une sorte de consécration religieuse, et l'on s'en écarta peu jusqu'au XIo. siècle.

Il y eut pourtant dès l'origine quelques églises circulaires, telle fut entr'autres celle de St.Etienne-le-Rond, à Rome, qui remonte au Vo. siècle. On sait que cette forme fut adoptée pour l'église bâtie à Jérusalem sur le St.-Sépulcre par l'impératrice Hélène, et elle paraît avoir été préférée dès les premiers temps pour les églises dont on faisait des chapelles funéraires, peut-être afin d'imiter en cela une disposition qui était assez habituelle auparavant dans les grands mausolées, ainsi que le prouvent ceux d'Auguste et d'Hadrien, à Rome; celui de Cecilia Metella sur la voie Appienne; cet autre tombeau ressemblant aussi à une tour, que l'on voit près de Tivoli(1), et plusieurs autres qui existent encore.

La forme circulaire et plus fréquemment encore la forme octogone furent aussi adoptées pour les baptistères qui formaient des édifices

formes qui se rapprochaient plus ou moins de celles des anciens temples. Ceux-ci furent aussi parfois transformés en églises après avoir reçu des accroissements et une distribution nouvelle à l'intérieur.

(1) Ce monument sépulcral a été élevé par la famille Plautia, ainsi que l'attestent des inscriptions encore existantes. Il a beaucoup de ressemblance avec celui de Cecilia Metella.

distincts près des églises, et dont nous nous occuperons dans la 6°. partie du Cours (1).

Il y a bien peu d'églises, même à Rome, qui puissent être regardées comme datant des premiers siècles: beaucoup avaient été anciennement reconstruites, les autres sont tombées pour la plupart sous le marteau des architectes. Depuis Michel-Ange jusqu'à nous, les architectes ont travaillé constamment à détruire les vieilles églises pour les refaire à neuf, ou à les défigurer par de prétendus embellissements. Ils les ont couvertes de placages de marbre qui ne permettent plus de distinguer le travail ancien; ils ont déplacé les colonnes antiques qui supportaient les cintres des nefs, quelquefois ils ont poussé la barbarie jusqu'à les enfermer au milieu de lourds pilastres; les mosaïques les plus curieuses ont été arrachées par eux pour faire place à des peintures modernes (2).

(1) Tels sont les baptistères de St.-Jean de Latran, de St.-Agnès hors les murs, devenue chapelle tumulaire; de St. Constance, fille de Constantin; celui de Ravenne et beaucoup d'autres qu'il est inutile de citer.

(2) On ne peut voir sans être profondément affligé comment les anciennes églises de Rome ont été défigurées et combien de monuments précieux ont été anéantis pour construire à leur place des édifices modernes!! Si quelques-uns de ces édifices nouveaux sont des chefs-d'œuvre, il y en a beaucoup d'autres qui n'ont absolument aucun mérite.

Malgré tant de travaux déplorables plusieurs églises conservent encore le type des premières basiliques chrétiennes.

Telles sont à Rome les églises de St.-Paul et de St.-Agnès hors les murs (1), de Sto.Praxède (2), de St.-Laurent hors les murs (3), de Ste.-Marie in Cosmedin (4), de St.-Clément (5), et quelques autres. A Ravenne, les églises de St.-Agathe, du St.-Esprit (6), de St.Apollinaire intra muros et de St.-Apollinaire in classe (7).

(1) St.-Agnès hors les murs avait été construite par Constantin, mais il est probable que quelques parties ont été réparées; les mosaïques de la tribune datent, dit-on, du VII. siècle.

(2) Ste.-Praxede avait été rebâtie en 822 par le pape Pascal I. (3) St.-Laurent hors les murs était une des églises bâties par Constantin; mais elle avait été refaite par le pape Pelasge II en 578, et au XIIIe siècle le pape Honorius III en changea l'orientation et fit faire la nef actuelle; l'ancienne nef devint le chœur.

(4) St.-Marie in Cosmedin fut rebâtie au VIII. siècle par le pape Adrien I; elle occupe l'emplacement d'un temple dont on a utilisé les colonnes et une partie des murs.

(5) L'église St.-Clément existait dès le V. siècle, mais elle fut réparée par le pape Adrien I au VIII. siècle et par le pape Nicolas I au IX. Jean VIII refit le choeur au IX. siècle; on y voit son monogramme. Le cardinal J. Thomase restaura l'apside au XIII. siècle et la décora de la mosaïque qu'on y voit. Le pape Clément XI y fit encore des restaurations au XVIII. siècle.

(6) St.-Agathe existait dès le Ve. siècle; j'ignore si elle a été reconstruite, mais elle a été retouchée à l'intérieur. L'église du St.Esprit est du VI. siècle.

(7)Ces deux églises sont en partie du VI. siècle; quelques portions ont été refaites, mais il paraît que le plan n'a pas changé.

Je pourrais vous offrir les descriptions de plusieurs églises anciennes de Rome, je vais me borner à vous présenter celle de l'église St.Clément, telle qu'elle a été donnée par Séroux d'Agincourt. Cette église n'est que du IX®. siècle; mais elle ressemble d'une manière frappante aux premières basiliques chrétiennes, si bien que d'Agincourt et la plupart de ceux qui en ont fait mention en ont placé l'érection au V®. siècle.

On remarque d'abord à St.-Clément un antéportique (narthex), ou, suivant l'expression ordinaire, un porche. De ce porche on entre par quelques degrés dans une cour ou atrium, environnée d'un péristyle, laquelle précédait corps de l'église.

le

en

Dans l'intérieur de l'église, deux nefs latérales d'inégale largeur, destinées l'une à placer les femmes, l'autre à recevoir les hommes, accompagnent la nef du milieu. Dans celle-ci, vers la partie supérieure, et près du sanctuaire est une enceinte fermée d'un petit mur marbre à hauteur d'appui, où se plaçaient les acolytes, les exorcistes et les autres fonctionnaires des ordres mineurs; elle renferme à droite et à gauche, sur un sol un peu plus élevé, deux ambons (points B et C, fig. 6, pl. XLIII) (1);

(1) L'examen que j'ai fait des ambons de St.-Clément me porte

au fond de l'église est le sanctuaire, terminé en hémicycle, au pourtour duquel sont les bancs des prêtres et le siége de l'évêque; au centre s'élè ve l'autel avec son baldaquin ou tabernacle (point A, fig. 6, pl. XLIII).

La description précédente est bien propre à donner une idée exacte de la disposition des premières églises. Toutefois il faut remarquer qu'un très-grand nombre n'étaient point précédées d'une cour comme celle de St.-Clément, mais seulement d'un portique ou espèce de vestibule semblable à celui que vous voyez dans le plan de l'église de St.-Pierre-ès-liens (fig. 8, pl. XLIII). Cette disposition paraît même avoir été la plus ordinaire à Rome et en Italie.

Les églises bâties en Occident, au IV. et au Ve. siècle, furent, comme nous l'avons dit, construites sur le patron des basiliques; mais quelques-unes offrirent des innovations par

à croire qu'ils ne sont pas du même temps que le mur d'appui sur lequel on voit le monogramme de Jean VIII, par qui le chœur a été reconstruit au IX®. siècle. Je ne doute pas qu'ils n'aient été refaits après coup les ambons de St.-Laurent hors les murs et de St.-Marie in Cosmedin qui sont de même forme que ceux de St.-Clément ne m'ont pas paru très-anciens non plus; je suis étonné que personne n'ait encore fait cette observation.