Page images
PDF
EPUB

unes des autres par deux ou trois briques accolées (pl. LVI, fig. 1), et disposées suivant le système que nous avons observé précédemment dans les arènes de Bordeaux, dans les murs du Mans et dans beaucoup d'autres constructions romaines (1); il était assez ordinaire d'encadrer cette archivolte mi-partie de pierre et de brique, dans une bordure tantôt simple (pl. XLVII), tantôt double (pl. XLVI, et pl. LVI, fig. 1), de briques disposées en demi-cercle. Lorsque ce cordon était double, comme dans l'église de Savenières (pl. XLVI), un rang de pierres rectangles de petit appareil, remplissait quelquefois l'intervalle compris entre les deux cordons semi-circulaires,

Dans les fenêtres où l'on n'a point employé la brique, les cordons dont je parle ont souvent été remplacés par des saillies en pierre, simples ou doubles, qui produisent un effet à peu près semblable (pl. LVI, fig. 4).

Portes. Le cintre des portes reposait ordinairement sur de simples pieds droits ou pilastres, plus rarement sur des colonnes. Presque toujours une porte carrée était ouverte au milieu de l'arcade principale, et l'on mettait en

(1) V. la 3. partie du Cours.

pratique le précepte que donne Vitruve (1) « d'élever une voûte au-dessus du linteau,

[ocr errors]

afin que le poids du mur supérieur porte « sur les pieds droits, et qu'ainsi on évite les « fractures qu'un poids considérable pourrait <<< occasionner dans les linteaux »> (voir la fig. 2, pl. LIV).

Le tympan était rempli tantôt en petit appareil simple ou réticulé, tantôt par l'image de la croix ou par quelque autre bas-relief.

Les portes principales étaient placées dans la façade de l'Ouest au milieu des transepts et dans les murs latéraux, soit au Nord, soit au Midi.

Arcades. Les arcades qui mettaient la nef en communication avec les ailes n'offraient le plus souvent pour ornement que des pierres symétriques, quelquefois séparées les unes des autres par des briques suivant le système du temps (voir l'église St.-Martin d'Angers, pl. XLVI); mais la grande arcade qui était au milieu des transepts, entre le chœur et la nef, était quelquefois ornée d'incrustations et de moulures. Cette arcade portait, dans les premières églises, le

(1) Liv. vi, chap. XI.

4

nom d'arc triomphal, parce qu'elle ressemblait à un arc de triomphe.

Voûtes. La plupart des églises romanes primordiales n'étaient point voûtées en pierre ; la charpente qui supportait le toit demeurait souvent à nu comme dans les basiliques romaines, et les plafonds, lorsqu'on en faisait, étaient presque tous en bois. Les anciens architectes éprouvaient une grande difficulté à construire des voûtes un peu larges en pierre, ce ne fut qu'assez tard, vers le XII. siècle, et surtout après l'introduction de l'ogive au XIII., qu'ils devinrent habiles dans ce genre de travail.

Le petit nombre de voûtes en pierre qui furent élevées dans nos églises romanes primitives présentaient, comme celles que nous trouvons encore dans quelques monuments romains, et comme celles qu'on fit dans les XI., XII. et XIII. siècles, un massif formé par des moellons de toute forme, mais généralement d'un petit volume, noyés dans du mortier. On ne voutait guère que la partie semicirculaire du chœur et les ailes.

Tours. Les Romains se servaient de cloches, et ce furent eux qui les introduisirent en Gaule, mais l'époque où ces instruments devinrent d'un

usage général dans les églises, n'est pas encore certaine on la fixe communément au V. siècle. D'abord peu volumineuses, les cloches ne nécessitèrent pas l'érection d'un bâtiment particulier; ce ne fut guère qu'au VIIIa. ou au IX®. siècle que leur volume plus considérable rendit les tours indispensables. Anastase-le-Bibliothécaire rapporte qu'en 770 le pape Etienne III en fit bâtir une sur l'église St.-Pierre de Rome, dans laquelle il plaça trois cloches pour appeler les fidèles aux offices (1). L'auteur ne dit pas que cette église manquât de tour auparavant, mais il y a lieu de le supposer.

Or, si la première basilique du monde chrétien ne fut pourvue d'une tour que dans la deuxième moitié du VIII. siècle, nous pouvons admettre hardiment qu'on n'en éleva guère avant cette époque dans la France occidentale. Et encore y furent-elles rares jusqu'à la fin du X. siècle. La plupart de nos abbayes n'en avaient point encore dans le IX., car il n'en est point fait mention dans les descriptions

(1) Stephanus III A D 770 fecit super basilicam S. Petri turrim in quâ tres 'posuit campanas quæ clerum et populum ad officium Dei convocarent (Anastat. biblioth. in vitâ Stephani III.)

que nous possédons de plusieurs de ces églises, et qui renferment des détails très-circonstanciés sur leur forme, les murailles, les fenêtres le pavé, les dorures et sur les différentes parties de ces édifices tels qu'ils existaient alors.

Tout en admettant que les tours d'églises furent extrêmement rares chez nous avant le IX. siècle, je ne prétends pas déterminer l'époque de leur apparition ni la limiter au VIII.; quelques rudiments de tours pouvaient déjà s'être montrés auparavant.

L'association des tours avec le corps des édifices religieux présenta pendant long-temps de très-grandes difficultés; tantôt on les plaça près du portail de l'Ouest, quelquefois aux extrémités des transepts; mais bien souvent les architectes moins hardis établirent leurs tours à côté des églises et en firent ainsi des constructions accessoires presque sans liaison avec les autres parties des édifices. C'est ainsi qu'on les trouve presque toutes à Ravenne et dans les villes d'Italie.

Quelle que fût d'ailleurs la place qu'elles occupaient, les tours étaient assez ordinairement carrées, terminées par une toiture pyramidale

« PreviousContinue »