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semblerait l'annoncer. Ce qui peut surtout faire naître des doutes, c'est l'inscription gravée sur une pierre incrustée dans la tour, inscription qui indique un certain Renauld comme auteur de l'édifice, car la forme des lettres a paru annoncer le XI.siècle à plusieurs paléographes(1). Cependant comme il y a dans cette église des parties considérables refaites après coup (2), qu'il est douteux que la tour soit du même temps que la nef, il serait possible que l'inscription parlat d'une grande reconstruction plutôt que de la construction primitive.

Quoi qu'il en soit, l'église de Vieux-Pont

(1) L'inscription est ainsi conçue :

VII. ID. FEBR. OBIIT

RANOLDVS.

ILLE FVIT NATVS

DECESTA FRAN

CORVM. ANI··

...MA EIVS REQVI

ESCAT IN PACE.

AM. ILLE FEC. ISTAN

ECCESIA.

(2) La tour qui pourrait, d'ailleurs, être de deux époques est appliquée contre le mur méridional du chœur, et elle masque une des fenêtres qui servaient à l'éclairer; ainsi efle serait moins ancienne que cette partie de l'église. Les briques qu'on y voit dans la partie inférieure, qui paraît plus ancienne que le haut, sont en général moins grandes que celles des murs de la nef: quelques-unes même ne sont que des morceaux retaillés.

présente un des exemples, si rares aujourd'hui, de cette maçonnerie en petit appareil avec chaînes de briques, et je ne peux omettre de la citer, me réservant à faire des recherches ultérieures sur son origine.

Les parties les plus remarquables de cette église sont le mur méridional de la nef et la façade; mais il faut distinguer dans celle-ci des reprises faites à plusieurs époques : la porte doit avoir été reconstruite au XI. ou au XII. siècle; du côté gauche de cette porte, l'absence de cordons en briques dans la maçonnerie annonce aussi une reprise; la niche pratiquée audessus de la porte doit être du XVI. siècle, et le gable a été exhaussé pour donner au toit plus d'inclinaison.

Dans le mur méridional, on voit encore les restes des fenêtres primitives; elles étaient étroites, cintrées, sans colonnes, et bordées d'un triple cordon de briques (1). Trois assises de briques forment les cordons horizontaux placés de distance en distance dans la maçonnerie de petit appareil; ces briques ont environ 15 pouces de longueur et sont séparées par une

(1) Il est fâcheux que pour se procurer plus de jour, on ait détruit presque toutes ces fenêtres pour leur substituer des ouvertures informes et du plus mauvais goût.

couche de mortier aussi épaisse que la brique

elle-même.

La nef forme un parallélogramme d'environ 14 mètres sur 8 hors œuvre; le chœur plus étroit peut avoir 8 mètres de longueur sur 5 de largeur (1).

m

St.-Généroux. L'église St.-Généroux, à deux lieues d'Airvault, entre Thouars et Parthenay (Deux-Sèvres), se composait originairement d'une simple nef sans plafond, de 21TM. 50 sur 11. o (proportion de 2 à 1), à l'extrémité de laquelle se trouvaient trois apsides dont une au centre plus grande que les deux autres. En supprimant par la pensée les transepts qu'on y voit à présent et quelques additions faites à l'extérieur, on rétablit facilement la disposition primitive de l'édifice.

Le revêtement des murs latéraux offre des appareils très-anciens, tels que l'appareil réticulé, celui que j'appelle en arête de poisson (opus spicatum) et le petit appareil ordinaire.

Les fenêtres sont à plein cintre, sans co

(1) On trouvera une description complète de l'église de VieuxPont dans ma Statistique monumentale du Calvados: j'en ai présenté une esquisse à la Société des Antiquaires de Normandie; elle a été depuis dessinée avec beaucoup de soin par M. de Brébisson, de Falaise.

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en pierre reposant sur des consoles court d'une fenêtre à l'autre, au niveau des impostes, et décrit des cercles encadrant les archivoltes: l'espace compris entre chaque fenêtre est occupé par un fronton triangulaire; un second cordon horizontal décrit une ligne continue au-dessus de ces frontons. Le tout est surmonté de plusieurs assises de pierres.

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Legrand comble orien

tal au-dessus des apsides présente aussi différents appareils curieux.

Un fait digne de remarque, c'est qu'au lieu de se servir de pièces

de même forme et de

même volume, on a, dans plusieurs parties des

murs, employé des pierres de taille d'une dimension assez considérable, sur lesquelles on a figuré les compartiments réguliers de l'appareil, au moyen de rainures creusées dans la pierre et remplies de ciment coloré.

La simplicité du plan primitif de l'église, l'absence de contreforts, les frontons triangulaires figurés entre les fenêtres sans colonnes, la forme des consoles ou modillons, porte à croire que cet édifice est antérieur à l'an mille, et peut être des VIII. ou IX®. siècles (1).

Parmi les églises qui offrent des murs en petit appareil avec chaînes de briques, on cite une partie de l'église de Juigney (Maine-et-Loire), la petite église St.-Mesmin, à une lieue d'Or léans, décrite par M. Duchallais ; celle de St.André à Domagné (Ille-et-Vilaine), à 3 lieues de Vitré, qui offre dans ses murs en petit appareil trois rangs de briques horizontaux et

(1) J'avais parlé de l'église St.-Généroux dans la première édition de mon Cours, d'après le dessin que M. de La Fontenelle avait bien voulu me communiquer; depuis cette époque (1830), j'ai pu visiter St.-Généroux, et je me suis convaincu par moi-même de l'intérêt de ce petit monument. MM. Arnoult et Beaugier et M. Segrestain; architecte du département des Deux-Sèvres, le regardent comme le plus ancien du pays. M. Segrestain qui en a fait depuis peu une étude spéciale est convaincu qu'on peut le faire remonter aux VIIo. ou au VIII. siècle.

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