Page images
PDF
EPUB
[graphic][merged small][merged small]

Membre des Sociéter geologie et botanique de Fi ince, de la Société archeologique de Soissons et de plusieurs Societes savantes de France et de lEtranger.

[ocr errors][merged small][merged small]

successivement. A la fin de la troisième année il s'élevait a près de 60 et la classe qui formait alors véritablement une école, fut transférée dans une maison particulière qu'elle quitta bientôt pour prendre possession, en 1841, d'une habitation spéciale dont l'administration municipale fit l'acquisition. Le personnel enseignant se composait de quatre professeurs, outre le directeur. Les études scientifiques étaient activement dirigées à l'aide d'une méthode. claire, précise, accompagnée de démonstrations pratiques dont plusieurs fois le public fut appelé à devenir le témoin. On n'a pas oublié les intéressantes séances de physique expérimentale auxquelles M. Watelet convia, à plusieurs reprises, les familles et les personnes notables de la ville: celle surtout où l'on vit pour la première fois fonctionner le télégraphe électrique eut un plein succès à raison de la nouveauté du sujet, dont l'assistance n'avait aucune idée et et qu'elle ne connaissait que de nom. A cette époque, l'école comptait 75 élèves, dont 27 pensionnaires qui trou. vaient auprès de la digne épouse que M. Watelet s'était associée, peu après son arrivée à Soissons, tous les soins. qu'inspire la plus tendre sollicitude.

Voici en quels termes le Conseil général de l'Aisne s'exprimait, dans l'une de ses sessions, par la bouche d'un de ses membres, M. Martin, au sujet de cette école dont le directeur, après avoir successivement reçu la médaille de bronze et la médaille d'argent, s'était vu décerner, dès l'année 1846, le premier en France, parmi les instituteurs, le titre d'Officier d'Académie. « Au risque de répéter une fois de plus, disait l'honorable M. Martin, ce qui a été dit si souvent et à si juste titre de l'Ecole supérieure de Soissons, votre rapporteur éprouve le besoin d'ajouter son tribut personnel aux nombreux témoignages de satisfaction qu'elle a reçus de vous. Elévation et pureté de sentiment qu'on sait inspirer aux élèves, hauteur et variété de l'enseignement, ordre, discipline, moyens matériels d'instruction, tout contribue à faire de cette école un des éta.. blissements les plus remarquables qui existent en France et le département de l'Aisne peut et doit s'enorgueillir de le posséder dans son sein. »

T. II. 8.

Tout marchait donc au gré du directeur, de la ville et des familles, l'Ecole continuait d'être florissante, même après la promulgation de la loi de 1850 qui, sans mettre fin à l'existance des écoles supérieures, cessait cependant de les rendre obligatoires, lorsque en 1853, l'administration municipale de Soissons, par des motifs que nous n'avons point ici à apprécier, crut devoir supprimer l'Ecole supérieure et l'annexer au Collége sous le titre d'enseignement spécial.

M. Watelet, non sans douleur assurément, mais avec un esprit d'abnégation qui l'honore, résigna ses fonctions de directeur et suivit ses élèves au Collége où il fut chargé, en vertu d'une délégation du recteur de l'Académie de Douai, des cours d'histoire naturelle, de mathématiques et de dessin linéaire. M. Watelet auquel manquait nécessairement, à raison de la direction qu'avaient suivi jusquelà ses études, la connaissance de quelques-unes des matières qui forment le fond de l'enseignement secondaire, n'était pas pourvu du grade de bachelier et, depuis qu'il appartenait au personnel enseignant du Collége, il souffrait de ce qui lui paraissait une sorte d'infériorité. Pour en triompher, et tout en continuant à faire son cours avec son dévouement habituel, il se mit à l'œuvre en vue de subir l'examen exigé pour obtenir ce grade: il avait alors 44 ans. Il fallait être animé d'une bien ferme résolution pour se résoudre à cet âge à descendre, ne fut-ce que momentanément, du rôle de professeur à celui d'écolier. Notre excellent confrère ne faillit point à la tâche et obtint bravement son diplôme. Qu'on me permette d'évoquer ici à cette occasion un souvenir personnel. Je ne puis me rappeler, sans une douce émotion, un jour du mois d'avril 1855 où M. Watelet, arrivé la veille de Paris, entra, rayonnant de joie, dans mon cabinet pour m'annoncer la nouvelle d'un succès qui donnait à sa situation comme professeur au Collège le complément nécessaire, succès dont il savait bien que je serais heureux d'être l'un des premiers à le féliciter. Je ne m'étendrai pas davantage sur les services rendus par M. Watelet dans la carrière de l'enseignement jusqu'à l'époque de sa retraite en 1878; j'ajouterai seulement que ces services ont reçu

leur sanction par le titre d'Officier de l'instruction pu blique qui lui fut décerné en 1870.

Dès le temps où il dirigeait l'Ecole supérieure, mais surtout depuis celui de son professorat au Collége, qui lui donnait plus de loisirs, M. Watelet s'occupa sans relâche d'études géologiques et publia sur ces matières, où notre époque a commencé à jeter la lumière, des travaux qui lui ont fait un nom. Le naturaliste Deshayes, entre autres, le tenait en haute estime et le cite maintes foits avec éloge dans son grand ouvrage intitulé: Description des mollusques fossiles du bassin de Paris. Notre société doit aussi beaucoup à M. Watelet, ainsi qu'en témoignent nos volumes où ses travaux figurent à de nombreuses re prises: il me suffira de rappeler: Recherches faites dans les sables tertiaires inférieurs du Soissonnais, avec description de nombreuses coquilles. Catalogue des fossiles observés dans les couches de sables comprises entre les fausses glaises et lignites et le calcaire grossier dans l'AisRapport sur un gisement de lophiodons à Aizy et sur la découverte à Chouy du corps dun paléothérium minus: puis sur le Grand dépôt géologique de Cœuvres qui attira en 1864 l'attention de nombreux savants, etc., etc.

ne.

Parmi les travaux dus à la sagace persévérance que M. Watelet apportait dans ses recherches et dans ses études, le plus important, par son étendue comme le plus remarquable par sa valeur scientifique, est sans contredit l'ouvrage qui a pour titre: Description des plantes fossiles du bassin de Paris. Je ne saurais donner ici une analyse de ce beau travail: je me bornerai à rappeler son légitime succès et le rang distingué qu'il fit prendre dans la science. à notre estimable confrère. Honoré du suffrage des hommes les plus compétents tels que les Brongniard, les Isidore Geoffroy-St-Hilaire, les Hébert, les Deshayes, M. Watelet eut encore la satisfaction de trouver auprès du Conseil municipal de Soissons d'abord, puis du Conseil général de l'Aisne ainsi que du Ministère de l'Instruction publique et de celui des Beaux-Arts, un concours pécuniaire qui lui facilita la publication de l'œuvre qui devait mettre le sceau à sa réputation. Il eut encore une satisfaction d'un autre genre, mais assurément bien douce pour son cœur, et que je me reprocherais de laisser en oubli, ce fut celle

« PreviousContinue »