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rapide suivant les lieux, dut tenir à une multitude de circonstances que je n'ai point eu le loisir de rechercher et qu'il me serait impossible d'indiquer autrement que pour certains pays. Vous savez, Messieurs, que les artistes italiens attirés en France par François Ier. ont élevé, pour ce prince, bon nombre d'édifices de ce style, dans les lieux où il avait des maisons de plaisance. Bientôt le goût du monarque devint contagieux, les seigneurs et les hauts dignitaires de l'état s'empressèrent de l'imiter en faisant reconstruire, dans ce style, leurs châteaux et leurs maisons de ville. Les bords de la Loire nous offrent une zône très riche de monuments de cette espèce.

S'il m'est impossible d'indiquer la géographie des monuments de la renaissance, au moins puisje affirmer, dès ce moment, que ce style n'a pas partout présenté les mêmes caractères.

Je crois pouvoir dire aussi que la Belgique, l'Alsace et la Lorraine, ont mis peu d'empressement à l'adopter pour leurs constructions. Autant que j'ai pu le remarquer, durant mes courtes excursions dans ces pays, les exemples du style de la renaissance y sont rares; on y est avec raison resté fidèle à cette architecture ogivale qui avait acquis, au XV*. siècle, un si haut

degré de perfection dans ces régions septentrionales. Pendant que chez nous on revenait au classique, par l'intermédiaire de ce style mixte dont le palais de George d'Amboise, à Gaillon, et le château de Chambord nous fournissent les plus beaux types, aussi bien que l'apside de l'église St.-Pierre de Caen, et le château de Fontaine-Henri; en Belgique, on construisait le plus souvent d'après les règles en vigueur à la fin du siècle précédent.

Après l'abandon complet de l'ogive, un style lourd et sans grâce vint se substituer aux types que nous venons d'admirer; mais il n'entre pas dans notre plan d'étudier cette architecture imitée du style italien et qui appartient à la période moderne.

Conclusion. Le terme du règne de l'ogive est aussi celui de nos recherches sur les variations de l'architecture religieuse du moyen âge.

Nous avons reconnu que les premières églises ont été calquées sur les basiliques romaines; que l'architecture usitée en France à partir du V. siècle, n'était elle-même que l'architecture romaine plus ou moins altérée, et qu'alors on élevait beaucoup de monuments en bois.

Nous avons suivi les modifications que cette

architecture a subies au XI. siècle et au XII.; puis nous avons recherché comment l'arcade en tiers point fut substituée au plein cintre durant le XII. siècle.

Après avoir attentivement examiné les caractères du style ogival au XIIIo. et au XIVa., nous l'avons vu graduellement décheoir durant le XV., et finalement abandonné dans le XVI. siècle et le XVII.

Je me suis attaché principalement à vous offrir des principes de classification pour reconnaître approximativement l'ancienneté relative des monuments religieux,

La nécessité où j'étais de me borner à des aperçus généraux, dans un cours élémentaire tel que le nôtre, ne m'a pas permis d'insister sur beaucoup de détails importants sans doute, mais qui auraient compliqué les démonstrations, et embarrassé la mémoire.

Lorsque vous serez plus familiers avec l'étude des monuments du moyen âge, vous pourrez donc trouver des lacunes dans le tableau historique que je viens de vous présenter. Il est probable aussi qu'il faudra par la suite apporter quelques modifications aux principes que j'ai posés, car personne en France ne m'a devancé dans la carrière que je viens de parcourir, et

je n'oserais me flatter d'avoir constamment réussi dans les recherches que j'ai entreprises. J'appellerai d'ailleurs de tous mes vœux et je ne cesserai de provoquer des observations de nature à perfectionner ma méthode, à rectifier les erreurs que j'ai pu commettre.

Allocution finale. En terminant ce qui a rapport aux monuments religieux, permettezmoi de réclamer pour eux votre protection. Aujourd'hui, dans toutes les parties de la France, le spectacle de la destruction vient affliger l'ami des arts; les édifices les plus respectables tombent de tous côtés sous le marteau des spéculateurs, et, sous ce rapport, jamais siècle ne fut plus barbare que le nôtre. On voudrait que les monuments eussent une utilité physique, et l'on ne songe pas qu'ils forment une partie de la gloire nationale.

On renverse impitoyablement tout ce qui peut rendre la patrie grande et intéressante! Nous faisons chez nous ce que les Vandales ne faisaient que chez leurs ennemis !

Chacun de nous, Messieurs, peut s'opposer aux dégradations par la voie de la persuasion; chacun de nous peut signaler les édifices remarquables, les faire connaître par tous les

moyens possibles, afin qu'une voix unanime s'élève contre le barbare qui voudrait y porter atteinte.

Employons donc toute notre influence pour neutraliser les efforts des modernes Vandales. Nous aurons bien mérité du monde civilisé auquel il importe que les chefs-d'œuvre ne soient point mutilés ou détruits; en même temps nous aurons bien mérité de la patrie ; il y a patriotisme, j'ose le dire, à lutter contre le génie destructeur qui plane sur la France.

du

FIN DE LA QUATRIÈME PARTIE.

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