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paraît remonter à la mème époque. Ces divers objets pourraient figurer dans le Musée.

Il appelle aussi l'attention de ceux des membres qui s'occupent plus particulièrement des collections, sur la position de plusieurs empreintes de sceaux en cire qui ont à souffrir de l'action d'un soleil trop ardent.

Séance du 17 décembre 1855.-M. Barraud annonce qu'il a eu occasion de voir chez M. Richart, la statue de saint Nicolas, dont il est question dans le procès-verbal de juillet. Cette œuvre du commencement du xvI. siècle n'est pas sans mérite, et le propriétaire la céderait volontiers au Musée.

-M. le Président appelle l'attention sur deux tableaux exposés dans la salle, dont l'un représente Le Barbier, maire de Beauvais au commencement du XVII. siècle, et l'autre, Guy Drapiez, savant et vertueux prêtre qui a dirigé pendant longues années la paroisse SaintSauveur, et y a laissé des souvenirs durables de son zèle et de sa capacité. Le mérite de ces deux toiles est encore relevé par le travail remarquable des cadres anciens dans lesquels ils sont renfermés. Ces deux tableaux ont été achetés pour le Musée par M. Delaherche.

-M. le Président annonce qu'il lui a été présenté une croix en cuivre émaillé, qui lui a paru remarquable; que, dans la crainte de laisser échapper une bonne occasion, il n'a pas hésité à en faire l'acquisition moyennant 70 fr., et qu'il est prêt à céder le marché si on le trouve convenable.

Le Comité ratifie avec empressement cette double acquisition, et remercie les deux membres qui ont bien voulu s'en charger.

-M. Barraud dit qu'il a trouvé dans le dernier numéro du Bulletin des monuments français deux planches représentant deux pierres tombales de notabilités ecclésiastiques du diocèse de Beauvais, toutes deux tirées du portefeuille de Gaignières appartenant à la bibliothè– que d'Oxford. Une de ces gravures, qui représente Jacques Dormans, évêque de Beauvais, fondateur à Paris du collége qui portait son nom, reproduit le dessin d'un basrelief en cuivre jaune, forme tombale, consacré à la mémoire de ce prélat, qui ornait autrefois l'église des Chartreux à Paris.

M. Mathon présente deux cuivres gravés de dimensions différentes, tous deux représentant le vénérable Mesanguy, qui a laissé beaucoup d'écrits remarquables par l'érudition comme par la foi candide et persuasive de leur auteur. Un habile imprimeur lithographe est parvenu à transporter sur pierre une épreuve de ce portrait, et en a obtenu ainsi des exemplaires satisfaisants.

-M. Mathon lit le menu avec les prix du dîner donné à Beauvais en 1593, pour les nôces de Raoul Le Barbiet, conseiller au présidial et depuis maire de Beauvais, dont le Musée a acquis le portrait. Déjà le Musée possède, dans ses collections, un ancien règlement administratif portant tarification des objets de consommation pour la ville de Poix, où l'économiste peut trouver des renseignements sur la valeur des denrées. On sait combien l'intérêt de ces documents s'accroît à mesure que l'on s'éloigne des temps où ils se sont produits.

Obsèques de M. Bisson de la Roque.

L'an 1856, le samedi 7 mai, à onze heures et demie, la Société s'est réunie pour assister aux obsèques de M. Jules-Gabriel BISSON DE LA ROQUE, l'un de ses membres titulaires résidants, conseiller à la Cour impériale d'Amiens, membre du Conseil général du département. Les coins du poële étaient tenus par MM. de Roquemont, conseiller et Guérin, 1. substitut de M. le Procureur-général; par M. Allou, membre du Conseil général et M. Garnier, secrétaire-perpétuel de la Société.

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La Cour impériale, plusieurs membres du Conseil général, la Société, et un grand nombre de fonctionnaires et d'amis formaient le convoi.

A l'issue de la présentation du corps à la cathédrale, M. Decaieu, l'un des présidents de la Cour impériale,a prononcé un discours. La Cour s'étant retirée, le cortège s'est dirigé vers la gare du chemin de fer, l'inhumation devant se faire au cimetière de Bourseville, canton d'Ault.

