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rechercher attentivement, et de livrer à nos archives, l'indication précise, l'origine certaine de toutes les publications qui se rattachent par un côté quelconque à la bibliographie de Pontoise et du Vexin. C'est le seul moyen de maintenir à niveau la source précieuse d'informations si heureusement captée par l'un des nôtres au profit de tous les travailleurs consciencieux et scrupuleux.

» Le personnel de notre Société s'est accru, depuis un an, dans des proportions notables; cet heureux mouvement à été profitable à nos finances qui se maintiennent dans un état satisfaisant. M. le Trésorier vous entretiendra dans un instant des détails de cette partie de notre Administration.

» L'importance grandissante de notre association rend de plus en plus nécessaire la création, depuis longtemps désirée et mûrie, d'un établissement particulier où seraient réunis nos divers services aujourd'hui isolés, et où s'opérerait le classement méthodique de nos archives, de nos collections et des dons précieux que nous devons chaque jour à de généreux bienfaiteurs. L'acte préliminaire à cette grande résolution, c'est la reconnaissance d'utilité publique de notre Société. Pour être en mesure de solliciter, utilement du Gouvernement, cette reconnaissance, il vous sera soumis aujourd'hui un projet de délibération qui, nous l'espérons, obtiendra votre entier assentiment.

» Le cercle de nos relations avec les Sociétés savantes tend à s'élargir tous les jours. Nous entretenons les rapports les plus cordiaux avec la plupart des Sociétés voisines.

>> Nous avons adressé à toutes les Sociétés de France une invitation pressante de se joindre à nous pour recommander au bienveillant intérêt de M. le ministre des Beaux-Arts, la découverte des ruines gallo-romaines de Sanxay, en Poitou, découverte archéologique considérable dont l'honneur, vous le savez, revient au R. P. de la Croix : Les adhésions très nombreuses que nous avons reçues et les félicitations qui les accompagnaient sont très flatteuses pour notre Compagnie. Il nous est permis d'espérer que la généreuse initiative prise par notre jeune Société n'aura pas été inutile à la restitution d'un monument de premier ordre, qui restera l'une des gloires archéologiques de la France.

» Le Comité archéologique de Senlis ayant fait récemment un appel à notre concours financier, à l'occasion de la restauration projetée des arènes gallo-romaines de cette ville, nous nous sommes empressés de souscrire à sa demande. Quelques mots de la correspondance échangée, à ce sujet, vous mettront au courant des relations de bon voisinage qui existent entre nos deux Sociétés.

» En envoyant à nos confrères de Senlis la souscription de notre

Compagnie, à laquelle étaient jointes les souscriptions individuelles de plusieurs administrateurs, votre Président écrivait :

« . . . . Ce n'est pas seulement du fond de notre poche que nous »> nous associons à votre œuvre de restauration archéologique si >> intéressante; c'est encore et surtout du fond de notre cœur. Les » arènes de Senlis constituent un monument extrêmement rare et >> précieux de l'archéologie gallo-romaine dans nos contrées. Nous >> admirons d'autant plus ce joyau, qu'il orne une ville à laquelle »> nous rattachent les souvenirs historiques les plus intimes et les >> plus anciens.

>> Vous pouvez compter que nons saisirons toujours avec empres>> sement l'occasion de nous associer à la gloire de la vieille cité » des Sylvanectes, la capitale de ce Grand-Bailliage de Senlis dont » la coutume vénérable a été le code séculaire de nos ancêtres. >> La réponse de nos voisins est empreinte d'un sentiment très cordial :

« . . . . Vous ajoutez encore, à votre offrande, nous écrit M. le « Secrétaire général du Comité de Senlis, un de ces mots qui en » centuplent le prix : le mot du cœur ! Pour vous, Monsieur le » Président, et pour vos dévoués Sociétaires, merci! mille fois >> merci !! Soyez bien convaincu que, désormais, entre votre » Société et notre modeste Compagnie, il y aura plus qu'un lien de » gratitude. Nous vous`restons attachés par tous les nœuds d'une » mutuelle sympathie. »

