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D'après M. Dangibeaud, on va recouvrir les fossés du Peu-Richard, et il y aurait lieu, pour la Commission, d'en lever le plan, d'en prendre les dimensions exactes, de décrire les objets qu'on y a découverts et de réunir, dans le musée, les différents types de silex taillés et de poteries qu'on a recueillis.

On répond que M. le baron Eschasseriaux a promis, pour le Recueil, un travail étendu sur le Peu-Richard. Il donnera volontiers un choix des objets préhistoriques qui composent sa magnifique collection.

Lecture est faite par M. Bourricaud du compte-rendu de l'excursion archéologique (1re partie). L'assemblée s'associe aux éloges décernés à l'auteur.

M. Dangibeaud demande la création, sous le patronage de la Commission, d'une société spéciale pour opérer des fouilles. A la suite d'observations échangées entre MM. Augier de La Jallet, Bourricaud, Lacour, Laforie, Laurent, Vallée, il est décidé à l'unanimité, moins M. Caudéran, qué le Bureau et le Comité de publication, auxquels devra s'adjoindre M. Dangibeaud, examineront les moyens pratiques de réaliser cette proposition, sans qu'il soit besoin de fonder une nouvelle société.

Rien n'étant plus à l'ordre du jour et personne ne demandant la parole, la séance est levée.

Lu et approuvé en séance générale, le 25 octobre 1883.

Le Président,

Th. DE BREMOND D'ARS.

Le Secrétaire,

E. VALLÉE.

Séance du Bureau et du Comité de publication

(26 juillet 1883)

A l'issue de la séance générale, le Bureau et le Comité se réunissent, sous la présidence de M. de Tilly.

On adopte les procès-verbaux des 26 avril et 15 juillet.

M. le Président tient à décliner toute responsabilité dans les critiques dirigées par le Bulletin des archives contre la Commission ou ses membres; il s'engage à préparer la table du tome VI du Recueil.

On s'entendra avec M. de Fonrémis pour les dessins qui accompagneront son travail.

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M. le comte Th. de Bremond d'Ars préside. Excusés: M. de Tilly qui, par lettre, exprime ses vives sympathies envers la Commission, et M. Piet-Lataudrie. Absent: M. Gallut.

On lit le procès-verbal de la séance du 26 juillet.

le

Un membre demande qu'on spécifie d'où proviennent les attaques dirigées contre la Société. Modifié en ce sens, procès-verbal est adopté.

Suivent quelques questions de détail pour l'envoi des circulaires et du Recueil.

L'ordre du jour de la séance du 25 octobre est fixé. Le Bureau est heureux d'apprendre que Mgr l'Evêque de La Rochelle et Saintes a bien voulu faire à la Commission des arts l'honneur de compter parmi ses membres correspondants.

M. le Trésorier communique l'état financier.

Présent à la séance, M. Dangibeaud fournit des explications sur son idée d'un Comité pour opérer des fouilles. Il y a, de ce côté, quelque chose à essayer. On fera peut-être ailleurs ce que la Société n'aura pas entrepris.

M. le Président approuve cette idée. Mais où la Société trouvera-t-elle des ressources suffisantes pour la mettre à exécution?

M. le Secrétaire demande si deux ou trois cents francs par an ne pourraient pas être prélevés sur les fonds de la Société.

Avec cette somme, répondent M. le Trésorier et M. Dangibeaud, on n'arrivera à aucun résultat sérieux.

On propose d'ajourner le vote sur cette question. —Adopté. Pour le Président absent,

Le Vice-Président,

H. DE TILLY.

Le Secrétaire,

E. VALLÉE.

LE CAMP NEOLITHIQUE DU PEURICHARD

(Charente-Inférieure)

AVEC PLANCHES & PLAN

Le camp du Peurichard, situé en la commune de Thenac, à 6,500 mètres au sud de Saintes, est le premier monument de la période néolithique découvert en ce genre dans la Charente-Inférieure.

Il occupe un mamelon isolé de la ligne des coteaux qui bordent au sud la vallée de la Seugne, et est distant de quatre kilomètres du bras gauche de cette rivière qui se jette, non loin de là, dans la Charente.

