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512 DE QUELQUES RÉCENTS TRAVAUX D'HISTOIRE MONASTIQUE. offre les épisodes et les péripéties les plus propres à éveiller l'attention et la sympathie du lecteur. Grâce à elle, grâce à ses efforts pour restaurer la règle de Saint-Benoît et l'antique ferveur monastique, ce coin des Vosges fut à la hauteur du reste de la France dans la rénovation de l'esprit religieux et dans les croisades charitables qui signalèrent la première moitié du dix-septième siècle.

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Cette liste de princesses ecclésiastiques, dont Catherine de Lorraine fait le plus bel ornement, se termine dignement par une Bourbon-Condé', comme celle des chanoinesses, où figurent presque tous les grands noms de la noblesse française et allemande, se clôt par celle de Lucile de Chateaubriand. La tante du duc d'Enghien et la sœur de Chateaubriand, associées ainsi à la ruine, à la spoliation, aux derniers jours d'une communauté qui avait duré onze siècles, sont-ce pas là, pour parler comme Bossuet, deux têtes de mort assez touchantes? Ajoutons que le clergé séculier de Remiremont fournit, en la personne de deux de ses prêtres, accompagnés sur l'échafaud par deux humbles servantes, des martyrs à la hache révolutionnaire. Les détails de ce martyre remplissent un des chapitres les plus émouvants du livre de M. Guinot, et achèvent de donner à son œuvre tous les caractères qui peuvent le mieux convenir à une page mémorable de l'histoire du catholicisme. Nous en recommandons la lecture à tous ceux qui aiment la vérité, et nous osons affirmer que personne ne se repentira d'avoir suivi notre conseil.

1 Louise de Bourbon, qui fut depuis abbesse des Bénédictines du Temple, à Paris, et mourut en 1823.

(Correspondant du 25 juillet 1860.)

APPENDICE

ARTICLES NÉCROLOGIQUES

LE COMTE HENRI DE MÉRODE

(1847)

Jamais peut-être les hommes de haute condition n'ont eu un rôle plus difficile et plus délicat à remplir qu'à ces époques de transition où une société s'écroule et disparaît pour faire place à un monde nouveau. De là ce grand nombre d'existences tristes et manquées qui affligent nos regards dans la sphère la plus élevée de la société.

Les uns, dominés par un stérile dépit, se cramponnant avec un aveugle attachement à ce qui n'est plus, cherchent à se mettre en travers du torrent des idées et des mœurs nouvelles qui les renverse et les engloutit.

Les autres, au contraire, abdiquent les traditions et les engagements qu'impose le nom qu'ils ont l'honneur de porter pour adopter tout ce qu'il y a de moins recommandable dans les usages de leurs contemporains, et parviennent ainsi à une déconsidération exactement proportionnée au rang que leur reconnaît encore, même malgré elle, la société moderne.

Heureux ceux qui, soumis à la rude épreuve des bouleversements politiques et sociaux de nos jours, ont su parcourir leur carrière au milieu du respect et de la sympathie de tous, continuer, en l'adaptant aux conditions de leur époque, la grande existence qu'ils ont reçue de leurs pères, et conserver ainsi, pour la société moderne, le type de ce que l'on appelait autrefois, avec une si parfaite justesse: un homme bien né.

Tel fut, à coup sûr, un homme auquel nous voudrions rendre en peu de mots un tardif mais sincère hommage. Henri-Marie-Ghislain, comte de Mérode et du Saint-Empire,

Œuvres. VI.

Art et Littérature.

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grand d'Espagne de première classe, prince de Rubempré, de Grimberghe et d'Everberghe, marquis de Westerloo, etc. Né en 1780, entré dans la vie publique après 1830, il fut le contemporain de la période la plus orageuse de l'histoire moderne, et il la traversa, non-seulement sans reproche et avec honneur, mais avec le rare mérite d'avoir bien compris son temps, d'avoir beaucoup joui de la vie et de l'avoir fait beaucoup aimer autour de lui. Élevé dans l'émigration, au lieu de puiser dans cette première et pénible épreuve de l'exil une amertume quelconque, il sut au contraire en profiter pour y développer son esprit, en élargir toutes les avenues, et conquérir cette bienveillante intelligence de l'époque nouvelle qui s'alliait si bien dans son caractère et dans sa conduite avec le tendre respect des anciennes traditions, et le fidèle accomplissement de toutes les obligations que comportait sa naissance.

Revenu dans sa patrie, il se maria de bonne heure avec mademoiselle de Thézan, héritière d'une des plus nobles races du Midi et digne petite-fille de cette sainte duchesse d'Ayen, qui fut immolée en même temps que sa mère et sa sœur sur l'échafaud de la Terreur. Cette alliance lui assurait, du vivant même de ses parents, tous les avantages d'une existence indépendante et considérable. Mais loin de végéter dans cette coupable oisiveté que semble autoriser de nos jours la possession ou l'attente d'une grande fortune, il consacre ses loisirs à des études approfondies et fécondes.

Convaincu que la renaissance des croyances religieuses était le premier besoin de notre temps, il résolut de travailler à la propagation des idées catholiques dans le domaine où elles avaient été le plus altérées, celui de l'histoire et de la politique.

Il commença, comme il le dit lui-même dans une lettre re

On peut lire, dans le Correspondant du 10 avril 1847, l'admirable récit du supplice de ces trois dames, le 22 juillet 1794, par le prêtre qui leur donna l'absolution pendant qu'elles étaient sur la fatale charrette.

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