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salle. On y remarque aussi une cheminée qui vient se terminer au-dessus des parapets sous la forme d'une colonne cylindrique.

La petite église Ste.-Croix en forme de croix grecque, dont chaque branche se termine en cul-de-four, n'a d'intéressant que les moulures de ses corniches extérieures: l'inscription qu'on voit à l'intérieur est apocriche, comme l'a bien démontré M. Mérimée. Je ne peux que renvoyer à ce qu'il a dit des petites chapelles creusées dans le roc au sud de la montagne, et qui du reste n'offrent, selon moi, qu'un intérêt bien médiocre.

A notre retour de Montmajor, nous avons, M. de Lambron et moi, visité en détail les caves souterraines qui existent à l'entour de la place des Hommes, principalement sous l'hôtel du nord et les maisons voisines, et que l'on regarde vulgairement comme les restes du Forum. Les salles voûtées en arêtes et construites en petit appareil avec quelques chaînes de briques, n'ont aucun revêtement; elles forment une suite d'appartements allignés, dans lesquels des déblais tout récemment exécutés ont fait découvrir une quantité considérable de squelettes j'ai pris des notes sur ces constructions, sur lesquelles je pourrai revenir plus tard en parlant de quelques monuments romains construits de la même manière.

Avant de quitter Arles, j'ai visité M. Clair, membre du Conseil général des Bouches-du-Rhône, littérateur et jurisconsulte très-distingué, auteur d'un volume sur les monuments d'Arles antique et moderne, et M. Jacquemin qui avait bien voulu lors de mon premier voyage m'expliquer les anciens monuments de sa ville.

M. Jacquemin, auquel on doit le Guide du voyageur dans Arles, excellent ouvrage que j'ai souvent eu occasion de citer dans mon Cours, est toujours occupé de recherches. Il m'a remis une notice sur les hôpitaux d'Arles, et il vient de mettre

sous presse un ouvrage considérable, intitulé Monographies Arlesiennes.

M. Estrangin a publié, il y a quelques années, un volume qui a été couronné par l'Institut : ainsi vous le voyez, il y a des archéologues à Arles, et les études y sont assez actives.

Salon. Parti d'Arles j'ai traversé la petite ville de Salon, puis des campagnes couvertes d'oliviers: chemin faisant j'ai pu prendre quelques notes sur l'agriculture du midi, sur le parti qu'on peut tirer des plantations de pins (pin de Jérusalem ou d'Alep) dans les terres les plus arrides, puis je suis arrivé à Aix.

Aix. Déjà deux fois j'avais visité cette ville, et je n'y suis resté que peu d'heures, accompagné de M. de Lambron qui était venu y continuer ses recherches sur l'histoire communale des villes du midi, après avoir fait une excursion à Marseille.

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J'ai visité à Aix la cathédrale, les églises et le musée; la cathédrale est un édifice de plusieurs siècles: la partie la plus ancienne et la plus remarquable est la nef du sud que je ne crois pas, quoi qu'on en dise, antérieure au XI. siècle; le baptistère communique avec elle au moyen de deux arcades ce baptistère a été défiguré, le pavé est exhaussé de manière à cacher une partie des bases des colonnes antiques qui décorent l'édifice. Ces belles colonnes ont été souvent citées : il y en a 6 en marbre et deux en granit. Il n'est pas douteux qu'elles ne proviennent de monuments romains, mais ce sont les seules parties qui me paraissent remonter, dans les bâtiments de la cathédrale, à l'époque du paganisme; tout le reste est évidemment du moyen-âge. Il est fâcheux que le baptistère ait été stupidement défiguré; il y avait dans le pourtour quelques autels anciens très

curieux qui ont été transportés dans le cloître et remplacés par des autels en marbre.

Le portail de la grande nef est du XV. siècle. L'archevêque Olivier de Pennart, qui venait de faire terminer la nef, le fit commencer en 1477, en présence du roi René : les architectes, Léon Alveringue et Pierre Soqueti, furent chargés du travail. Le premier exécuta la partie basse de la façade jusqu'aux apôtres, le second fit le reste (1). Cette façade est assez remarquable pour le Midi de la France où le style ogival ne s'est jamais développé comme dans le Nord.

