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LE DIEU GAULOIS DU SOLEIL

ET

LE SYMBOLISME DE LA ROUE

I

LES REPRÉSENTATIONS FIGURÉES DU DIEU A LA ROUE

Une série de monuments, dont le nombre s'augmente tous les jours, nous fait connaître un dieu qui a désormais sa place marquée, et d'une façon incontestable, dans le Panthéon gaulois. Il s'agit d'un dieu caractérisé par la roue comme emblème. On en connaît aujourd'hui plusieurs types.

De tous ces types celui qui nous semble avoir le moins subi l'influence de l'art romain, est le dernier en date dans l'ordre des découvertes archéologiques, et il n'a pas encore été publié ni décrit. C'est une statuette en argile blanche, dont plusieurs exemplaires ont été découverts dans le département de l'Allier. C'est un fait bien connu (et là-dessus il suffit de renvoyer aux publications de Tudot) que cette région a été un des principaux centres de la fabrication des objets en terre cuite; elle exportait ses produits dans toute la Gaule et même plus loin encore, jusqu'en Grande-Bretagne. Les fours de ses potiers fabriquaient des objets de toute sorte, et naturellement des objets sacrés comme des objets profanes, des statuettes de dieux pour la piété domestique et pour les ex-votos.

Aucun de nos dieux à la roue de l'Allier ne nous est arrivé intact. L'importante collection Esmonnot, de Moulins, aujourd'hui transportée au Musée de Saint-Germain, en fournit plusieurs fragments bien conservés qui, quoique ne provenant pas du même monument, se complètent l'un par l'autre. Nous les connaissons par une visite que nous avons faite en 1882 à cette collection si riche et si bien classée, dont M. Esmonnot nous a

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Moulins, collection Esmonnot. (Aujourd'hui au Musée
de Saint-Germain.)

fait les honneurs avec la plus grande obligeance. Les dessins de ces fragments accompagnent notre article. On y a joint des dessins d'exemplaires, non pas complets encore, mais donnant une meilleure idée de l'ensemble, qui appartiennent à M. Bertrand (de Moulins)'. C'est, comme on voit, un homme

1. C'est à l'obligeance de notre confrère M. Héron de Villefosse que nous devons la connaissance des exemplaires de M. Bertrand, de Moulins, comme du monument de Trèves que nous citons plus loin.

dans la force de l'âge, aux cheveux longs et épais, à la barbe drue, qui de la main droite levée tient une roue; sa gauche

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s'appuie sur un personnage, une femme peut-être, qu'il semble

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que nous ne retrouverons yeux

de

asservir ou écraser. Cette antithèse
pas sur les autres monuments est le résumé pour les

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quelque histoire mythique que, faute de textes, nous ne pouvons

connaître.

Un autre type est une figurine en bronze, haute de 10 centimètres, trouvée en 1774 au Châtelet, près Saint-Dizier (HauteMarne), et conservée aujourd'hui au musée du Louvre. Cette figure a été plusieurs fois reproduite et nous la donnons encore sous notre no 6. Elle représente un homme, fortement chevelu et barbu, nu et chaussé de brodequins, portant un foudre de la main droite levée, et tenant avec la main gauche une roue à six rais qui touche la terre.

C'est encore une statuette en bronze que le dieu connu par une très bonne gravure de la Revue Archéologique de janvier 1881, gravure qui accompagne un article de M. de Villefosse intitulé: Note sur un bronze découvert à Landouzy-la-Ville (Aisne). La figure mesure 22 centimètres de hauteur. « Le caractère très barbare de cette statuette est frappant, dit M. de Villefosse. A première vue, on croirait avoir sous les yeux une représentation d'Hercule. La tête a une expression sauvage et brutale; la barbe est rudement bouclée; les cheveux, traités de la même façon, couvrent le front; ils sont courts et fournis. Le cou est très large et déborde sur les épaules. » Le dieu est nu; le bras droit est brisé au coude; mais la main gauche tient une roue à six rais et cette roue repose sur une sorte de piédestal. Mais cette statuette nous a été conservée avec son pilastre, lequel porte une inscription | O M || ET N. AVG., c'est-à-dire : I(ovi) Optimo) M(aximo) ET N(umini AVG(usti). L'image est gauloise, mais le dieu a été naturalisé romain et son nom indigène nous échappe ici.

Un monumer.t de Trèves nous fournit un nouvel exemple du dieu, avec un type différent au point de vue iconographique. Il s'agit d'un autel à quatre faces, haut de 84 centimètres, trouvé à Theley, près Tholey, cercle d'Ottweiler, arrondissement de Trèves et conservé aujourd'hui au musée de Trèves. Le monu

1. Longpérier, Notice des bronzes antiques... Ire partie, Paris, 1868, no 14. M. de Longpérier donne à cette occasion la bibliographie du sujet.

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