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tielles que je ne dois pas omettre d'indiquer. La plus notable, peut-être, fut l'apparition des transepts, c'est-à-dire l'élargissement que prit le vaisseau entre l'apside et les nefs, de manière à donner au plan de l'édifice la forme d'une croix (pl. XLIII, fig. 9. Voir fig. 5, même planche, l'intérieur de St.-Paul hors les murs). Quelquefois aussi, au lieu d'une seule apside, on en fit trois de proportions différentes, et l'on mit leur diamètre en rapport avec la largeur des nefs vis-à-vis desquelles elles étaient placées (pl. XLIII, fig. 8). Enfin dans quelques églises on doubla les rangs de colonnes de manière à produire cinq nefs au lieu de trois; c'est ce qui eut lieu dans l'église de St.-Paul hors les murs, et dans celle de St.-Pierre élevée au IV. siècle. Le plan de cette église a été conservé (voyez la fig. 9, pl. XLIII). Elle était comme celle de St.-Clément, précédée d'une cour ou atrium.

Le sénat avait orné l'arc de triomphe de Constantin aux dépens de celui de Trajan; les Chrétiens suivirent aveuglément ce déplorable exemple: ils exploitèrent sans pitié les édifices de l'ancienne Rome. Les métaux furent fondus, les colonnes déplacées, les marbres arrachés. Tous ces matériaux furent employés, ainsi que les peintures et les mosaïques, à la décoration in

térieure des premières églises; mais elles conservèrent à l'extérieur la simplicité des basiliques; leurs murs unis, percés de fenêtres arrondies, ne présentaient pas de colonnes ni d'entablements travaillés, si ce n'est parfois du côté de la façade où se trouvaient les principales portes d'entrée. L'église de St.-Paul hors les murs (1), reproduite en partie sur la pl. XLIII (fig. 4) et plusieurs autres que je pourrais citer, montrent bien cette simplicité extérieure des premiers temples chrétiens.

Mais, sans nous arrêter plus long-temps à l'examen des monuments religieux de l'Italie, revenons en France, et cherchons à acquérir des idées précises sur l'état primitif de l'architecture dans nos contrées.

Le Christianisme paraît s'être introduit dans la Gaule vers la fin du II. siècle, époque à laquelle plusieurs congrégations se formèrent dans les provinces méridionales. Au IIIo. siècle, le nouveau culte fit quelques progrès, des missionnaires partirent de Rome pour aller prêcher à Narbonne, à Toulouse, à Limoges,

(1) L'église St.-Paul a été brûlée en 1823, mais beaucoup de personnes ont pu voir cette église et que le pape Grégoire XVI la fait reconstruire sans rien changer à ce qui existait; quelques parties de l'apside ont, d'ailleurs, été sauvées.

à Clermont et en Touraine. Il paraît que vers l'an 250, saint Nicaise et ses compagnons avaient essayé de pénétrer dans la deuxième Lyonnaise et qu'ils furent martyrisés en chemin; ce serait en 260 environ, suivant l'opinion commune, qu'il faudrait placer l'arrivée de saint Mélon, premier évêque de Rouen (1).

Quoi qu'il en soit, jusqu'au règne de Constantin, il n'y eut point en Gaule d'églises proprement dites, et l'on célébrait les mystères dans les maisons des nouveaux convertis, dans des cryptes et des lieux retirés; mais après l'avènement de ce prince, le christianisme prit un accroissement rapide dans les provinces comme dans l'Italie, et les églises s'y multiplièrent. Constantin en fit construire lui-même une à Clermont; d'autres s'élevèrent ailleurs sur des plans apportés de Rome.

On ne peut guère donter que les évêques qui prêchèrent l'évangile, au IV. siècle, dans les provinces de l'Ouest, n'aient élevé des oratoires dans toutes les villes épiscopales. L'apôtre de la Touraine, saint Martin, fonda une église

(1) La plus ancienne date certaine que nous ayons relativement aux premiers apôtres qui s'établirent dans la seconde Lyonnaise, est celle qui nous est fournie par la présence d'Avitien, deuxième évêque de Rouen, au concile d'Arles, en 314.

sous l'invocation de saint Pierre et de saint Paul, dans la ville de Tours où déjà Litorius, son prédécesseur, avait transformé en chapelle la maison d'un sénateur (1). Briccius et Eustochius, ses successeurs, animés du même zèle, en construisirent d'autres dans la même ville et aux environs (2). Ces églises étaient petites et sans doute proportionnées au nombre et aux ressources des personnes qui avaient embrassé la foi chrétienne.

Mais on ne connaît guère aujourd'hui, en France, d'édifices de ce genre que l'on puisse avec certitude rapporter à une époque aussi éloignée.

La crypte de St.-Gervais à Rouen, que quelques personnes regardent comme un monument du IV. siècle, dans lequel saint Mélon aurait été enterré, est peut-être le seul monument de ce temps, qui subsiste encore dans le Nord-Ouest de la France.

Dans la deuxième moitié du V. siècle, les édifices religieux commencèrent à devenir plus

(1) Edificavit ecclesiam primam infra urbem turonicam, cùm jam multi christiani essent: primaque ab eo ex domo cujusdam senatoris basilica facta est. Greg. Tur. hist. Franc. l. x. ch. 31.

(2) Briccius ædificavit ecclesiam parvulam super corpus beati Martini. Grégoire de Tours, histoire de France. - Ferunt instituisse ecclesias per quosdam vicos. ibid. Liv. x.

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vastes, et quelques-uns furent bâtis avec une certaine magnificence.

Perpétuus, évêque de Tours, sous le règne de Childéric, voyant que la petite église bâtie par Briccius sur le tombeau de saint Martin ne pouvait contenir tous les fidèles qui venaient y prier, en éleva une autre plus digne de la mémoire du saint évêque dont elle recouvrait les restes. Grégoire de Tours fait une courte description de cette église elle avait, dit-il, cent soixante pieds de longueur, soixante pieds de largeur et quarante-cinq pieds de hauteur; dans tout l'édifice il y avait cinquante deux fenêtres et cent vingt colonnes (1). Le même prélat bâtit plusieurs autres églises dont parle Grégoire de Tours (2). L'une d'elles, sous l'in

(1) Qui cùm virtutes assiduas ad sepulchrum ejus fieri cerneret (circa annum 460) cellulam quæ super eum fabricata fuerat, videns parvulam, indignam talibus miraculis judicavit. Quâ submotâ, magnam ibi basilicam quæ usqué hodié permanet fabricavit : quæ habetur à civitate passus quingentos quinquaginta.

Habet in longum pedes centum sexaginta, in latum sexaginta. Habet in altum usque ad cameram pedes quadraginta quinque. Fenestras in altario (le chœur) triginta duas, in capso (la nef) viginti. Columnas quadraginta unam.

In toto ædificio fenestras quinquaginta duas, columnas centum viginti, ostia octo, tria in altario quinque in capso. Grég. de Tours, hist. de France, liv. 11, S. 14.

(2) Multas et alias basilicas ædificavit quæ usqué hodiè in Christi nomine constant. Lib. II, §. 14.

Hujus tempore ædificatæ sunt ecclesiæ in vicis (vers le milieu du

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