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hauteur. Ce monument se voit encore au musée de Douai. Un autre cippe non moins intéressant que ce dernier et consacré, comme l'indique son inscription, à rappeler le souvenir de Sextus Jucundus a été découvert à Arlon. Celuici, après avoir appartenu successivement à la collection du comte de Mansfeldt et à celle des Jésuites de Luxembourg, passa au musée créé par la société pour la recherche et la conservation des monuments historiques du grand duché, où on le voit encore aujourd'hui. Ce monument, malgré qu'il soit très mutilé, offre encore un grand intérêt; il porte à la face antérieure deux personnages représentant le père et la mère du jeune Sextus. Le premier vêtu d'une tunique quelque peu écourtée et recouverte d'un pallium porte une main sur la poitrine et tient de l'autre une espèce de tablette. Son épouse représentée près de lui est également vêtue d'une stola descendant jusqu'au pieds et recouverte d'une chlamyde; elle tient en main un vase ou tout autre instrument que la gravure fournie par Wiltheim (1) ne permet pas de distinguer. Les deux faces latérales du cippe sont occupées par deux personnages portant un enfant, qui n'est autre que le jeune Sextus lui même.

La quatrième face porte l'inscription suivante :

Ave. Sexti.
Jucunde.

Vale. Sexti.
Jucunde.

Mais, si d'une part les monuments funéraires ne consistaient qu'en une simple urne pour les pauvres, et en un cippe plus ou moins orné pour les personnes mieux partagées que ceux-ci des dons de la fortune, ils présentaient aussi, d'autre part, et principalement à l'époque où la domination romaine se trouvait solidement affermie dans les

(1) Lucili burgensia, sive Luxemburgum romanum, édition Neyen, p. 186. fig. 159 et 160.

ARCHÉOLOGIE,

7.

Gaules, un luxe et une richesse de décoration prodigieux, lorsqu'ils étaient élevés à la mémoire de personnages opulents ou distingués.

Leurs corps, lorsqu'ils n'étaient pas incinérés, étaient inhumés dans des sarcophages en pierre, ou dans des cercueils en plomb, enfermés dans un second coffre de bois ou même quelquefois de pierre, dont la beauté égalait la richesse, tant sous le rapport du travail artistique, dont ils étaient l'objet, qu'au point de vue des matériaux, dont on se servait pour leur exécution.

Les monuments, qui recouvraient la tombe de certains hauts dignitaires de l'empire, ou de quelques personnes puissantes, n'étaient pas moins remarquables que les sarcophages, dont nous venons de parler. Ils affectaient la forme de pyramides ou de tours composées de plusieurs ordonnances superposées les unes sur les autres. L'un des plus intéressants monuments de ce genre élevés dans les Gaules, à l'époque de la domination romaine, est le célèbre mausolée des membres de la famille des Secundini, érigé sur les bords de la Moselle, au village d'Igel, à deux lieues de Trèves.

Ce tombeau, œuvre de la décadence romaine, offre des anomalies singulières, comme ordonnance, au point de présenter une frise et une architrave, dont l'importance égale la hauteur de l'ordre des pilastres. La conception générale de ce monument présente un socle à gradins en retraite d'une importance exagérée, supportant une ordonnance de quatre pilastres d'ordre composite, surmontés d'un entablement, dont nous venons de faire ressortir le manque absolu. de proportions. La hauteur totale de l'édifice est de 71 pieds, 2 pouces du Rhin; le gradin inférieur forme un parallélogramme de 16 pieds, 4 pouces du côté le plus large et de 13 pieds, 1 pouce du côté le plus étroit. Sa construction est assez primitive; il se compose de pierres de grand appareil reliées sans ciment. Les sculptures d'un mérite très inférieur sont prodiguées partout et nous sommes d'avis, que les angles

portaient jadis des figures ou amortissements quelconques. On en distingue encore les arrachements. La partic centrale entre les pilastroo est ornée de médaillons aujourd'hui très-frustes, où l'on découvre néanmoins encore une course de chars. L'entablement singulier,qui couronne cet édifice, est luimême surmonté d'un fronton, d'où s'élève une flèche pyramido-circulaire imbriquée de 14 picds, 10 pouces de haut. Une espèce de chapiteau, dont les queues de serpent et les bras s'entrelacent, porte quatre bustes de nymphes ou de divinités. Ceux-ci soutiennent finalement un globe surmonté d'un aigle enlevant Ganimède. La surface entière du monument est criblée de sculptures, dans un état extrêmement frustes aujourd'hui. Le mausolée d'lgel postérieur au règne des Antonins doit, à en juger par le style des ornements, avoir été exécuté par des artistes indigènes.

