aura sa Chronique,

car sans actua

lités une Revue n'est qu'un recueil de travaux historiques et cette Chronique sortira de la plume si alerte, si compétente et si littéraire de ce publiciste chrétien et renommé.

TOME XXXII.

II.1.

LES VITRAUX DE L'EGLISE SAINT-JACQUES

DE LISIEUX

M. le baron de Moidrey, à la description de la 8e fenêtre, donnée par M. Étienne Deville, en juillet 1922, page 112, premier alinéa, de la Revue Catholique de Normandie, propose l'explica

tion suivante :

« Au-dessous, quatre scènes qui se rapportent à la vie de saint Joachim, de sainte Anne et à celle du grand prêtre Zacharie.

« 1° Saint Joachim et sainte Anne arrivent au Temple pour y faire leur offrande;

« 2o Les deux saints sortent du Temple où leur offrande a été refusée par le grand prêtre parce que sainte Anne est stérile;

30 Saint Joachim, muet, garde les troupeaux et cache sa honte dans la vallée du Ouadi ek Kelt, près de Jéricho. Il y reçoit d'un ange l'annonce que sainte Anne sera bientôt mère;

4o Le même ange apporte à sainte Anne l'heureuse nouvelle qui mettra fin à sa disgrâce. »

ESSAI

SUR

HUET, ÉVÈQUE D'AVRANCHES

Elles ressuscitent Huet », écrivait-on il y a quelques années à peine en publiant un paquet de lettres adressées à l'illustre évêque d'Avranches.

Huet est-il donc un oublié ? Hélas, de nos jours l'érudit d'antan, le docte, le savant, célèbre dans toute l'Europe studieuse, repose dans l'ombre, couvert de la lourde poussière de l'oubli!

Celui qui avait été pendant un certain laps de temps un personnage important, une autorité, une lumière de toutes les branches du savoir, n'est plus connu que grâce aux vers badins de Voltaire.

Celui dont l'érudition était un prodige aux yeux des savants mêmes, astre dont la clarté se ternit bientôt devant la splendeur des astres impérissables, avait été un personnage très connu et très illustre dans la société érudite et précieuse du xvIIe siècle.

S'il fut assez courtisan pour devenir le sous-précepteur d'un Dauphin de France, assez mondain pour être le centre d'une pléiade de comtesses, marquises et duchesses, assez pieux pour acquérir la réputation d'un vertueux ecclésiastique, il fut aussi astronome, physicien, chimiste, géomètre.

Il écrivit la Démonstration évangélique, commenta Origène et sut mériter surtout une place remarquable dans la république des lettres par ses nombreux travaux d'invention et de critique.

On l'appelait la plume la plus savante de l'Europe, l'homme de la plus vaste lecture qui fut jamais il était, en un mot, le dernier de cette forte race de savants du xve et du xvre siècle.

Cependant, malgré l'abondante variété des tendances intellectuelles qui formaient l'originalité de son esprit, nous pouvons reconnaître deux courants principaux dans l'oeuvre de l'évêque d'Avranches. D'une part, nous voyons le développement considérable qu'il donna à ses études philosophiques, cultivées toujours

avec la passion fougueuse qui lui était propre. Huet n'est pourtant pas un théologien et lui-même le reconnaissait, et il n'est pas non plus possible de le placer au premier rang parmi les philosophes, car il n'en a pas la profondeur. Toutefois, son œuvre philosophique a une importance considérable, à cause des sujets qu'il traite et des arguments dont il se sert pour réfuter ou pour prouver une théorie. Surtout il a devancé son temps par le besoin secret de concilier la foi avec la raison, en acceptant aveuglément les dogmes de l'une et ne voulant pas refuser les lumières de l'autre (1).

D'autre part, Huet aima toujours à consacrer son intelligence et son temps aux études littéraires, en y développant deux caractères qui s'harmonisaient en lui, malgré la diversité : l'érudit et le mondain. Comme le lui écrivait très gracieusement une de ses fidèles petites amies, la marquise de Lambert Quand vous << vous occupez, vous travaillez pour les savants; quand vous vous << amusez et délassez, vous travaillez pour nous, et vous ne << dédaignez pas notre sexe. >>

Ainsi, pour notre auteur, la littérature pure était seulement un amusement intellectuel; qu'il tâchait d'ennoblir par l'érudition, passion dominante de sa nature studieuse et sérieuse.

Son œuvre d'invention déploie donc à nos yeux les traits et les goûts du mondain galant et spirituel, qui avait respiré avec un vif plaisir, pendant longtemps, l'atmosphère de l'Hôtel de Rambouillet.

Huet nous laissa deux recueils de poésies latines et françaises, car il cultivait également les deux langues (2): la collection des poésies latines comprend des élégies, des odes, des pièces historiques, un poème sur le sel, un autre sur le thé, la narration de son voyage en Suède, des épîtres à divers, etc. Les poésies françaises (3) furent recueillies assez récemment et sont pour la plupart des vers badins, écrits « pour répondre aux dames ».

Alnetanæ quæstiones de

(1) Censura philosophiæ cartesianæ. concordia fidei et rationis. Demonstratio Evangelica, etc.

(2) Carmina latina et graeca, Utrecht, 1664, in-8°; Daventriæ, 1668, in-8°; Amsterdam, 1672, in-160 (Hogersio); Utrecht, 1700 (cura J. J. Graevi); Paris, 1709.

(3) Poésies françaises de Huet, par G. Lavalley, Paris et Caen.

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