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églises. On remarque deux manières principales. de représenter ainsi la divinité.

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Souvent Jésus-Christ est assis sur son trône, vêtu d'une longue tunique enrichie de brode

ries et tenant la main droite élevée comme pour donner la bénédiction; autour de lui sont les symboles des quatre évangélistes désignés dans la vision de St. Jean, savoir: dans la partie supérieure du tympan, au niveau de la tête du Sauveur, l'aigle (saint Jean), l'ange (saint Mathieu), et plus bas, le lion (saint Marc) et le boeuf (saint Luc). Il a les pieds sur une espèce de tabouret ou escabeau scabellum à claire-voie, que les sculpteurs du XII. siècle ont presque toujours fidèlement reproduit.

Souvent on remarque à côté de ce tabouret et au centre du tableau, des ondulations figurant des eaux, suivant ce passage du chapitre IV, verset 6 de l'Apocalypse: en face du trône du Seigneur il y avait comme une mer de verre semblable à du cristal. Les eaux sont figurées par des lignes ondulées, à Bourges, dans le tympan de la belle porte méridionale de la cathédrale du Mans, à Angers et ailleurs (1). En résumé, la représentation du Christ au milieu des animaux symboliques a été reproduite à peu près de même dans les tympans byzantins.

(1) Des ondulations semblables qui font le tour du tympan expriment peut-être dans quelques tableaux l'arc-en-ciel dont il est parlé dans le chap. IV, S. 3.

Les artistes paraissent avoir eu une grande prédilection pour ce sujet tiré de l'Apocalypse (1).

Ailleurs Jésus-Christ est représenté dans l'attitude que je viens d'indiquer, mais au lieu des symboles des quatre évangélistes, on remarque seulement à ses côtés deux anges, tantôt debout et tenant des encensoirs, tantôt à genoux, dans l'attitude de la prière. Au lieu de tenir un livre, le Christ est représenté parfois les deux mains. étendues c'est ainsi qu'on le voit à Autun.

Sur le linteau des portes, au-dessous du tympan, sont quelquefois des personnages rangés sur une même ligne, dans lesquels on reconnaît les douze apôtres.

Les archivoltes qui encadrent le tympan offrent quelquefois des personnages en basrelief. Ce sont souvent les vieillards dont il est parlé dans les passages suivants de l'Apocalypse.

(1) Les sculpteurs du XII. siècle ont ainsi essayé de peindre l'image du trône céleste, tel qu'il est décrit dans le chapitre IV de l'Apocalypse, versets 6 et 7, que nous transcrivons ici.

« 6. En face du trône, il y avait comme une mer de verre << semblable à du cristal, et au milieu du trône et à l'entour, il y «< avait quatre animaux qui étaient pleins d'yeux devant et derrière. « 7. Le premier animal était semblable à un lion, le second sem« blable à un boeuf, le troisième avait le visage comme celui d'un << homme, et le quatrième était semblable à un aigle qui vole. »

A côté du trône il y en avait vingt-quatre autres, et sur ces vingt-quatre trônes étaient assis vingt-quatre vieillards vêtus de robes blanches, et ayant des couronnes d'or sur leur tête... (chap. IV, paragraphe 4). . . Et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums qui sont les prières des saints (chap. V, no. 8).....

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Ces vieillards à têtes couronnées sont toujours représentés un instrument de musique dans une main et tenant l'autre élevée avec une fiole ou une coupe (Cathédrale de Chartres, St.Denis, Notre-Dame de La Coudre à Parthenay, Notre-Dame de Saintes, etc., etc.

J.-C. ainsi entouré de cette cour céleste préside quelquefois au jugement dernier ce sujet qui n'avait guères été, je crois, exécuté pendant la période romane primitive, devient assez fréquent au XII. siècle et à la fin du XIo, et d'autres sujets nous prouvent qu'alors les sculpteurs cherchaient à intimider les pécheurs par le tableau des peines de l'enfer (1).

(1) On explique la représentation assez habituelle du Jugement dernier à partir du XIo. siècle par l'affaiblissement des croyances : l'opinion généralement répandue au Xo. siècle, dans la chrétienté,

Pour citer un exemple de ces tableaux comminatoires que l'on voit apparaître au XII. siècle ou à la fin du XI., je vais reproduire la description des bas-reliefs qui décorent le tympan de la porte occidentale de la cathédrale d'Autun, telle que l'a donnée M. l'abbé de Voucoux, dans les mémoires de la Société Eduenne.

Au centre du tympan de cette belle porte, Jésus-Christ est assis sur son trône au milieu d'un encadrement elliptique; il est revêtu d'une longue robe plissée et richement ornée (1)..

Ses épaules sont couvertes d'un léger manteau attaché par l'un des coins à la ceinture; ses deux mains, étendues à droite et à gauche,

que l'an 1000 devait être fixé pour la fin du monde n'ayant été justifiée par aucun événement, on répandit des doutes sur la résurrection des morts. Les prédicateurs, pour raffermir la foi ébranlée, prirent assez souvent pour sujet de leurs sermons, le Jugement dernier, et les architectes des XII. et XIII. siècles en placèrent le tableau dans la partie la plus apparente des églises qu'ils construisirent. Il fallait des images plus frappantes que celles dont on avait orné les églises durant l'ère primitive du style roman; on peignit l'enfer dont la représentation hideuse et saisissante n'avait point été essayée tant que la foi n'avait point eu besoin d'être ravivée.

(1) La tête du Christ a malheureusement été brisée, le reste est bien conservé.

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