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la partie inférieure aurait été brisée. Elle pèse 14 kil. et mesure 0,30 cent. La face est littéralement mutilée; la tête avec cheveux bouclés, autant qu'on peut juger, semble surmontée d'un bonnet pointu à côtes. On distingue également, à sa base, une ceinture ou cordon. Je suis, au reste, grâce à la bienveillance sympathique du propriétaire, en possession de cette statue et d'échantillons de la même provenance. F. LETARD.

Les travaux

LA ROCHELLE. Vieille Porte Maubec. opérés pour dégager l'église Saint-Sauveur de La Rochelle ont mis à découvert une tourelle encastrée dans le mur du chevet, et des débris de murailles très épaisses. Ce sont, à n'en pas douter, les restes de la porte de ville, dont parle le P. Arcère, sous le nom de Vieille Porte Maubec. Elle devait faire face au pont qui existait autrefois sur le canal Maubec. Aug. FELLMANN. SAINT-SEVERIN. Caves de l'abbaye. En creusant les fondations d'une récente construction, à Saint-Séverin, on a retrouvé l'emplacement des anciennes caves de l'abbaye, qui avaient été comblées. Elles avaient de six à huit pieds de profondeur. On en a extrait des pierres pour

édifier les nouveaux bâtiments.

J.-L.-M.

Pierre tombale. Cette pierre, brisée en partie, trouvée dans les démolitions des anciens appartements de Delille, à Saint-Séverin, formait, en quelque sorte, le linteau d'un vaste manteau de cheminée. Elle a deux mètres de longueur sur 0,60 cent. de large. Sur la surface principale, on distingue une sculpture assez grossière, peu saillante, ou plutôt gravée au trait, représentant un abbé ou un évêque, avec aube et chasuble. L'aube a une dentelle en losanges; l'ornementation de la chasuble est un peu tourmentée. Le personnage, dont la tête est absente, a le corps droit et maigre. Sa main droite semble bénir; mais une cassure de la pierre, en cet endroit, ne permet pas de préciser; la main gauche est appuyée sur la poitrine. La crosse est très visible, jusqu'à hauteur de tête. Il y avait une inscription encadrant le personnage. On en distingue des fragments, avec lettres si mutilées et frustes, que je n'ai pu y lire aucun mot. Je crois que nous avons là une pierre tumulaire de quelque abbé de SaintSéverin, dont les ossements ont dû être jetés au vent, au XVIe siècle. La date précise de l'inhumation, l'indication même approximative du personnage me paraissent difficiles à déterminer. J.-L.-M. NOGUÈS,

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Les

THENAC. Nouvelle station préhistorique. recherches des stations préhistoriques se multiplient dans le département.

« On nous informe, dit le Progrès, que M. Vieuille, secrétaire de la mairie de Thenac, a découvert, à 1,800 mètres au sud-ouest du chef-lieu de cette commune, entre La Clochetterie et La Romade, un gisement très riche en outils de la pierre polie. Les objets recueillis, au nombre de plusieurs centaines, renferment des haches, des pointes, des scies, des lances, couteaux, percuteurs, polissoirs, etc., dont plusieurs attestent un travail très perfectionné. Un seul outil en os figure parmi ces trouvailles. L'absence de poterie pourrait faire croire à un atelier de taille, alimenté par des silex différents de ceux des Gonds, qui ont fourni presque tous les instruments du camp du Peurichard. » L'endroit précis où cette station a été découverte s'appelle Le Cormier. Avis à ceux de nos collègues qui voudraient la visiter. Nous espérons que l'un d'eux voudra bien en rendre compte dans notre Recueil. M. le baron Eschasseriaux a composé, avec les trouvailles.de ce côté de la commune, une vingtaine de cartons, au moins. Avec celles du Peurichard, qui continuent toujours, il arrive à près de deux cents cartons, qui constituent une des collections les plus complètes de l'époque néolithique.

Constructions et restaurations

E.

