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Dufour, dont l'incessante activité se porte sur tant d'objets divers, a publié un calendrier picard, dans l'Annuaire du département de la Somme, et M. Garnier a inséré d'intéressantes notes hagiologiques, dans l'édition qu'il nous a donnée de l'histoire de l'abbaye de Corbie, par dom Benoît Cocquelin.

» C'est là, si je ne me trompe, tout ce qui concerne l'hagiographie diocésaine, dans le recueil des publications de la Société. J'espère entrer dans ses vues et correspondre à ses désirs, en préparant une biographie complète des Saints et des Bienheureux qui ont illustré notre pays. En étudiant jusque dans les moindres détails tous les traits de ces riches physionomies, nous espérons échapper à la monotone uniformité que présentent nécessairement les recueils de biographies écourtées. D'ailleurs si nos Saints se ressemblent tous par la direction de leurs héroïques efforts vers un seul et même but, ils diffèrent bien souvent entre eux par les moyens qu'ils ont mis en œuvre, par la diversité des obstacles qu'ils ont rencontrés, par le milieu dans lequel ils ont vécu. Les uns, comme saint Firmin, saint Fuscien, saint Gratien, saint Germain l'écossais, etc., ont arrosé notre sol de leur sang généreux; les autres, comme saint Euloge, saint Berchond, saint Salve, saint Geoffroy, etc., ont présidé aux destinées de notre diocèse. Ceux-ci, comme saint Mauguile et sainte Ulphe, se sont réfugiés dans la vie solitaire; ceux-là, comme saint Lupicin et saint Wulphy, ont supporté le poids de la charge pastorale. Un grand nombre de nos Saints ont illustré la vie monastique, soit qu'ils aient fondé des abbayes comme saint Evrols, saint Valery, saint Riquier, saint Gauthier, etc., soit qu'ils aient gouverné des communautés comme saint Blimond, saint Angilbert, saint Adalhard, sainte Colette, etc., soit qu'ils aient passé leur vie toute entière sous le joug de l'obéissance, comme saint Bernaire, saint Fulbert et saint Wadolein. Il en est quelques autres, tels que saint Gilbert, sainte Godeberte, saint Félix de Valois, qui ne nous appartiennent que par l'heureux hasard de leur naissance et qui ont rendu d'autres contrées témoins de leurs vertus et de leurs miracles.

» Le nombre des Saints qui se classent dans ces diverses caté

gories s'élève à plus de quatre-vingts. J'ai l'intention de res cueilir précieusement tout ce qui concerne leur vie, les vertus qu'ils ont manifestées, les miracles qu'ils ont opérés, les œuvres qu'ils ont fondées, le culte dont ils ont été l'objet, les monuments liturgiques et iconographiques qui leur ont été consacrés.

» 11 existe, Messieurs, une autre catégorie de Saints dont l'histoire, à notre point de vue local, ne mérite point le même degré d'intérêt ni les mêmes développements. Ce sont ceux qui, étrangers à notre pays par leur naissance et leur mort, n'y ont exercé qu'une action passagère. Tels sont par exemple saint Colomban qui prêcha dans le Ponthieu, saint Amé qui fut exilé à Péronne, sainte Bathilde qui fonda l'abbaye de Corbie, saint Martin qui, en laissant dans la cité d'Amiens une moitié de son manteau, semble lui avoir légué en même temps son esprit de charité. Enfin, Messieurs, il y a des Saints dont la vie tout entière est restée étrangère à notre pays, mais dont le culte pourtant est devenu célèbre chez nous, par la présence vénérée de leurs reliques: tels sont saint Vulfran, saint Lugle, saint Florent, saint Précord et tant d'autres qui ont trouvé, pour ainsi dire, une seconde patrie après leur mort, dans notre diocèse. Il nous paraîtrait superflu de faire la biographie complète des Saints qui appartiennent à ces deux catégories: mais nous croyons devoir consigner, dans un appendix, toutes les circonstances de leur vie qui ont rapport à notre histoire locale, ou tous les faits qui sont relatifs à leurs reliques et au culte que nos ancêtres leur ont décerné.

» Tel est, Messieurs, le plan de l'ouvrage que je désire entreprendre sous vos favorables auspices. Je ne me dissimule point que c'est une œuvre qui exigera de longues veilles, qui m'offrira de sérieuses difficultés de chronologie et de critique. Il ne s'agit point en effet de reproduire, sous une forme plus neuve et dans un cadre spécial, les biographies sommaires de nos Saints les plus illustres, qui ont trouvé une place bien étroite dans les recueils de Giry, de Baillet et de Godescart. Notre hagiographie, circonscrite dans les limites d'un diocèse, doit aspirer à l'ampleur

