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Séance publique du 13 juillet 1856.

La séance est ouverte à une heure, dans la grande salle de l'Hôtel-de-ville, en présence d'un nombreux auditoire.

M. le président fait placer à sa droite M. Allart, maire de la ville d'Amiens, à sa gauche M. Objois, l'un des adjoints, tous deux en costume officiel.

M. le président ouvre la séance par un discours sur la prise de Constantinople par Mahomet II, en 1453.

M. le secrétaire-perpétuel présente le compte-rendu des travaux de la Société pendant l'année 1855-1856. Après avoir retracé les efforts individuels et combinés des membres de la Société pendant cette période, il signale la marche progressive des constructions du Musée Napoléon qui sera couvert avant la fin de l'année, et termine, en rappelant en quelques mots la perte que la compagnie a faite de MM. Bisson de la Roque, LedicteDuflos et Génin.

- M. Guérard lit une notice sur l'emplacement de l'hôtel du Gard, qui joue un rôle si important dans la tentative faite par les Navarrois en 1358, pour se rendre maîtres de la ville d'Amiens.

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- M. Dufour donne au nom de la Commission lecture du rapport sur les dessins envoyés pour le concours.

-M. le Président fait connaître ensuite la décision prise par la Société dans sa séance du 5 juillet, et appelle à haute voix le nom du lauréat M. Emmanuel WOILLEZ, qui vient au milieu des applaudissements recevoir la médaille d'or des mains de M. Labourt, qui avait doublé le prix promis par la Société.

M. le Président remet ensuite à M. PINSARD le jeton. en or portant gravée la mention honorable qui lui a été décernée. Les mêmes applaudissements se font entendre.

— M. Breuil lit une pièce de vers intitulée: Jean de Luxembourg, roi de Bohême, dans laquelle il retrace la carrière si brillante du héros aveugle, dont la mort est un des plus saisissants épisodes de la fatale journée de Crécy; il termine en émettant le vœu qu'un monument soit consacré à la mémoire de ce prince si dévoué à la France.

Séance générale du 14 Juillet.

La Société se réunit aux Feuillants, dans la salle aux délibérations du Conseil général. Les membres résidants sont en grand nombre; les membres titulaires non-résidants présents à la séance sont : MM. Hardouin, de Paris; Woillez et Damiens, de Beauvais ; Leroy, de Nesle Rendu, de Compiègne; Feret et Demarsy, de Clermont; Douchet; Peigné, d'Ourscamps; l'abbé Martin, de Courcelles et Boistel, d'Arras.

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- M. le Président ouvre la séance par une allocution dans laquelle il remercie les membres étrangers qui ont bien voulu se rendre à cette réunion. La Société espère pouvoir bientôt leur rendre visite à son tour, puisqu'elle nourrit la pensée de tenir des assises archéologiques dans les principales villes de la Picardie. La réalisation de ce projet ne pourra que fortifier les excellentes relations qui unissent le comité central aux comités locaux.

-M. le Secrétaire-Perpétuel, invité à lire le procèsverbal de la dernière assemblée générale, pense cette lecture inutile, car le procès-verbal a été depuis un an

inséré au bulletin où MM. les Membres ont pu en prendre connaissance.

— M. Peigné donne lecture du premier chapitre d'un travail sur le château d'Offemont. Traitant d'abord de l'époque gauloise, il exprime l'opinion que ce lieu était un des douze oppides du pays des Suessiones, désignés collectivement par J. César dans ses Commentaires. Il signale plusieurs lieux dits, tels que les Carnelles, la fosse Guilleneuse, dont les coïncidences avec la position et le nom même d'Offemont, Fatarum mons, Mont des Fées, lui paraissent donner la preuve de l'existence d'un oppide gaulois. En ce qui concerne l'époque de l'occupation romaine, M. Peigné trouve dans un lieu dit le Camp d'Ouette, situé entre Offemont et Tracy-le-Mont, tous les caractères des stations que les Romains avaient établies au point de jonction des routes, positions importantes au point de vue stratégique. Il démontre la valeur de cette découverte qui donne la preuve du passage des armées romaines par le chemin de l'est à l'ouest; son mémoire sur Noviodunum, inséré dans le tome xiv des Mémoires de la Société, en fournit le tracé depuis les environs de Châlons-sur-Marne jusques à Breteuil et Amiens. Les nombreuses monnaies de Constantin, de Posthume, de Gallien, de Tetricus et de Magnence, trouvées au camp d'Ouette, indiquent le passage militaire par cette voie, et expliquent parfaitement comment la table de Peutinger ne porte pas le nom de Noviomagus, la direction étant évidente par Tracy et la rivière d'Oise. D'autres découvertes de monnaies et d'instruments de guerre faites tant auprès du Mont de

