Page images
PDF
EPUB

Le même musée possède, en outre, un fragment d'autel votif trouvé à Tongres et consacré à la Fortune; il porte pour inscription :

Fortunæ

Aprionius iunius
V. L. S.

La pierre votive dont nous reproduisons ici le dessin se rapporte également à la même classe de monuments. Nous l'avons trouvé dans la tour de l'ancienne église romane de Celles, près de Dinant (1).

EX VOTO

IN EVITO

TAG AVSI

VS IM

川 7. હ

Tous les autels votifs, dont nous venons de parler, offrent une certaine ressemblance entr'eux; il y en avait cependant aussi, qui affectaient la forme d'un petit édifice complet. Le musée royal nous en fournit plusieurs exemples. Au nombre de ces derniers, il en est un, qui nous montre un petit édicule de cinquante centimètres de haut sur vingt de large et vingt-huit de profondeur; il est orné aux angles de quatre

(1) Annales de la société archéologique de Namur, III, p. 346; V. p. 38. Messages des sciences et des arts, 1823 pp. 56 et 177.

pilastres doriques. La face principale nous représente une figure en bas-relief, tenant un voile roulé et flottant au-dessus de la tête. Le même musée possède, en outre, la partie supérieure d'un édifice du même genre; la face antérieure et les côtés latéraux sont ornés de trois figures en demi-relief, dont une représente Mercure (1).

Outre les dieux et les déesses honorés d'un culte commun avec les autres peuples, la plupart des tribus germaniques vénéraient encore des divinités locales ou topiques particulières. Les principales d'entr'elles paraissent avoir été Burorina, Rosmerta, Vagdavera, Sandraudiga et Nehallenia. Celle-ci, à en juger par les nombreux autels votifs, qui lui ont été consacrés et que l'on a découvert dans l'île zélandaise de Walcheren, semble avoir joui d'une très-grande vénération. En l'année 1647, à la suite de grandes tempêtes, on trouva, en effet, aux dunes, près de la petite ville de Dombourg, une statue et vingt-deux autels consacrés à cette déesse. La statue la représente couverte d'une double tunique sans manches et recouverte d'une chlamyde (palla). Ce costume, à part quelques légères modifications, se retrouve dans tous les monuments qui nous la représentent. Elle appuie le bras gauche sur un gouvernail et le pied droit sur une proue de navire. Les autels, pour la plupart de petites dimensions, ont tous la forme d'un édicule flanqué de deux pilastres et couronné d'un fronton. Parfois, ces pilastres sont doublés de deux colonnes en retraite. La face principale de plusieurs de ces petits édifices nous montre la déesse assise ou debout; elle tient ordinairement une corbeille de fruits sur les genoux ou au bras, tandis qu'un ou plusieurs autres paniers se trouvent quelquefois placés à ses côtés. Un chien, figuré près d'elle, complète assez souvent cette représenta

(1) On en trouve des dessins dans l'Histoire de l'architecture de M. J. B. Schayes.

tion. Quelques-uns de ces autels nous la montrent appuyant, comme dans la statue décrite ci-dessus, le bras gauche sur un gouvernail et le pied droit sur une proue. Un seul d'entr'eux nous la représente entre deux matrona. Les différents attributs, qui accompagnent ses images, semblent donner à entendre, que Nehalennia était la déesse protectrice du commerce, de la navigation et de l'agriculture.

Les faces latérales de ces monuments sont ordinairement couvertes de sculptures. Dans cinq d'entr'eux nous trouvons d'un côté Neptune accompagné d'un dauphin, comme dieu de la navigation, et de l'autre Hercule, qui y figure, comme dieu protecteur des voyageurs de commerce. Quelques-uns de ces autels sont simplement ornés à chacune de leurs faces de feuilles sculptées, comme nous le présente le dessin cicontre appartenant au monument que nous reproduisons ci-après. La base de chacun d'eux porte une inscription dédicatoire. Tous ces monuments datent évidemment de l'époque romaine et leur construction ne saurait être reculée au-delà de la seconde moitié du III siècle.

#

Le musée royal d'antiquités possède également un de ces autels. Celui-ci, mésurant cinquante-huit mètres de haut sur trente-trois de large, nous représente la figure de Nehallennia, assise sous un portique orné aux antes de deux pilastres corinthiens. Ceux-ci soutiennent un fronton triangulaire, dont les deux extrémités sont munies d'acrotères

[graphic][ocr errors][subsumed][ocr errors][subsumed]

contournés en volutes. La déesse tient sur les genoux un panier chargé de fruits; un second panier est représenté à sa gauche; un chien, dont la tête n'existe plus, se voit au côté opposé. Les faces latérales de ce curieux monument sont occupées par des sculptures en bas-relief représentant des branches couvertes de feuilles.

Les travaux, exécutés en l'année 1812, à la chaussée d'Anvers à Breda, ont amené la découverte d'un autre temple votif, consacré à la déesse Sandraudiga. Ce monument, trouvé au hameau de Tichelt, sous la commune de Zundert, est également construit en pierre calcaire; il mésure un mètre trente-sept centimètres de haut sur quatre vingt-douze centimètres de large; son inscription rappelle l'existence d'un temple, dont les fouilles pratiquées, en 1841, par M. Prosper Cuypers, ont déblayé l'aire; elle est ainsi concue:

Dea Sandraudigæ cultores templi (1).

ARTICLE III.

Monuments funéraires.

On trouve dans notre pays un grand nombre de tombeaux formés de tertres artificiels en pierre ou en terre. Ceux-ci, appelés tumuli, affectaient en général chez les Celto-Belges la forme conique. On y découvre souvent des monuments de

(1) Il existe des gravures de ce curieux monument dans les ouvrages de M. Schayes.

« PreviousContinue »