>> La Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France vient aussi, dans une récente assemblée générale, de donner à notre Compagnie des marques précieuses de sympathie. Au cours d'un remarquable compte rendu de la situation morale et matérielle de la Société, M. Jourdain, président, membre de l'Institut, a prononcé plusieurs fois, avec éloge, le nom de la Société historique de Pontoise et du Vexin. Il a notamment rappelé l'importance et le mérite de l'œuvre de M. Le Charpentier et déploré la fin si prématurée de notre érudit confrère. Parlant ensuite du beau travail de MM. Depoin et Dutilleux, sur l'Abbaye de Maubuisson, il a exprimé le vœu que cette publication fût conduite sans retard à bonne fin. J'ai cru, Messieurs, qu'il était de mon devoir de vous rapporter ces témoignages d'estime, adressé de si haut à notre Société naissante et à ses membres les plus zélés. Nous le considérons comme un encouragement puissant à poursuivre notre œuvre de labeur et de progrès.

» Le Congrès annuel des Sociétés savantes s'est réuni le 16 avril à la Sorbonne. Vos délégués, MM. Seré-Depoin, Joseph Depoin, Agnès et Tavet, ont assisté à toutes ses séances.

» M. J. Depoin a donné lecture à la section de philologie et

d'histoire d'un mémoire sur l'organisation des anciennes corporations d'arts et métiers à Pontoise, et notamment sur les bouchers et les boulangers. Son travail a été écouté avec une sympathie très marquée.

» Une des grosses questions soumises aux délibérations des délégués était celle-ci :

« (N° 8 du Programme). — Utilité et importance des Registres » des Notaires, des Registres des Paroisses et des Documents des » Greffes; mesures prises ou à prendre pour en assurer la conser»vation et en faciliter l'usage. »

» On a proclamé unanimement l'utilité, l'indispensabilité même, de ces registres et documents qui renferment des renseignements précieux, inédits et authentiques, qu'on ne saurait trouver nulle part ailleurs. D'intéressants débats se sont élevés sur les moyens à employer pour la conservation de ces divers papiers, menacés par les ravages du temps d'une destruction fatale et irréparable, et pour en rendre la consultation accessible à tous.

>> Les actes des notaires ont attiré particulièrement l'attention des délégués. — Faut-il rendre obligatoire le dépôt aux archives départementales des registres des notaires antérieurs à la Révolution ? A défaut de cette mesure, ne pourrait-on pas confier à des archivistes, spécialement assermentés pour cet objet, le soin de relever dans les études, puis de cataloguer et de publier le contenu utile des actes qui y sont conservés ?

» La discussion a été longue et approfondie. Votre Président et votre Secrétaire général y ont pris part. M. J. Depoin a signalé le danger des agglomérations de documents dans un même local et rappelé que, vers 1776, les archives et les minutes de plus de 1500 études, réunies au Châtelet, et notamment les minutes des notaires de Pontoise, antérieurs à l'an 1600, avaient été détruites par un

terrible incendie.

» J'ai cru devoir exprimer mon humble avis sur l'ensemble des questions soumises à la discussion. A mon sens, les registres des paroisses (Etat-Civil) sont bien où ils sont, c'est-à-dire dans les Mairies et dans les greffes des Tribunaux de re instance, où ils peuvent être consultés, à toute heure, sans difficulté. Les documents appartenant aux Justices seigneuriales sont également à leur place dans les archives départementales, où ils ont été versés à la Révolution. Il n'y a plus qu'à exprimer le vœu d'en voir opérer le classement et publier l'inventaire.

>> Quand aux actes et registres des notaires, où résident les sources d'informations les plus complètes et les plus sûres, relativement à l'histoire particulière de nos provinces et de l'histoire générale de la France, si la nécessité de les consulter est admise sans conteste,

il faut bien reconnaître, qu'en l'état de la législation actuelle sur la matière, il est impossible d'en exiger la communication des officiers ministériels qui en ont la garde, au nom des familles, et auxquels la loi interdit absolument de s'en dessaisir.

» Ce n'est qu'une loi nouvelle qui pourrait trancher la question, soit en ordonnant le dépôt des actes des notaires aux archives départementales, soit en en rendant la communication obligatoire par les notaires à des archivistes jurés.

» L'obligation pour les Notaires de remettre leurs actes, dans un dépôt public, à la disposition de tous, serait assurément une grave innovation pour notre pays; mais il ne faut pas oublier que le procédé est appliqué depuis longtemps en Italie. M. René de MasLatrie a publié, à la suite d'une mission spéciale dans ce pays, un rapport très instructif sur cet objet.