MARENNES. Dimanche, 20 janvier, a eu lieu l'inauguration de la chapelle du Saint-Sacrement, dont les travaux de restauration viennent d'être terminés. (Voir Recueil, t. VII, p. 242). La chapelle a été agrandie par la disparition d'un mur de séparation. L'autel, le contre-rétable et le tableau sont les seuls objets mobiliers de l'église qui aient échappé au vandalisme révolutionnaire. Nous avons déjà parlé des vitraux qui sortent des ateliers de M. Feur. Les voûtes de la chapelle sont décorées avec une grande richesse. «De gracieux rinceaux en or et grisaille, dit le Bulletin religieux, du 26 janvier, se détachent d'une façon très harmonieuse sur un fond bleu céleste, dont l'inspiration doit venir des belles peintures de la cathédrale d'Albi. Sur le plein des murs sont figurés des épis de blé rehaussés d'or. Une bordure, formée par une tige de vigne portant. des grappes de raisins, entoure chaque panneau. Les

dessous d'arcs sont ornés de caissons avec des arabesques, au milieu desquelles sont représentés les divers emblèmes eucharistiques. Sur l'arc médiaire, se lit l'inscription: Deliciæ meæ esse cum filiis hominum. Cette décoration est l'œuvre de MM. Augier et Millet, qui avaient déjà exécuté les autres travaux de peinture de l'église. »

SURGÈRES. Les travaux de restauration du portail de Surgères sont bien avancés. La commission des monuments historiques vient de décider que la fenêtre ogivale du portail sera supprimée. Le chapiteau de la Renaissance qui pouvait provenir de l'ancien château a été remplacé. II aurait été bien à désirer qu'il fût conservé, à l'intérieur, comme support de bénitier. Cette restauration a été, en somme, très bien comprise, tant il est vrai que, de nos jours, avec des hommes aussi compétents que M. Lisch, on ne peut douter de sa bonne exécution, en y consacrant le temps et l'argent nécessaires.

Qu'il me soit permis de regretter le peu de soin que l'on porte au reste de ce monument remarquable. Les murs extérieurs sont pourris par les immondices que l'on y dépose; les voûtes d'un transept sont considérablement endommagées par l'humidité provenant d'un défaut d'entretien de la toiture.

AUGIER.

Mélanges d'archéologie et d'histoire

A PROPOS DE LA GROTTE DE SAINTE EUSTELLE ET DE LA FONTAINE QUI PORTE SON NOM. C'est une pieuse tradition, à Saintes, que sainte Eustelle, chassée du palais paternel, se réfugia dans une grotte près du tombeau de saint Eutrope. Où était cette grotte? Existe-t-elle encore? Peu d'historiens l'ont, que je sache, signalée. ** S'il m'était permis de hasarder ici une opinion personnelle, je dirais

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Note lue à la séance du 26 octobre 1883.

Voir LA VIE ET LE MARTYRE DE SAINT EUTROPE, in-18, édition postérieure à celle du XVIIe siècle qu'a rééditée, en 1877, M. Audiat. Il est regrettable qu'on n'ait pas donné les variantes que présentent, avec le texte primitif seul publié, les différentes éditions de ce curieux ouvrage. Mgr Thomas a écrit: « La légende populaire assure qu'à l'endroit même où le premier flot de son sang toucha le sol, jaillit la source qui porte aujourd'hui le nom de « Fontaine de Sainte-Eustelle»: gracieux symbole des bénédictions que la mémoire des saints répand sur la terre et dont la source ne s'épuise jamais; » Mgr Thomas, LETTRE PASTORALE pour le carème de 1876. Voir aussi Briand, SAINTE EUSTELLE; M. Barthélemy, VIES DES SAINTS DE FRANCE, t. III, col. 1055.

que la fontaine et la grotte ne font qu'un; la fontaine coulant dans la grotte où notre sainte avait trouvé un abri. C'est là, à l'entrée de cette excavation, que les bourreaux envoyés par son père, lui ouvrirent, en la mettant à mort, les portes du ciel. Voici, du reste, quelques considérations qui semblent militer en faveur de cette opinion.

