Page images
PDF
EPUB

que

de

Il résulte d'un grand nombre de passages l'histoire des Papes d'Anastase-le-Bibliothécaire, les rideaux de soie étaient quelquefois brochés d'or. On y voyait des croix, des roues et diverses figures; quelques-uns étaient même enrichis de perles.

Enfin les poutres, les boiseries, les balustrades, les lambris en marbre étaient souvent revêtus de lames de métal, et quelquefois d'or et d'argent (1).

Il y aurait un cours complet à faire sur la décoration intérieure des églises, sur les étoffes et les objets précieux qui servaient au culte, d'après l'énumération que donne Anastase des dons faits par les papes aux différentes églises de Rome et de l'Italie; l'examen de ces nombreux documents nous entraînerait beaucoup trop loin, interromperait l'histoire que je me suis proposé

majore aliam similiter vestem....... Anast. in vita Hadriani.

Gregorius IV (ann. 827) vela de fundato 26 et linea similiter quæ pendent per arcus ecclesiæ. Vela Alexandrina tria ante portas majores pendentia, habentia homines et caballos. Anastase, ouvrage cité, p. 161.

(1) Fecit in ecclesia B. Petri apostoli vela cum chrysoclavo numero quatuordecim habentia diversas historias evangeliorum et passiones B. Petri ac Pauli necnon Andreæ apostoli quæ dependent inter imagines auro argentoque fusas in trabe desuper argentata, antequam adeas sacram confessionem, speciosa valdė visibus humanis atque præcipua. - Anast. in vita Leonis III, p. 162.

de tracer; mais je recommande la lecture de cet auteur à tous ceux qui voudront acquérir des notions précises sur les ornements, les vases sacrés et les draperies des églises; la vie d'un seul pape, celle de Léon III, fournit dans Anastase une immense quantité de renseignements sur ce sujet intéressant.

Je ne me dissimule pas, Messieurs, combien les notions qui précèdent sont élémentaires et incomplètes; mais pour vous donner une idée plus précise du style des anciens édifices religieux, du genre et de l'effet de leurs ornements, je vais offrir la description de quelques-uns de ceux qui m'ont paru particulièrement remarquables, et qui appartiennent à des époques différentes, mais incontestablement antérieures à la période romane secondaire.

Eglise St.-Jean de Poitiers. L'église St.Jean de Poitiers est probablement l'un des plus anciens monuments religieux qui existent en France (1). Déjà examinée par un assez grand nombre d'antiquaires, les uns l'ont prise pour un temple élevé sous Auguste, les autres pour

(1) Cette église est située à l'une des extrémités de la ville, derrière l'évêché, à peu de distance et au sud de la cathédrale.

un édifice du III. siècle; d'autres n'y ont vu qu'un ancien tombeau romain. Le savant abbé Leboeuf, plus versé dans la connaissance des antiquités, soutint au contraire que ce petit édifice avait été dès son origine un monument chrétien, et cette dernière opinion me paraît la seule qui soit admissible (1).

Le principal corps de ce bâtiment est en forme de carré long ayant environ quarante pieds sur vingt-cinq.

Une addition faite au XIe. ou au XII. siècle parallèlement à l'un des grands côtés du carré (celui du sud-ouest) défigure un peu l'édifice, mais il est aisé d'en reconnaître la forme en examinant la pl. XLIV bis et la comparant à la pl. XLV, où j'ai tracé le plan de l'église; j'ai eu soin de distinguer des autres, au moyen de hachures, les parties qui se rapportent à la construction primitive.

Les petits côtés du carré appartenant à l'église ancienne sont terminés par des pignons ou gables à double égout.

Au centre de chaque gable, on remarque trois grandes pierres sculptées (V. la pl. XLIV bis).

(1) V. la dissertation publiée par Siauvé en 1804 et l'ouvrage de Dufour sur le Poitou.

Celle du milieu, qui est la plus haute, présente un carré encadrant une rosace, et surmonté d'un fronton triangulaire dont le centre est orné d'un fleuron; les deux autres pierres n'offrent que des frontons triangulaires au milieu desquels on remarque des fleurons à six feuilles, formés de pièces en terre cuite incrustées.

Une corniche supportée par des modillons règne au-dessous du gable, et plus bas se trouvent plusieurs rangs alternatifs de briques et de pierres de taille; on a placé dans cette partie du mur une arcade cintrée dans le tympan de laquelle est une croix grecque et de chaque côté de cette arcade un fronton triangulaire dans le même goût que ceux du gable.

Ces différents ornements reposent sur une corniche soutenue par quatre pilastres peu saillants et fort courts, dont les chapiteaux sont d'une exécution grossière.

Deux ouvertures rondes se voient aussi dans cette partie de la façade, mais on reconnaît sacilement qu'elles étaient primitivement plus allongées ; ce n'est qu'après avoir été bouchées en partie que ces fenêtres sont devenues de simples ouvertures en œil-de-bœuf (V. la pl. XLIV bis).

Au-dessous des fenêtres était une corniche et

une porte bouchée depuis long-temps par l'addition d'une espèce de corps avancé semi-circulaire formant apside.

L'autre pignon, en face du précédent, offre les mêmes ouvertures semblablement disposées; seulement la porte est fermée par un mur droit et non par un mur circulaire.

En considérant le plan (fig. 2, pl. XLV) vous remarquez qu'il n'y a plus qu'un des grands côtés (le côté b) qui soit du même temps que les pignons; mais on peut affirmer hardiment que le mur refait était, dans l'origine, semblable à celui qui est en face. Ce dernier est orné de quatre pilastres pareils à ceux des petits côtés, surmontés de quatre rangs de briques séparés par des assises en pierres.

Dans la partie basse du mur est un petit corps avancé (voir sur la pl. XLV le plan de l'édifice), carré à l'extérieur, hexagone à l'intérieur, couronné d'un fronton dans lequel est un ornement semblable à celui que nous avons remarqué au centre des frontons du grand comble (voir la pl. XLIV bis). Je suis persuadé qu'une chapelle semblable était attenante au mur opposé avant sa reconstruction, et qu'ainsi le monument avait la forme d'une croix, sans prétendre que ces deux chapelles

« PreviousContinue »