Noyon que de Chevincourt, au lieu dit le courtil César, viennent à l'appui de cette opinion. - Parlant du séjour presque absolu des rois Mérovingiens dans le delta formé par l'Aisne et l'Oise avant leur réunion, M. Peigné exprime l'avis que les Francs, après avoir longtemps ambitionné l'occupation du Soissonnais, dernière province qui restât aux Romains dans la Gaule Belgique, avaient donné le nom de France à cette partie circonscrite de territoire facile à défendre et séjour de prédilection pour ces chefs couronnés dont la chasse était le principal amusement et quelquefois l'unique occupation. De cette France doit venir le nom d'Isle de France, bornée par les rivières d'Oise, d'Aisne et d'Elette qu'il a citées plus haut. Soissons devait être naturellement et fut en effet la capitale de cette Isle de France, qu'il ne faut pas confondre avec une réunion de 12 gouvernements différents, compris en partie dans les limites de la Seine, de la Marne, de l'Aisne et de l'Oise, s'étendant même à des distances assez grandes de ces limites, et dont Paris était le centre.

M. Peigné déduit ensuite les motifs qui le portent à penser que Charlemagne est né dans cette ancienne et première isle de France. Mais le remarquable travail de M. Polain dont il vient de prendre connaissance, en laissant au savant liégeois la priorité de cette opinion, l'obligera d'établir plus positivement les raisons qu'il a puisées dans ses propres recherches pour fixer à Carlepont le lieu où Charlemagne reçut le jour. Cet accord avec un des savants les plus distingués de la Belgique, lui permettra de revendiquer avec une plus complète fermeté le grand

empereur comme né sur le sol français et dans une province qui fit plus tard partie de la Picardie.

-M. Vion félicite M. Peigné sur son travail, et l'engage à continuer vivement ses recherches sur ce point, car l'opinion de M. Polain lui paraît d'autant plus puissante que ce dernier a parlé au nom d'une commission dans l'Académie de Belgique, et que telle paraît être aussi l'opinion du savant père de Buck.

-M. Dusevel trouve inexact l'emploi des mots Noyonnais et Soissonnais dont M. Peigné s'est servi, ces dénominations n'étaient point en usage à l'époque dont il parle et le comité historique, dit-il, recommande de s'abstenir de ces qualifications vicieuses.

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M. Hardouin demande quelle est l'origine de l'étymologie de Fatarum mons, pour Offemont.-M. Peigné répond qu'il croit le terrain des étymologies trop peu solide pour se hasarder à y descendre, que ce nom de Fatarum mons, il l'a trouvé dans un manuscrit de 1583 conservé à la Bibliothèque impériale, lequel est l'œuvre d'un religieux célestin du prieuré de Sainte-Croix d'Offemont, qui lui-même a copié ce nom sur un titre plus ancien que possédait le prieuré.

- M. Damiens demande quelle a été l'opinion de Dom Grenier sur cette question. - Suivant M. Peigné, le savant bénédictin a accepté cette étymologie avec sa traduction, sans aucune observation.-M. Douchet demande à son tour quelle valeur il faut assigner au radical off, que l'on rencontre dans un certain nombre de noms de localités en Picardie, dans Offoy, Offigny, etc.

- M. Peigné se retranche dans la raison qu'il a pré

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