La grande porte de la nef centrale est magnifiquement ornée de sculptures, elle a été faite en 1504, et est, dit-on, en bois de noyer. Chacun des deux ventaux est divisé en deux parties inégales. La plus basse réprésente deux personnages qu'on croit communément être deux prophètes ; la plus élevée porte, sur deux rangs, six figures de femme, probablement des sybilles. Ces statues sont d'une proportion plus petite que celles des prophètes, mais comme elles sont sur deux rangs, l'espace qu'elles occupent est d'une plus grande élévation, ainsi que l'exigeait la bonne distribution des parties. Toutes les figures sont vêtues comme on l'était à cette époque. Elles ont d'ailleurs du caractère et de l'expression, les compartiments sont ornés d'arabesques et séparés par des guirlandes de fleurs et de fruits, soutenues par des anges ou des génies traités avec beaucoup de goût. Les feuillages qui entourent les niches des statues sont de la plus grande légèreté ; on y remarque jusqu'à des insectes, tels que des mouches et des papillons.

Ces belles sculptures sont défendues, à l'extérieur, par de doubles portes.

(1) Notice de M. l'abbé Maurin sur l'église de St.-Sauveur

Les premières, à l'intérieur, sont décorées de longues plaques en bronze de quatre pouces de large et quatre lignes d'épaisseur, sur lesquelles on a reproduit avec la plus grande délicatesse quelques-unes des arabesques qui décorent la partie extérieure et qui en forment les divers compartiments.

Pour tous ces détails et pour ceux relatifs aux tableaux et aux ornements de l'église on peut recourir à une notice publiée en 1839 par M. l'abbé Maurin : il a donné le texte de toutes les inscriptions et décrit les diverses parties du mo

nument.

Je ne citerai qu'une des inscriptions, c'est en même temps, je crois, la plus curieuse et l'une des plus anciennes ; c'est celle d'Adjutor, qui avait été soumis à une pénitence publique..

HIC IN PACE QUIESCIT ADJUTOR QUI POST

ACCEPTAM POENITENTIAM MIGRAVIT AD

DOMINUM.

Le reste de l'inscription indique qu'il a vécu 65 ans 7 mois et 15 jours, et qu'il fut inhumé le 4 des calendes de janvier sous le consulat d'Anastase.

Il paraît que cette inscription et d'autres, antérieures à la fondation de l'église, y ont été apportées d'un cimetière. Le tombeau de St.-Mitre, dans la chapelle dédiée à ce saint, offre un sarcophage en marbre décoré de bas-reliefs, qui représente J.-C. et ses disciples on a hissé ce sarcophage, regardé à tort ou à raison comme celui de St.Mitre, au-dessus du contre-rétable. Il s'y trouve porté singulièrement sur deux colonnes antiques et forme ainsi architrave.

Le cloître où les autels du baptistère sont placés et qui se trouvait au milieu des logements des chanoines, fut construit, dit-on, dans le XI. siècle, mais il paraîtrait plutôt,

par son style, appartenir au XII.; les fûts des colonnettes sont tous variés ainsi que les chapiteaux : il y en a de cylindriques, de cannelés en spirale d'octogones, et enfin près de la porte qui entre à l'église on en voit quatre d'entrelacées.

On a réuni dans le cloître quelques fragments anciens et plusieurs statues mutilées qui ont appartenu à diverses églises ; les plus intéressants de tous ces objets sont les autels du baptistère que je citais tout-à-l'heure, ils inériteraient d'être dessinés. Deux d'entre eux me paraissent au moins du XII*. siècle et pourraient même être plus anciens.

On voit encore dans le cloître l'épitaphe de Blanche d'Anjou, fille naturelle du roi René, elle se trouvait d'abord dans une chapelle de l'église des Carmes; elle est ainsi conçue

CY GIST BLANCHE D'ANJOU, Dame de preSEIGNI, FILLE NATURELLE DE HAULT ET PUISSANT PRINCE RENÉ, ROI DE JÉRUSALEM, DE SICILE ET D'ARAGON, DUC D'ANJOU ET DU BAR, COMTE DE BARCELLONE ET DE PROVENCE, QUI TRÉPASSA LE 16 D'AVRIL

M CCCC LXX.

Le musée d'antiquités se trouve près de l'église St.-Jean, dans une maison qui renferme aussi l'école de dessin ; on y voit un assez bon nombre de fragments antiques et d'inscriptions: malheureusement il n'existe pas encore de catalogue, et le concierge auquel il faut avoir recours n'est pas suffisamment renseigné sur la provenance de ces divers débris les plus volumineux sont déposés sur une terrasse, dans le jardin du musée : les objets plus portatifs sont rangés dans une salle et dans des armoires.

J'ai eu le regret de ne pouvoir rencontrer M. Rouard, homme d'un grand mérite et conservateur de la bibliothèque publique d'Aix : cette bibliothèque, très-riche et très-con

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