des détails qui fait le mérite des études locales. Elle ne doit laisser dans l'ombre aucun fait important; elle ne doit oublier aucun nom; elle doit prendre à tâche de restreindre le domaine de l'inconnu dans le cercle pressant de ses investigations. Il me faudra donc attentivement consulter les Ménologes, les Bréviaires, les Missels et les Propres, imprimés ou manuscrits, du diocèse d'Amiens et de ses diverses abbayes. Je devrai non seulement tantôt analyser, tantôt traduire et tantôt commenter les vies contemporaines et les documents originaux qui ont été recueillis par les Bollandistes et les Bénédictins; mais je devrai dépouiller minutieusement les annalistes du moyen-âge, les histoires générales d'ordres monastiques, les chroniques particulières de nos abbayes, les nombreux ouvrages relatifs à la Picardie et spécialement les manuscrits du Père Daire, de Pagès, de Decourt, de Du Cange et de Dom Grenier.

> J'espère que ma patience ne défaillira point devant la multiplicité de ces recherches. Je me sentirai soutenu dans mon entreprise par la bienveillance dont veut bien l'honorer Monseigneur de Salinis, par le concours éclairé que vous voudrez bien me prêter, et par la pensée qu'en illustrant la mémoire de ces Saints qui font tout à la fois la gloire de l'église et la gloire de notre pays, j'aurai pris part à l'accomplissement du devoir qui nous est prescrit par notre noble devise: Nosce patriam. »

M. Bazot, trésorier, présente le compte-rendu de sa gestion pendant l'année 1855.

M. le Président désigne pour faire partie de la commission chargée d'examiner les comptes de M. le Trésorier et de proposer le budget de 1856, MM. Magdelaine, Guerard, Jourdain et Garnier.

-M. d'Herbinghem donne lecture des recherches auxquelles il s'est livré pour établir le lieu et l'époque de la naissance de Godefroy de Bouillon, et revendique pour la Picardie, contre les prétentions émises par la Belgiqué,

l'honneur d'avoir donné naissance au héros de la première croisade. (Voir page 10.)

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M. Breuil lit un rapport sur les constructions gauloises sur pilotis, signalées et décrites par M. Ferd. Keller, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Zurich. Il continuera dans une prochaine séance la lecture de ce travail dont la première partie est consacrée aux antiquités découvertes dans les environs de Meilen.

Séance du 12 février 1856.-Lecture est donnée d'une lettre de la Société royale des Antiquaires du Nord, a Copenhague, laquelle adresse plusieurs volumes de ses travaux et demande l'échange des publications.

Cette proposition est acceptée avec empressement, et des remerciements sont votés à la Société royale des Antiquaires du Nord.

-La Commission des antiquités de la Côte-d'Or, la Société pour les antiquités du Rhin à Mayence et la Société de Leide acceptent l'échange des publications qui leur avait été proposé.

M. l'abbé Rose, curé de Tilloy-lès-Conty, membre titulaire non résidant, adresse une copie d'une chronique de l'abbaye de Saint-Riquier par dom Cotron, en fait remarquer tout l'intérêt, et exprime le désir de la voir figurer dans la collection des documents inédits commencés par la Société.

-M. Magdelaine fait, au nom de la Commission, le rapport sur les comptes de gestion de M. le Trésorier, pendant l'année 1855, et conclut à l'approbation complète des comptes dont il se félicite d'avoir à signaler l'ordre et la régularité.

La Société, adoptant les conclusions du rapport, approuve les comptes de M. le Trésorier pour l'année 1855 et lui vote des remerciements unanimes pour sa gestion intelligente. Adoptant également les propositions faites par la commission :

Elle fixe à vingt francs le droit de diplôme, et autorise ceux des membres titulaires non résidants qui désireraient user du bénéfice de cette disposition, à s'affranchir du paiement de la cotisation annuelle au moyen du versement une fois fait d'une somme de cent quatre-vingts francs.

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- M. l'abbé Corblet donne lecture de la première partie d'une notice biographique sur saint Adhalard, abbé de Corbie.

Séance du 11 mars 1856.-M. l'abbé Corblet continue la lecture de sa notice sur saint Adhalard, abbé de Corbie. Cette seconde partie traite des miracles du saint, de ses reliques, de son culte, des églises placées sous son vocable, de ses représentations iconographiques et de ses écrits. L'examen de ses statuts fournit à M. l'abbé Corblet de curieux détails sur l'abbaye de Corbie au x.° siècle.

- M. Garnier, dans un rapport verbal sur la bibliothèque royale de Munich, fait connaître un document concernant la Picardie qu'il y a remarqué avec M. Dufour, lors du voyage qu'ils viennent de faire ensemble en Allemagne. C'est l'épitaphe de Guy, chantre de Senlis. Cette épitaphe, écrite sur une écorce de bouleau de 0,10 cent. de long sur 0,15 cent. de large, est d'une très-belle écriture du commencement du xv.° siècle, parfaitement conservée, et sans autre abréviation que celle du mot

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