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faveur de la Société des Antiquaires de Picardie, par M. Le Prince (Pierre-Joseph-Auguste), décédé le 20 juillet 1855;

Vu le décret du 27 juillet 1851, par lequel la Société des Antiquaires de Picardie est reconnue comme établissement d'utilité publique ;

Vu l'acte authentique, en date du 29 août 1855, contenant consentement à la délivrance des legs faits à ladite Société ; La section de l'intérieur de l'instruction publique et des cultes de notre Conseil d'état entendue,

AVONS DÉCRÉTÉ ET DÉCRÉTONS ce qui suit:

ART. 1.er La Société des Antiquaires de Picardie est autorisée à accepter le legs à elle fait par le sieur Le Prince (PierreJoseph-Auguste), et consistant en: 1.o une somme de dix mille francs, pour être ladite somme employée conformément aux clauses et conditions du testament; 2.o divers objets mobiliers, savoir: une pendule, vases et flambeaux; 3.o un meuble avec les antiquités qui y sont contenues.

ART. 2. Notre Ministre secrétaire d'état au département de l'instruction publique et des cultes est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait au Palais des Tuileries, le 17 mars 1856.

Par l'Empereur :

Signé: NAPOLÉON.

Le Ministre secrétaire d'état au département de l'instruction publique et des cultes,

Pour ampliation:

Signé: H. FORtoul.

Le chef du secrétariat,
Signé: CHARLES FORTOUL.

Pour ampliation destinée à M. le Président de la Société des Antiquaires de Picardie: Le Secrétaire général de la Préfecture de la Somme,

JOSEPH FERRAND.

- Un membre donne lecture d'une proposition relative aux dispositions à prendre pour assurer l'exécution du décret. Une discussion s'engage à la suite de Jaquelle la Société déclare donner pouvoirs à M. le Pré

sident pour requérir la délivrance des objets et du capital à elle légués par M. Le Prince, avec les fruits qu'ils ont produits depuis le jour du décès du testateur, à en recevoir le montant, en donner décharge avec ou sans inventaire, signer et passer tous actes à ce nécessaires.

Elle donne également toute autorisation à M. le Trésorier de la Société, qui devra assister M. le Président lors de la quittance à délivrer au légataire universel.

-A l'occasion d'une brochure de M. l'abbé P. Decagny, ayant pour titre : Mainfroy, épisode historique très-curieuse du x1.° siècle, rapportée par Anselme, chanoine de Liège et par d'autres historiens, M. l'abbé Corblet présente les observations suivantes :

Il existe trois éditions de l'Histoire des évêques de Liège, par le chanoine Anselme. La première a été publiée par Chapeauville, dans les Gesta pontificum Leodiensium; la seconde, dans l'Amplissima collectio de D. Martène, d'après un MS. du XI. siècle; la troisième dans les Scriptores rerum germanicarum de M. Pertz. Ce n'est que dans le premier texte qu'il est question da sac de Chèvremont. Il n'en est fait aucune mention ni dans celui de D. Martène, ni dans celui de M. Pertz qui a été redigé d'après trois MSS. du x1.° siècle conservés dans les bibliothèques de Leyde, de La Haye et de Wolfenbutel. Dom Pitra, dans une lettre adressée en 1852, à M. Polain, archiviste de Liège, a prouvé que le texte de Chapeauville, qu'ont suivi tous les écrivains modernes, est plein de fautes et d'interpolations. Le prétendu sac de Chèvremont aurait eu lieu en 979. Or, MM. Pertz et Kopfe ont fait remarquer que Chèvremont subsistait encore en 987 et que ce château-fort était alors si formidable que l'impératrice Théophanie le fit investir par une armée tout entière. Les auteurs contemporains de Saint-Notger se taisent sur cet évènement. Au x11.° siècle, l'abbé Rupert parle de Chèvremont. Il dit que Notger profita des fêtes de Pâques pour aller au châ

teau de Mainfroy avec un nombreux cortège et que, par l'autorité de sa parole, il mit un terme aux brigandages du sac de Chèvremont. Mais il ne s'agit nullement de baptême, de ruse, de pillage et de destruction. Ce sont là des broderies romanesques qui ne remontent guère au-delà du xvi. siècle.

M. le Secrétaire-Perpétuel présente un contrat de vente qui lui a été communiqué par M. l'abbé Pouillet. Ce contrat, extrait des minutes de Guillaume Guillebon, notaire royal au bailliage d'Amiens, contient vente faite le 25 mai 1592, de trois parts, par indivis, de l'hôtel de Monchaulx, séant audit Amiens, au marché aux bestes, tenant d'un côté à l'eau des merderons, par derrière à la rue de l'adventure, à Florent de Louvencourt y demeurant, par Nicolas, Catherine et François de Louvencourt, frères et sœur de l'acquéreur.