Tout en se réfugiant près du tombeau de son père dans la foi, Eustelle dut cependant s'en éloigner assez pour se dérober aux regards des infidèles venant épier les rares chrétiens qui osaient venir prier sur les restes de l'apôtre de la Saintonge. Si l'église actuelle est bâtie sur le lieu de la première sépulture d'Eutrope, il faut chercher la grotte non à côté de l'église, mais à une certaine distance, toujours en s'éloignant de la ville gallo-romaine. Si donc nous trouvons, dans la direction indiquée, une grotte solitaire, n'aurons-nous pas lieu de croire qu'Eustelle a dû s'y réfugier? Or cette grotte existait alors sur le penchant nord du coteau. Quatre cents mètres environ la séparaient de l'endroit où reposent encore les cendres de notre premier martyr et de l'intérieur s'échappait le petit ruisseau formé par la fontaine, maintenant objet de la vénération du peuple saintongeais. Pourquoi Eustelle n'aurait-elle pas fait choix de ce lieu retiré pour y établir sa demeure provisoire? Situé à près de 800 mètres de la ville, solitaire et boisé, il offrait un abri protecteur à une jeune fille qui, en raison de sa timidité naturelle, n'osait trop s'éloigner des habitations et trouvait là le double avantage de vivre près du tombeau de saint Eutrope et de se soustraire aux recherches de ses persécuteurs. Du reste l'humidité de ce séjour n'était pas un obstacle à une habitation momentanée et une fugitive qui se cache n'a pas le choix du lieu.

Il importe peu que la source n'ait commencé à paraître qu'au moment de la mort d'Eustelle, suivant la gracieuse légende rappelée par Mgr Thomas; elle n'en est pas moins vénérable. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle coulait primitivement au fond d'une grotte. L'état actuel des lieux permet même de rétablir, par la pensée, le refuge de la sainte. Si nous considérons avec attention le bassin de la source et l'inclinaison primitive des pentes gazonnées ou plantées d'arbres du coteau, nous arriverons à cette conclusion, qu'il y a dix-sept siècles la source ne coulait pas plus que de nos jours à la surface du sol, mais au fond d'une excavation de plusieurs mètres.

Cette partie du coteau fut, quelques années après, complétement bouleversée par la construction probable, sous le règne des Antonins, de l'amphithéâtre, assis, comme celui de Pompéï, entre deux collines sur lesquelles il s'appuie au nord et au sud. Alors les ciels naturels de la grotte disparurent pour le besoin des constructions; l'humble source coula dans les galeries établies sous les gradins et ne servit plus qu'à abreuver les bêtes fauves et les gladiateurs. Puis, lorsque la dévastation s'abattit sur l'un des plus vastes monuments des Gaules, elle se fit jour à travers les décombres.

Aujourd'hui son bassin est protégé contre les éboulements des terres qui le dominent par une voûte en anse de panier, sans caractère architectural. La hauteur de cette voûte est de 3 mètres environ à partir du fond de la fontaine, dont la forme ovale a 2 mètres 45 centimètres de longueur, sur une largeur de 0,80 centimètres; la hauteur moyenne de l'eau qu'elle contient est de 0,60 centimètres, le surplus s'écoulant par les fissures du rocher. On descend à ce petit bassin par cinq marches destinées à disparaître, si l'on achève le déblaiement du monument dans lequel il est enclavé. La fontaine reprendra alors sa position primitive sur le flanc du coteau; mais la grotte ne pourra être reconstruite par suite de la conservation des ruines de l'édifice gallo-romain.

Telle est, de nos jours, cette source connue dans toute la Saintonge sous le nom de Font Sainte-Eustelle. Quelle que soit la valeur historique de la légende qu'elle consacre, elle est protégée par le souvenir de la sainte, et devenue l'objet de la pieuse vénération des fidèles, elle ravive toujours, par la salutaire vertu et la fraîcheur bienfaisante de ses eaux, cette fleur dix-huit fois séculaire, qui a nom la Foi. A. BOURRICAUD.

SENTEIN ET LES SANTONS, t. VII, p. 169, 170, 243. — Une malencontreuse transposition rend inintelligibles les lignes 8 et 9 de la page 244.

C'est l'E qui est la principale voyelle de nos langues du nord; celles du midi préfèrent l'A. Je profite de cette petite erreur pour réitérer ma profession de foi sur la longévité, je n'ose pas dire l'immortalité, des idiomes provinciaux. Ce n'est pas d'aujourd'hui que date la division de la France en deux grands idiomes; nous avions jadis les Etats de Langue d'oui, et les Etats de Langue d'oc. Ce n'est pas le

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