Ce mamelon, dont le plateau se termine de tous côtés par des pentes régulières, se dresse entre la basse plaine de la Seugne et la haute plaine de Thenac, dans la pointe formée par la route de Saintes à Thenac et le chemin de Thenac aux Arènes. Par son altitude, que la carte de l'EtatMajor fixe à 56 mètres, il domine tous les environs. Dans un pays dépourvu de plateaux escarpés, il constitue un poste naturel de défense. Au nord et à l'est, la vue s'étend au loin, par-dessus la vallée de la Seugne et la commune de Courcoury, jusqu'aux coteaux de la rive droite de la Charente. Au sud et à l'ouest, elle embrasse sans obstacle les hautes plaines de Thenac et de Chermignac, derrière lesquelles commence, avec le terrain argilo-calcaire ou siliceux, la zone des bois.

Cette position stratégique, au milieu de plaines crayeuses, rebelles à la végétation forestière, et d'où il était facile de surveiller à de grandes distances l'approche des fauves ou la marche de l'ennemi, devait attirer l'attention des premières populations.

La craie tendre du mamelon rendait facile un travail de reiranchements. A 1,800 mètres, à l'est, coule l'abondante source des Arènes, qui détermina également, sous l'occupation romaine, la fondation d'un établissement important. A côté, à quelques kilomètres, le territoire de la commune. des Gonds fournissait, à la surface du sol, de beaux silex pour la confection des outils ou pour la création d'un atelier de taille. Le pays lui-même offrait à des populations immigrantes tous les moyens d'alimentation de l'époque. Les vastes plaines qui se développent autour du camp étaient favorables à la culture du blé ou au parcours des troupeaux. La Charente et les divers affluents de la Seugne promettaient des pêches fructueuses. Enfin, à trois kilomètres au sud et à l'ouest, on entrait dans le grand massif forestier du pays qui présentait, pour la chasse, la construction des cabanes et le chauffage, toutes les ressources désirables. Quant aux bestiaux, ils avaient, selon les saisons, leur nourriture assurée dans les plaines du voisinage, dans les marais de la Seugne et de la Charente ou dans les bois.

Ces avantages ont décidé du choix de ce campement, qui a dù traverser bien des siècles avant d'être abandonné. Aucune trace apparente, aucune légende n'en rappelait l'existence.

Quelques vieux laboureurs savaient bien qu'il se trouvait d'anciens fossés sur certains côtés du Gros-Terrier, ainsi qu'on désignait aussi cette éminence; mais ils les attribuaient à des clôtures d'héritages et n'y attachaient aucune importance. Ils supposaient que les débris d'ossements, soulevés quelquefois par la charrue, provenaient de l'enfouissement, en ce lieu écarté, d'animaux morts de quelque maladie contagieuse. Les fragments de poterie et de grès, épars sur le sol, devaient, selon eux, avoir été apportés avec les engrais. Quant aux éclats de silex, ils ne cherchaient

même pas à s'en expliquer l'abondance, pensant, sans doute, qu'ils sortaient du terrain et que le frottement de la charrue les avait réduits à cet état. L'existence de ces silex taillés n'était pas ignorée des chasseurs des environs qui, avant l'invention des capsules, passaient d'ordinaire par là pour y renouveler les pierres de leurs fusils; mais ils ne s'inquiétaient pas davantage d'où leur venait cette ressource. DÉCOUVERTE

La découverte du camp est due au hasard.

En labourant le flanc est du mamelon, le métayer avait rencontré deux grosses pierres qu'il avait essayé de lever à la pioche dans l'intérêt de sa charrue.

Averti par lui, le 18 mars 1882, et m'étant assuré, après l'avoir interrogé, que ces pierres n'appartenaient pas au sol, je me transportai sur les lieux avec quelques ouvriers. Nous nous trouvâmes en présence de deux rocs : l'un argilocalcaire; l'autre gris, de calcaire dur, en tout semblable à ceux qu'on rencontre à la superficie du terrain au sud et à l'ouest de la commune. On les leva: nous étions tombés sur l'extrémité ouest des murailles, indiquees au plan sous les nos 29 et 30 (pl. I).

Le 21, on découvrit les blocs épars de la première de ces murailles, sans s'en expliquer la destination primitive. On pouvait y voir les restes de l'allée couverte de quelque dolmen exposé au levant. Mais les fouilles du lendemain, dirigées sur le point le plus élevé de la rocaille 30, détruisirent cette conjecture en nous montrant une sorte de muraille verticale, en quartiers de roches brutes, de près de 2 mètres d'élévation, s'appuyant sur le fond et sur les parois d'un fossé taillé dans la craie qui semblait n'avoir que 3 mètres d'ouverture. De nombreux débris de silex et des fragments de grès, sortis de l'excavation, concouraient à piquer notre curiosité.

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