-M. de Betz donne lecture d'une ode intitulée: La cathédrale d'Amiens, adressée et dédiée à la Société par M. Quinsac. Des remerciements sont votés à l'auteur.

- M. Bazot commence la lecture d'un mémoire sur l'origine, la création, la fabrication, l'émission et la destruction des assignats.

Séance du 13 mai 1856.-M. le Secrétaire-Perpétuel entretient la Société d'une découverte de pièces de bronze faite dans le bois du Rossignol, commune de Coigneux. Ces pièces que les journaux du pays ont annoncées sous le titre de Monnaies d'or portant d'un côté une tête couronnée d'épines et de l'autre un cerf, sont simplement de petits bronzes de très-mauvaise conservation, à en juger par les huit qui ont été adressés à la préfecture, où l'on reconnait à peine des Posthumes et des Tetricus. M, lẹ

Préfet veut bien se charger de demander les 600 pièces composant ce dépôt au propriétaire, pour mettre la Société à même d'en faire l'inventaire.

M. le Secrétaire-Perpétuel ajoute qu'une autre trouvaille a été faite dans la forêt de Moislains, consistant en: 1.° Quatre écus d'or à la couronne, de Charles VI (Du Cange, pl. xi, n. 3); -2.° Deux nobles d'or de Flandre, de Philippe (Duby, pl. LIII, n.o 10); — 3.° Deux écus d'or de Philippe-le-Bon, héritier du comté de Hollande (Cabinet du Prince de Ligne, par M. Serrure, p. 243), que l'acquéreur a voulu conserver.

-M. de Roquemont renouvelle l'offre par lui faite de traduire dans l'ouvrage du docteur Floss, de Bonn, sur les reliques d'Aix-la-Chapelle, la partie qui intéresse les abbayes picardes de Saint-Corneille et de Saint-Riquier qui participèrent à ces reliques. La Société accepte cette offre, et invite M. de Roquemont à s'acquitter de sa promesse aussitôt que ses occupations le lui permettront.

-M. Boca fait un rapport verbal sur la chronique de Saint-Riquier de Dom Cotron, dont un extrait avait été communiqué déjà à la Société par M. de Caix de SaintAymour et dont une copie complète a été présentée par M. l'abbé Roze. M. Boca, sans nier l'intérêt qu'offre ce travail, pense qu'il serait préférable de publier une histoire plus complète de cette abbaye célèbre en mettant à profit les travaux de Hariulfe, de Dom Cotron et de P. Leprêtre, et de la publier en français. Les chroniques sont des matériaux qui conviennent seulement à un petit nombre d'érudits; une histoire intéresserait tout le monde, surtout celle-là, qui par tant de points touche à l'histoire

générale. Il ajoute que la Société d'Emulation d'Abbeville publie en ce moment la chronique de P. Leprêtre sur la même abbaye, et qu'il conviendrait, avant de s'engager dans une publication analogue, d'attendre pour connaître ce qu'a fait la Société abbevilloise. Il termine en demandant des remerciements pour M. l'abbé Roze, dont il loue la patience et l'intelligence avec laquelle il a su tirer parti d'une copie inexacte et pleine de fautes.

M. Dufour fait une communication verbale au sujet d'un livre d'heures à l'usage de Notre-Dame d'Amiens, imprimé à Paris en 1581. Ses observations portent surtout sur les vignettes dont il est orné, et le texte des commandements de Dieu et de l'Église.

M. l'abbé Corblet fait à son tour observer que, suivant les différentes provinces, la forme de ces commandements a varié, et il rappelle qu'il existe des heures à l'usage d'Amiens plus anciennes encore et portant les dates de 1497 et de 1523.

M. Bazot continue la lecture de son intéressant travail sur les assignats et sur les billets de confiance émis par les communes.

-M. l'abbé Corblet donne lecture d'une notice biographique sur le B. Godefroy de Péronne, abbé de Clairvaux. Séance du 10 juin 1856. — M. le Secrétaire-Perpétuel dépose sur le bureau deux cartons contenant des collections de dessins envoyées pour le concours de 1856. La 1. collection porte pour devise: Colligite ne pereant; la 2. porte Recueillir pour conserver.

Une commission est nommée et composée de : MM. Magdelaine, Dufour, Rembault, Letellier et Dutilleux. Elle

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