A l'entrée de la gare, M. l'abbé Corblet, président de la Société, a prononcé, au nom de la compagnie, le discours suivant :

MESSIEURS,

Depuis 1840, M. Bisson de la Roque faisait partie de la Société des Antiquaires de Picardie. En 1850, il eut l'honneur de la présider. Si ses nombreuses occupations l'ont empêché d'enrichir nos publications du fruit de ses études, il n'en a pas moins été un de nos plus actifs collaborateurs par les lumières qu'il apportait au sein des discussions, par le dévouement que lui inspiraient les intérêts de la Société.

Il eut occasion de déployer tout son zèle dans les deux circonstances mémorables où la Société érigea les statues de Du Cange et de Pierre l'Hermite, pour honorer dans l'un le génie de l'érudition qui vivifie le passé, et dans l'autre, le génie des entreprises qui féconde l'avenir. Dans ces derniers temps, il prêtait un concours assidu à l'œuvre du Musée Napoléon. Il y voyait un temple élevé aux beaux arts et un nouveau titre de gloire pour la cité d'Amiens qui, tenant un des premiers rangs dans le commerce et l'industrie, peut légitimement aspirer à occuper une place aussi honorable, dans le domaine des sciences et des arts.

Est-il besoin de vous rappeler, Messieurs, la franche loyauté, la chaleureuse animation, l'aimable urbanité, la spirituelle bonhomie qui caractérisaient les discussions que M. de la Roque aimait à soulever, soit au sein de nos séances, soit dans ses rapports particuliers avec nous. Il était aussi éloigné de la manie paradoxale qui se fait un jeu d'obscurcir l'évidence que de l'indolence routinière qui accepte les opinions toutes faites. C'était toujours une conviction raisonnée qui l'inspirait, et s'il` émettait parfois son avis avec une certaine abondance de détails, c'était dans l'espoir de faire des prosélytes à sa pensée et non point pour gagner des admirateurs à sa parole.

Il aimait surtout à s'entretenir de questions historiques, philosophiques et religieuses. Il méditait les meilleurs ouvrages que produit de nos jours la presse catholique, et il analysait avec une merveilleuse lucidité le livre qu'il avait lu la veille. Il conserva jusque dans ces derniers temps cette rare faculté, et je me souviens qu'un jour où la souffrance torturait son corps sans pouvoir énerver son esprit, il me traduisait de souvenir les dernières conférences de Wiseman, en y ajoutant d'ingénieuses considérations que n'aurait certes point répudiées l'illustre cardinal anglais.

Il ne m'appartient pas, Messieurs, de vous parler des lumières et de l'intégrité du magistrat, de la charité du membre des sociétés de saint Vincent de Paul et de saint François Régis, du patriotisme du membre du Conseil général, du zèle du membre du Conseil de fabrique, des éminentes qualités du père de famille; qu'il me soit seulement permis de rappeler que dans ses fonctions publiques comme dans sa vie privée, M. de la Roque était toujours animé par une foi profonde qui dominait sa pensée, vivifiait sa parole, inspirait ses actions et fortifiait l'esprit de dévouement qui était naturel à son âme compatissante et à son noble caractère.

La mort, en nous ravissant M. de la Roque, nous a enlevé à tous un collègue vénéré, à presque tous un sincère ami. Son absence laissera un grand vide dans nos rangs, un plus grand vide encore dans nos cœurs.

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Adieu, M. de la Roque, adieu bien-aimé collègue. Allez reposer en paix dans l'humble cimetière du village où vous avez fait tant de bien, allez reposer à l'ombre de la croix, de cette croix dont vous avez médité les glorieuses destinées, dont vous avez suivi les salutaires enseignements, dont vous avez recueilli les intarissables grâces, de cette croix qui saura donner à vos vertus une récompense bien autrement précieuse que les témoignages d'estime et d'affection qui honoreront toujours votre mémoire.

Le mardi 20 mars 1856, la Société s'est réunie de nouveau pour assister au service solennel qui a été célébré dans l'église cathédrale.

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