« Si on trouvait incompatible avec nos mœurs, avec le respet du secret des familles, l'application de cette mesure, il resterait à confier à des archivistes assermentés, nécessairement éclairés et discrets, l'examen et la publication des parties utiles desdits actes. De ce côté, ce ne serait plus une innovation. La publication récente d'un grand nombre d'actes des notaires et tabellions de l'Ile-de-France, par M. Bertrandy-Lacabane, archiviste de Seineet-Oise, démontre à la fois la facilité pratique de ce travail et son puissant intérêt.

» La question, ainsi posée devant le Congrès, a paru assez importante pour qu'il soit procédé à la nomination d'une Commission chargée de formuler un projet de résolution. Cette commission dont faisaient partie votre Président et votre Secrétaire général, et dont la présidence avait été donnée à M. Deloche, membre de l'Institut, a soumis au Congrès le projet de délibération suivant :

« Le Congrès, considérant l'importance capitale pour l'histoire » que présentent les archives notariales se rattachant à l'ancien » régime, émet le vœu que M. le Ministre de l'Instruction publique » veuille bien, d'accord avec M. le Ministre de la Justice, solliciter » une mesure législative dégageant la responsabilité des notaires et » leur prescrivant la remise de leurs archives concernant l'ancien >> régime dans les dépôts publics départementaux. »

» M. Léopold Delisle trouvant cette rédaction trop énergique, a proposé de libeller ainsi le vœu du Congrès :

« Le Congrès émet le vœu que des mesures soient prises pour >> assurer la conservation des anciennes minutes de notaires, pour >> en dresser des inventaires et pour en faciliter la communication » dans l'intérêt de l'histoire. >>

» La proposition de M. Léopold Delisle, ayant réuni la majorité des suffrages, a été adoptée. Nous craignons bien que cette résolution

à l'eau de rose n'apporte aucun changement à l'état de chose actuel.

» Je reviens, Messieurs, à notre Société dont l'établissement se consolide de jour en jour et dont l'état de prospérité autorise, dès maintenant, la réalisation de certains projets d'extension au dehors depuis longtemps formés parmi nous.

>> Votre Conseil d'administration a décidé que les plans d'une excursion prochaine dans le Vexin Normand, à Trie et à Gisors, vous seraient soumis aujourd'hui. J'entrerai tout à l'heure dans les détails de cette première expédition destinée à être régulièrement poursuivie dans l'avenir. J'ai la conviction que ces explorations de nos domaines répondent à vos aspirations éclairées, qu'elles démontreront l'utilité et l'excellence de notre institution et qu'elles concourront d'une manière efficace au développement et au progrès des sciences historiques et archéologiques dans nos contrées.

» Messieurs, je termine en constatant encore une fois, avec joie, l'heureuse réussite de notre entreprise. Nous devons, assurément, notre succès, pour une part notable, au concours dévoué et brillant des érudits collègues que la mort vient de nous ravir; il serait injuste toutefois de ne pas l'attribuer, pour une autre grande part, à l'infatigable ardeur, aux travaux intelligents et distingués de plusieurs de nos collègues, que je vois ici, autour de moi, et dont les noms sont sur vos lèvres. Faisons des vœux sincères pour que Dieu nous conserve, pendant de longues années, ces chers et généreux collaborateurs.

» A bien chercher, peut-être trouverait-on encore le secret d'une bonne part de notre réussite dans l'union courtoise, persévérante et féconde qui règne si heureusement parmi nous; union que nous devons à la loyauté et à la fermeté avec lesquelles nous nous renfermons dans la lettre et dans l'esprit de nos statuts. Ici, en effet, point de questions politiques; jamais de questions municipales; mais seulement, avec un respect profond des opinions et des sentiments de chacun et de tous, la recherche ardente de la vérité et de la tradition, et l'étude passionnée de l'histoire. Cette sage conduite est le gage de notre sécurité et la garantie de notre avenir. Messieurs, dans la haute position où m'a placé votre bienveillance, j'ai la volonté d'y rester fermement fidèle: Je pense que cette résolution rencontrera de votre part une encourageante adhésion.» (Applaudissements).

Après ce discours, l'assemblée entend les communications relatives au projet de voyage à Trie-Château et à Gisors. L'excursion aurait lieu le dimanche 6 juillet. On partirait pour Trie par le premier train. Après avoir visité le Dolmen, l'Auditoire et l'Église de Trie,

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