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CHAPITRE TROISIÈME.

DE LA PEINTURE CHEZ LES GRECS ET LES ROMAINS.

ARTICLE Ier.

Notions préliminaires.

L'opinion générale des archéologues modernes est que les Égyptiens, qui ont des premiers possédé les arts et les sciences, connaissaient la peinture plusieurs siècles avant qu'elle fut connue des Grecs. Homère, qui parle souvent de statues, de bas-reliefs et de ciselures, ne cite jamais un tableau proprement dit. Le mot même n'existe pas dans la langue homérique. Le mot grec, qui servit plus tard à désigner un tableau (7), semble désigner par son radical même un bas-relief ou une ciselure. Ciceron se sert de l'expression pictura in tabula (1). Pline dans son histoire naturelle et Quintilien dans plusieurs passages de ses œuvres parlent seuls d'une peinture sur toile (pictura in linteo, ou in sipario). Un dessin de Pompéï nous montre une peinture tendue sur une espèce de chassis, ou cadre offrant beaucoup de ressemblance avec ceux que l'on emploie pour la broderie ou les métiers à tapisser.

La peinture la plus connue des anciens était l'encaustique (cyxxúotexn), art de la peinture à l'encaustique, c'est-à-dire, avec des couleurs mêlées de cire et durcies ensuite par l'ac

(1) Verres. 11, 4.

tion du feu. Cet art, tel que le pratiquaient les anciens, n'a jamais pu être retrouvé et l'on est encore à se demander, quel en était le procédé, bien que le comte de Caylus, cet archéologue fantaisiste, qui avait plus de bonne volonté que de talents et de connaissances acquises, se soit imaginé qu'il en avait trouvé le secret et qu'il ait écrit un traité spécial sur cette matière. Ce travail, que l'on trouve tout au long dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, fit longtemps påmer d'aise les trop indulgents membres de la docte assemblée.

Les anciens semblent avoir eu plusieurs méthodes d'encaustique. Tantôt, ils se servaient de couleurs mêlées de cire, appliquées avec une brosse sèche, puis fixées par le feu, avec le cauterium; ou bien, ils traçaient le dessin avec une pointe à graver brûlante (cestrum), sorte de burin; mais alors, il ne semble pas qu'on fit usage de la cire; tantôt enfin, et c'était la manière la plus simple, on liquéfiait la cire, avec laquelle les couleurs étaient broyées, puis trempant la brosse dans cette mixture liquide, on appliquait la couleur à l'état fluide, comme on le fait pour la détrempe, et l'action de la chaleur l'égalisait et la fondait enfin.

Reste le mode de peinture appelée par Vitruve (1): pictura udotectoris, peinture à fresque, c'est-à-dire, exécutée sur un mur revêtu d'un ciment très-fin fait avec du marbre et de la cire, quand ce ciment était encore humide (2).

(1) 1. VII, c. 3, no 6.

(2) Le docte Minervi a remarqué certaines différences dans les enduits qui couvrent les murs pompéïens. Il en a signalé de plus fins, où, selon lui, les anciens peignaient à fresque les compositions soignées, les paysages et les figures; tandis que les simples décorations étaient peintes à sec par des peintres inférieurs.

On a trouvé à Pompér plusieurs peintures des plus importantes rapportées et fixées aux parois par des crampons de fer. On a même observé que le dos de ces tableaux n'adhérait point au mur, excellente précaution contre l'humidité. Cet usage de scier et de déplacer les peintures murales était fort ancien. On sait que les Romains favorisés de la fortune ornèrent leurs maisons

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