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HISTOIRE

DE LA VILLE DE L'ISLE-ADAM

ET

NOTICE BIOGRAPHIQUE

DE SES SEIGNEURS

Cognoscat rerum gestarum, et memoriæ veteris

ordinem, maximè scilicet nostræ civitatis.

CICERON.

AVANT-PROPOS

L

A notice historique d'un simple village est, pour tous ceux qui l'habitent, une sorte de propriété commune. C'est une portion du patrimoine local que chaque génération qui disparaît lègue à celle qui la remplace; aucune ne doit la transmettre telle qu'elle l'a reçue, mais toutes ont pour devoir d'y ajouter quelques récits nouveaux. Ce sont ces annales domestiques qui forment les premières assises sur lesquelles repose l'édifice de l'histoire nationale.

Il n'est si petit pays, si modeste localité, qui ne présente de l'intérêt. L'humble toit qui a abrité notre berceau, le clocher du village, les bancs de l'école, les jeux de l'enfance, tous ces souvenirs sont pleins de charmes. Comment expliquer autrement cet amour si délicieux et si durable du pays natal? Oui, cette terre empreinte de nos premiers pas laisse dans nos souvenirs des traces ineffaçables : E instinto di natura L'amor del patrio nido.

Pour perpétuer la mémoire de ces traditions touchantes, nos anciens monarques n'ont rien négligé. Ainsi, dès 1539, François Ier, dans la célèbre ordonnance de Villers-Cottrets, prescrit la tenue des registres sur lesquels les curés étaient chargés d'inscrire exactement l'époque de la naissance, les noms et prénoms des fidèles qu'ils baptisaient. Il n'était pas encore question des actes de mariage, des décès et des inhumations.

Outre ces omissions, les instructions de l'ordonnance royale ne furent que très lentement et très imparfaitement mises en pratique; du moins nous en avons la preuve dans les lacunes si regrettables qu'on remarque dans les registres de cette époque; c'est pourquoi le roi Henri II fut obligé de renouveler ces sages prescriptions.

Les registres paroissiaux de l'Isle-Adam, déposés à la mairie le 17 novembre 1792, remontent au mois d'avril de l'année 1556, époque de l'ordonnance royale qui prescrit la rédaction de ces registres. De plus, en 1691, au mois d'octobre, est un nouvel édit

du roi qui oblige de rédiger les actes religieux sur papier timbré afin de servir de minutes : les édits antérieurs n'avaient pas été régulièrement observés.

Il est à remarquer que nos actes paroissiaux ne sont habituellement signés que depuis 1660, époque où les prêtres de la mission de Saint-Joseph ont pris possession de la cure. Ajoutons encore que dès lors les signatures sont nombreuses et bien écrites, ce qui indique un accroissement d'instruction dû aux soins que donnaient aux écoles lesdits prêtres. L'un deux, nommé Gaudrée, est inscrit avec éloge sur nos registres. Ce digne prêtre, après avoir rempli les modestes fonctions de maître d'école pendant trente années, est décédé le 3 janvier 1695.

Assurément, si les sages prescriptions de nos rois avaient été scrupuleusement observées, notre tâche aurait été moins difficile ; mais, malheureusement, les annales des humbles localités font défaut. Trop souvent l'indifférence en a négligé la rédaction, et le souffle des tempêtes politiques en a dispersé les feuilles volantes. Ce sont ces rares débris recueillis avec patience et labeur, collationnés et coordonnés avec un soin scrupuleux que nous osons soumettre à l'indulgence de nos bien aimés paroissiens.

Pouvions-nous laisser dans l'ombre et l'oubli nos puissants seigneurs, nos illustres princes qui ont couvert notre l'Isle-Adam de bienfaits et de gloire? Pouvions-nous ne pas parler des castels, des châteaux et des monuments divers qui ont rendu célèbre cette portion de notre vallée que l'Oise arrose, que les forêts ombragent, et que la nature et l'art embellissent?

De tout ce brillant passé de notre gracieux village, que reste-t-il aujourd'hui ? Des ruines qui s'anéantissent, des souvenirs qui se taisent, des traditions qui s'altèrent et disparaîtraient bientôt, si, de temps à autre, des hommes, sans autres talents que leur bonne volonté, sans autres titres que leur amour du pays qu'ils habitent, sans autres passions que leur culte pour la mère patrie, ne remettaient en honneur la mémoire de ce qui va disparaître sans retour.

Puisse la mobilité des caractères qui vont fixer sur le papier ces feuillets dispersés par tous les vents, leur donner une durée plus solide et plus longue!

L'Isle-Adam, le 24 juin 1883.

J.-B. GRIMOT,

Chanoine honoraire de Versailles et de Verdun,
Curé de l'Isle-Adam,

Officier de l'Instruction publique,

Correspondant du ministère pour les travaux historiques.

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