aient été élevées en même temps que le corps central de l'édifice (1).

Les murs de l'église St. Jean sont construits avec une grande solidité; les pierres du revêtement ne sont pas carrées elles sont plus larges que hautes, ayant trois ou quatre pouces en hauteur et de sept à quinze pouces en largeur. C'est ce que j'ai appelé petit appareil allongé dans la seconde partie du Cours.

On a mis beaucoup de négligence dans l'ajustement des principaux ornements extérieurs. Partout on remarque un défaut de symétrie tel que les quatre pilastres, déjà assez barbares, qui ornent chacun des murs au niveau des fenêtres (voir pl. XLIV bis) ne sont pas d'aplomb, et que les corniches presque toutes de travers n'ont pu être maintenues en lignes horizontales, malgré le peu d'étendue des faces de l'édifice.

L'église St.-Jean est décorée avec une certaine magnificence. Comme les ornements sont

(1) J'ai remarqué dans le mur d'une maison peu éloignée une rosace entourée d'une bordure carrée et surmontée d'un triangle, absolument semblable à celle qui se trouve dans le fronton du corps avancé qui existe encore. Il faut bien que cette sculpture provienne de quelque partie détruite de l'église St.-Jean.

à

peu près les mêmes sur les trois côtés anciens, il suffit d'en faire connaître l'ordonnance d'un seul côté.

Je présente donc (pl. XLV, fig. 1) une vuc du mur latéral qui tient à l'espèce de chapelle dont j'ai parlé.

On voit d'abord dans ce mur trois arcades, dont une grande ouverte et deux plus petites fermées. Les arcs de ces deux espèces de portes reposent sur des colonnes en marbre qui paraissent avoir été arrachées à des édifices plus anciens, car chacune d'elles varie en grosseur et en hauteur, et il résulte de ce défaut de proportion des différences notables dans le niveau des impostes qui supportent les bases d'une même arcade. On est frappé de cette différence en comparant les impostes du grand cintre de l'arcade centrale. La colonne qui supporte la base de cet arc, du côté droit, est surmontée d'un entablement à peu près complet, ayant son architrave, sa frise et sa corniche, tandis que du côté gauche le même arc descend plus bas et vient reposer presque immédiatement sur le chapiteau de la colonne. Ces incohérences, dont nous avons déjà vu quelques exemples à l'extérieur du monument, prouvent la négligence des architectes plus encore que

leur inhabileté. Il semble qu'ils aient voulu faire entrer dans cet édifice les matériaux qu'ils avaient réunis, sans se donner la peine de les ajuster convenablement.

Les chapiteaux s'adaptent assez mal avec les fûts; ceux-ci sont tous d'une seule pièce, d'un marbre étranger dont j'ignore l'origine. Le marbre des chapiteaux est plus compacte, d'un blanc tirant sur le gris.

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Dans la partie supérieure du mur on voit deux fenêtres rondes qui existent sur chacune des faces de l'église (1). Entr'elles est une niche couronnée d'une espèce de fronton ou d'arc brisé, angulaire, comme on en rencontre dans plusieurs monuments des V., VI., VII., VIII° et IX. siècles. Les petites colonnes qui décorent les embrasures des niches et des fenêtres, aussi bien que celles qui remplissent les mêmes fonctions dans la petite apside qui répond à la grande arcade (voyez la pl. XLV) n'ont pas le même caractère que les colonnes des grands cintres; leurs chapiteaux, qui évidemment ont été faits pour les fûts qui les portent, sont différents les uns des autres (2). On pourrait croire qu'elles

(1) Ces fenêtres s'élargissent à l'intérieur de l'édifice... (2) J'ai reproduit sur la pl. XLV (n°. 3 et 4) deux chapiteaux

ont été taillées pour la place qu'elles occupent dans des colonnes romaines plus volumineuses.

On remarque au haut des murs de la partie centrale de l'église St.-Jean des peintures à fresque très-anciennes : j'y ai distingué, autant qu'il m'en souvient, le paon, symbole de l'immortalité, et des oiseaux palmipèdes, emblématiques du baptême, parce qu'ils vivent dans l'eau. Il serait à désirer que ces peintures fussent publiées.

Je laisse de côté plusieurs questions qui ont déjà été faites sans avoir été complètement résolues, telles que celle de savoir si tous les ornements que nous voyons aujourd'hui, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, sont du temps de la fondation, et si la petite chapelle placée au Nord Est ne serait pas d'une date postérieure à celle du principal corps de l'église, par exemple, du VII. ou du VIIIo. siècle; si cette date ou une date plus récente ne conviendrait point aux colonnettes qui décorent les fenêtres. La discussion de ces questions qui devrait trouver place

tirés de la petite chapelle les fûts des colonnes de cette partie du monument varient en longueur suivant que la corbeille du cha-* piteau est plus ou moins haute; l'un d'eux m'a présenté 8 pouces de diamètre sur 3 pieds 5 pouces de hauteur; un autre 7 pouces de diamètre seulement.

dans une monographie, m'entraînerait dans de trop longs détails.

De ce que l'église St.-Jean est formée de pièces mal ajustées, et dont quelques-unes ont été tirées de monuments antérieurs, on peut conclure avec certitude qu'elle n'a été élevée qu'après la destruction de l'idolâtrie à Poitiers.

La croix sculptée deux fois sur les façades, les poissons qui forment les volutes d'un des chapiteaux corinthiens de l'arcade, figurée pl. XLV, et les peintures de la frise, annoncent, d'ailleurs, un temple chrétien.

Mais dira-t-on : la forme de l'édifice ne ressemble point à celle d'une église. Cette objection qui a souvent été reproduite, me paraît facile à résoudre. Il est, en effet, bien prouvé que l'église St.-Jean a servi d'oratoire et de baptistère. En faisant des fouilles, on a découvert, au-dessous du pavé, une piscine revêtue de marbre, dans laquelle on avait administré le baptême par immersion. Dom Martenne rapporte qu'autrefois on ne baptisait jamais dans les autres paroisses de Poitiers, et que l'église St.-Jean servait de baptistère pour toute la ville (1).

(1) Voyage littéraire, p. 3. Nous reviendrons sur l'ancienne destination de l'église St.-Jean en parlant des baptistères.