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A MONSIEUR

PHILIPPE DE LARENAUDIÈRE,

VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE.

Mon cher et respectable ami,

Connoissant l'intérêt que vous portez à la langue anglo-saxonne, que nos ancêtres entendoient mieux que nous ne comprenons l'anglois*, je me suis attaché, dans mes voyages en Angleterre, à recueillir des notes bibliographiques qui pussent vous mettre à portée de compléter votre belle collection. Je comptois vous les offrir en manuscrit; mais, au milieu de mes recherches dans les bibliothèques de Cam

* Saint Augustin, apôtre de l'Angleterre, et premier archevêque de Canterbury, prit, lors de son passage des Gaules dans la Grande-Bretagne, des Francs pour interprètes; écoutons plutôt parler le vénérable Bède : « Acceperunt autem (Augustinus et socii ejus viri ferme quadraginta), præcipiente beato papa Gregorio, de gente Francorum interpretes. » Ecclesiasticæ historiæ gentis Anglorum lib. I, c. XXV.

bridge ou d'Oxford (je ne me souviens plus où), l'idée me vint de les classer chronologiquement, et d'en faire une bibliographie spéciale qui remplît la lacune que les saxonistes regrettent de trouver parmi les ouvrages consacrés à mentionner les produits de l'imprimerie. Sans doute, un catalogue semblable, publié par un homme inconnu dans les études saxonnes, eût offert peu d'intérêt, et je n'aurois jamais songé à le mettre au jour, si un savant distingué, M. John M. Kemble, maître-ès-arts du collége de la Trinité, à Cambridge, ne se fût, sur ma prière, obligeamment chargé d'en faire l'introduction. La lettre remarquable qu'il a bien voulu m'adresser, et que vous trouverez à la suite de ces lignes, les renseignements que M. Thomas Wright et M. Ferdinand Wolf, secrétaire de la bibliothèque impériale de Vienne, ont eu la bonté de me transmettre, donnent à ma compilation une importance qu'elle n'eût pas eue autrement. Puisse l'hommage que je vous en fais vous être agréable!

J'ai vu, à fort peu d'exceptions près, tous les livres dont je vous donne ici les titres, aussi les trouverez-vous très-exactement indiqués ; j'ai même cru devoir reproduire avec un soin minutieux des singularités d'orthographe et de ponctuation qu'on remarque dans certains d'eux.

Je n'ai fait tirer ce petit livre qu'à cent exemplaires, parce que, plus que tout autre, je sens son imperfection, et que j'ai à cœur de la réparer dans une seconde édition. Je vous invite donc, mon cher et respectable ami, vous et les savants de la France et de l'étranger avec lesquels ma bonne étoile m'a mis en rapport, à m'indiquer les améliorations dont mon travail est susceptible: je recevrai toutes ces communications avec autant d'empressement que de reconnoissance, et je les mettrai à profit pour une autre édition, qui vraisemblablement sera la dernière.

Dieu veuille que cette seconde édition ait lieu!

Une pareille bonne fortune me seroit d'autant plus agréable, qu'elle me fourniroit de nouveau. l'occasion de vous témoigner le respect et le sincère attachement avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Mon cher et savant ami,

votre affectueusement dévoué serviteur,

Paris, 1 mai 1837.

FRANCISQUE MICHEL.

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