Page images
PDF
EPUB

CHAPITRE VIII.

Du style ogival primitif

(Depuis 1180 environ jusqu'à 1300 ).

--

Observations préliminaires sur l'état progressif de l'art au XIIIe siècle. Description succincte des formes et des ornements appliqués aux différentes parties des monuments de cette époque.-Un mot sur la filiation des combinaisons usitées au XIII. siècle et sur les rapports qui existent entre les diverses parties des monuments romans et celles des monuments à ogives de la première époque.

Considérations sur l'effet prodigieux des monuments du XIII. siècle et sur les éléments qui le produisent. Moyens d'exécution. Les peuples étaient animés, au XII. et au XIII. siècle, d'un zèle extraordinaire pour bâtir des églises sur de nouveaux modèles. Conclusion.

[ocr errors]

Nous avons reconnu qu'on n'abandonna pas entièrement l'architecture romane avant le XIII. siècle; mais que dès le XII. on éleva des églises dans le style ogival; le tableau que je vais présenter des caractères de cette nouvelle architecture s'appliquera donc principalement aux monuments du XIII., mais il conviendra aussi à une partie de ceux de la fin du XII. siècle.

Quoique les monuments à ogive, élevés depuis

cette dernière époque jusqu'au XIV. siècle, offrent les mêmes caractères généraux, cependant l'état progressif de l'art est visible dans cette série d'édifices, et l'on remarque des différences entre ceux qui remontert au commencement et ceux qui appartiennent à la fin de cette période.

A la fin du XII. siècle et au commencement du XIII., l'architecture nouvelle est empreinte d'une physionomie qui rappelle l'ancien style; ce n'est guère qu'au milieu du XIII. siècle qu'elle acquiert la légèreté, l'élégance et les heureuses proportions qui donnent, selon moi, tant de supériorité au style ogival de la première époque sur celui des siècles postérieurs. Je dois me borner ici à faire connaître les caractères généraux de cette architecture; l'observation vous apprendra bientôt à apprécier les différences au moyen desquelles on peut découvrir l'ancienneté relative des monuments élevés depuis le XII°.siècle jusqu'à la fin du XIII®.

Forme des Églises. On apporta quelques modifications dans le plan des églises, au XIII. siècle; le chœur devint plus long qu'il ne l'avait été auparavant, comparativement à la nef (1). On prolongea les collatéraux autour du sanc

(1) Dans plusieurs églises de cette époque le chœur occupe la partic

tuaire, et ils furent toujours bordes de chapelles, ce qui n'avait pas lieu constamment dans le XI. siècle, comme je l'ai dit précédemment (voir la page 114).

Dans quelques grandes cathédrales (Paris, Chartres, le Mans, Bourges, etc., etc.), les bascôtés sont doubles et l'on a deux larges allées au lieu d'une autour du sanctuaire.

Quelquefois on donna à la chapelle terminale placée derrière le rond point du choeur, plus d'extension qu'aux autres (voir la fig. 13, pl. XLIII); elle fut alors consacrée à la sainte Vierge, mais quoique cet usage ait pris naissance vers le XIIo. ou le XIII. siècle, c'est, je crois, dans le XIV. qu'il a été le plus général.

Au XIII. siècle, on ne garnissait point encore de chapelles les bas-côtés de la nef (v. lá fig. 14, pl. XLIII); on n'en trouve point à Chartres (1), à Reims, à Noyon, à Coutances, ni dans un grand nombre d'autres basiliques : celles qu'on voit aujourd'hui le long des nefs des églises de cette époque, ont été construites au XIV. siècle ou au XV.

centrale des transepts et se prolonge sans intervalle jusqu'à la nef (Bayeux, Coutances, etc., etc.). La même disposition existait plus anciennement dans quelques églises romanès.

(1) On voit à Chartres une seule chapelle placée du côté droit entre les piliers butants de la cinquième travée de la nef, mais elle n'est que du XV. siècle ( de 1413 ).

On trouve au XIII., comme dans les siècles précédents, des églises sans apsides, qui se terminent par une muraille plate percée de deux ou trois fenêtres; ces églises sont assez communes dans les campagnes. Bien souvent on n'y voit point de collatéraux, et ceux-ci, lorsqu'ils existent, se terminent eux-mêmes par un mur droit, des deux côtés du sanctuaire.

Cette disposition se rencontre aussi dans quelques grands édifices (cathédrales de Poitiers, de Dol, de Laon, église St.-Serge à Angers, etc.).

Enfin quelques églises ont des apsides à pans coupés ou des apsides anguleuses, caractère que n'offrent pas ordinairement les monuments postérieurs au XIIIe siècle.

Appareils. On cessa tout-à-fait d'employer les petites pierres taillées carrément; les pièces de l'appareil furent généralement plus grandes et de forme moins régulière; on ne disposa plus les pierres en arête de poisson ni en échiquier.

Arcs-boutants et Contreforts. Un trait hardi du nouveau style fut de projeter en l'air ces arcs-boutants qui s'appuient d'un côté sur les contreforts des collatéraux et qui vont de l'autre soutenir les murs du grand comble (pl. LXI, fig. 2). Ce moyen ingénieux de consolider le sommet des édifices était inconnu dans le XI.

siècle; alors les arcs-boutants qu'on élevait parfois le long des murs de la principale nef étaient cachés sous la toiture des ailes.

[graphic][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors]

Du moment que les arcs-boutants formèrent des arcades aériennes, les contreforts s'élevèrent comme des tours au-dessus des toits des ailes. On les couronna de clochetons tantôt carrés,

« PreviousContinue »