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Notre-Dame au Sablon, à Bruxelles.

église. Nous le donnons ici. La garde de corps du triforium, comme on le voit dans cet exemple, se découpe en meneaux offrant, de même que ceux des fenêtres, le type caractéristique exact du style. On est vraiment étonné de la difficulté de tracé et de taille qu'il

présente, mais rappelons-nous que les constructeurs de cette époque se faisaient un jeu de toutes les pénétrations de nervures, de socles et de moulures et que toutes leurs facultés étaient tournées vers ces combinaisons compliquées, dont ils résolvaient les problèmes avec une facilité inouïe.

Notre-Dame, à Hal.

Nous donnons également ci-contre un dessin du triforium du choeur de l'église de Notre-Dame, à Hal. Ce spécimen nous montre encore une fois l'importance qu'attachaient les maîtres-ès-pierres à cette partie constitutive de l'édifice religieux et le souci qu'ils prenaient de la richesse de sa décoration pour le faire valoir dans l'économie de l'œuvre.

Les compartiments qui divisent les fenêtres et les roses particulières au style flamboyant, auquel appartient la belle rose de la SainteChapelle de Paris, présentent le plus souvent des meneaux contournés, ressemblant à des flammes, à des cœurs allongés, à des ornements pyriformes bulbeux, ou bien encore à des arcs outrepassés, qui dif

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fèrent essentiellement des combinaisons géométriques des trèfles, quatre et quinte-feuilles et des autres figures du style rayonnant. C'est en raison de ces formes contournées, si souvent reproduites dans les compartiments des verrières, des roses, des triforium, des arcatures et autres ornements, figurés sur les surfaces planes, que l'on a désigné le style ogival du XVe siècle sous l'appellation générique d'époque ou de style flamboyant. Il serait cependant téméraire de déduire de l'absence de ces dessins contournés un préjugement d'antiquité d'un édifice quelconque. Certaines églises présentent l'emploi de motifs du plus pur style rayonnant pour les fenêtres, en parfaite concomitance avec les moulures cristallographiques sans chapiteau aucun, partant des bases pour aboutir aux clefs de voûtes, comme on peut le voir par exemple au chœur de l'église de Notre-Dame au Sablon, à Bruxelles. Dans certaines localités, où l'emploi de pierres dures défendait, pour ainsi dire, naturellement ces intempérances de ciseau, on conserva avec les moulures cristallographiques des meneaux d'une grande sobriété. Nulle part l'abus des meneaux flamboyants ne fut poussé plus loin qu'à Nurenberg; nulle part non plus les meneaux ne restèrent plus sobres qu'en Bretagne et dans la vallée du Rhin.

Nous donnons ci-contre une vue intérieure de la remarquable église de Saint-Hubert dans laquelle on trouve l'application de la plupart des considérations générales que nous avons fait valoir plus haut.

De même que l'intrados de l'archivolte des arcades des nefs, celui des fenêtres est parfois orné de crêtes ajourées et pendantes. L'église de Saint-Jacques à Liége nous offre encore cette particularité.

Les voûtes qui surmontent ces travées présentent des complications extrêmes les clefs pendantes de Saint-Gervais, à Paris; les encorbellements vertigineux de la cha

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pelle de Henri VII, à Westminster, sont là pour en témoigner. Chacun comprendra que les architectes, poussés par le désir de vaincre des difficultés de toute espèce, aient encore cherché à étonner leurs contemporains, en exécutant des voûtes de courbes inaccoutumées, dont les formerets et les tiercerons dédoublés, quadruplés par des sousmultiples, offraient presque l'apparence compliquée des mailles d'un filet. Les voûtes de la chapelle du SaintSacrement à Sainte-Gudule, de Saint-Jacques à Liège et de la bourse d'Anvers présentent des complications aussi hardies que pondérées avec une entente parfaite des lois de la statique. Quoique dans la construction en elle-même, les architectes de la période flamboyante n'aient rien changé, on ne peut s'empêcher de rendre justice à la hardiesse des voûtes qu'ils ont élevé et à la science qu'ils ont montré dans le tracé délicat et compliqué, parfois unique et primesautier, des voussoirs de l'appareil. Dans la première moitié du XVI siècle, les formerets, les arcs doubleaux et les arcs en ogives sont décorés de nervures très-saillantes et profondément évidées. La clef de voûte prend une importance extraordinaire, des proportions inaccoutumées et finit par se détacher plus ou moins complètement en stalactites pendantes. D'abord simple poinçon orné d'un culot, la stalactite se sculpte délicatement de feuillages et finit par aborder la figure. Dans les voûtes où les nervures multipliées en branches nombreuses s'étendent de tous côtés en véritables réseaux de pierres, la clef principale de la voûte s'allonge démesurément, offre les modèles' les plus curieux et les plus extraordinaires, se multiplie à chaque intersection des mailles du filet et rappelle comme ensemble les admirables voûtes en stalactites, que l'art arabe se plut à enrichir de remarquables polychromies dans les salles féeriques de l'Alhambra de Grenade:

ARTICLE III.

Tours, clochers, façades et porches.

Si les tours ne furent pas dans l'ancienne circonscription des Pays-Bas une des parties les plus remarquables des églises des périodes primaire et secondaire, ils y devinrent à l'époque flamboyante l'un des plus étonnants et des plus superbes motifs de décoration. Il semble que l'architecte religieux ait voulu sur ce terrain lutter de sveltesse et d'audace avec l'architecte profane. Van Ruysbroeck élève la flèche de l'hôtel de ville de Bruxelles ; Appelmans répond à son défi en élevant le campanille aérien de Notre-Dame d'Anvers. Que de beaux projets cependant restèrent inachevés Saint-Rombaut de Malines attend encore son couronnement; Saint-Pierre de Louvain ses triples flèches pyramidales. Toutes les tours projetées à cette époque devaient se terminer en pointe ou pyramidion. Quand les fonds manquèrent pour élever la pyramide de pierres, une svelte et hardie flèche de charpente porta au loin dans les airs la croix triomphante et le coq symbolique. Toutes les tours couronnées d'une plate-forme doivent être considérées comme inachevées.

A la fin du XV et surtout au XVIe siècle, les flèches en bois prennent la forme de pyramides tronquées, de globes allongés ou surbaissés et à pans coupés, ou bien présentent des figures plus tourmentées encore. La couverture des édicules accessoires suit cette mode nouvelle, dont l'un des exemples les plus étranges est ŝans contredit la sphère ardoisée, qui couvre le baptistère de Notre-Dame de Hal.

Les églises d'Aerschot, de Notre-Dame de Tirlemont et de Notre-Dame de Tongres résument toutes les variétés typiques, que présentent les formes génériques des clochers aux Pays-Bas.

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