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Passons maintenant à la classification des temples, d'après la façon dont est disposé l'ensemble des colonnes qui le décorent.

1o Le temple in Antis est celui qui possède à son frontispice deux antes, ou pilastres, et deux colonnes couronnées par un fronton. A cette catégorie appartiennent les temples de la Victoire, à Athènes, et de Bachus, à Myos, en Ionie.

2o Le temple prostyle est celui qui est orné à sa face principale d'un portique. Vitruve cite, comme exemple de cette espèce, le temple de Jupiter et celui de Faune, tous deux dans l'île du Tibre; mais aucun d'eux ne nous a été conservé.

3o Le temple amphiprostyle est orné d'un portique à deux de ses faces, comme le temple de l'Ilissus à Athènes, dont nous donnons ci-après le dessin et le plan.

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4° Le temple périptère se trouve environné de tous les côtés de son pourtour d'un rang de colonnes isolées, distantes du mur de la largeur d'un entre-colonnement, comme le Parthénon et le temple de Thésée, à Athènes.

5o Le temple pseudopériptère (faux périptère) est entouré de demies colonnes engagées. Nous ne connaissons ce temple que par la mention qu'en fait Vitruve.

6o Le temple diptère. Celui-ci est enfermé dans une double rangée de colonnes qui l'entourent; tel est le temple d'Apollon Didyme, construit par Ctésiphon, près de Millet. Nous avons donné plus haut le plan d'un temple de ce genre.

7o Le temple pseudodiptère (faux diptère) ne possède qu'un seul rang de colonnes distribuées tout autour de l'édifice, tout en conservant cependant à l'intérieur assez de place pour pouvoir y placer encore une seconde rangée. Nous citerons, comme exemple de cette ordonnance, le temple de Diane, construit par Mnestée, à Magnesie.

Nous donnons ci-après, d'après Vitruve, le plan d'un temple pseudodiptère.

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Une autre distinction entre les temples est fondée sur le

nombre des colonnes disposées à la façade du fronton. D'après cette distinction, on les divise en temples 1o tétrastyle, ou à quatre colonnes; 2° hexastyle, ou à six colonnes; 3o octostyle, ou à huit colonnes; 4° décastyle, ou à dix colonnes; et enfin 5° dodecastyle, ou à douze colonnes.

Le temple hypètre était périptère; mais il se distinguait des autres par une disposition particulière de sa partie intérieure. Il régnait, en effet, dans la cella de ce temple deux rangées de colonnes qui la divisaient en trois nefs distinctes. Celle du milieu était seule ouverte; le grand temple de Postum est le plus bel exemple que nous puissions offrir.

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Les cinq parties principales dónt se composaient les temples de l'antiquité greco-romaine étaient :

1o Le stylobate, ou piédestal continu. A l'époque de la décadence, celui-ci était quelquefois interrompu au droit de chaque colonne, comme nous le montre l'arc de SeptimeSévère, à Rome. Nous ne pouvons y voir qu'une licence et la règle du piédestal continu était généralement appliquée. 2o Le temple proprement dit ou vaisseau (cella).

3o Le pronaos, ou portique en avant du temple, (anticella).

4° La colonnade extérieure (ala). Celle-ci comprenait également le prostyle, ou portique de la face principale.

5 Enfin, l'opisthodome, l'arrière-maison, le trésor. Cette partie du temple renfermait souvent un passage secret, qui communiquait avec les demeures des prêtres des Vestales. C'était par là que les Pontifes payens, reconnaissant la nécessité des miracles, pour en imposer au peuple, et incapables d'en obtenir de vrais de l'intervention de leurs divinités imaginaires, se cachaient pour rendre des oracles, ou pour venir, pendant la nuit, enlever les offrandes en nature, que déposaient les dévots et que la divinité était sensée consommer. Le témoignage des Saintes Écritures nous a conservé un récit authentique de ces subterfuges des prêtres payens, convaincus d'imposture par le prophète Daniël, qui avait à leur insu saupoudré le pavé du temple d'une couche légère de cendre, qui trahit le lendemain les traces de leurs pas. (1)

ARTICLE IX.

Des appareils de construction.

On appelle appareil dans une maçonnerie, le système de disposition des pierres et, par suite, de leurs joints apparents. Vitruve, au chapitre VIII du livre II, dit, qu'il existe deux espèces de maçonneries: la maillée, reticulata, et l'irrégulière, incerta, qui est l'ancienne manière.

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Les Romains avaient tant de confiance dans la dureté séculaire de leur mortier, qu'ils préféraient le petit appareil au grand, à tel point que Vitruve affirme carrément, que dans l'une ou l'autre de ces manières de bâtir, il faut employer les petites pierres, « car plus il y aura du mortier, dit-il, plus aussi l'ouvrage sera solide; la pierre étant fort poreuse enlève trop vite l'humidité qui se trouve dans la chaux; c'est pourquoi il faut que le mortier domine, le mur étant alors plus humide ne sèche pas aussi vite et les matériaux, qui le composent, sont bien mieux liés ensemble; tandis que s'il n'y en a pas beaucoup, les pores des pierres absorbent d'abord l'humidité, qui s'y trouve, le sable se sépare de la chaux et cause la ruine de la muraille. » Les trop grands appareils ont, du reste, un autre défaut, c'est d'être exposés a se rompre, lorsque les joints de lit portent inégalement.

Tous les appareils ont pour but d'obtenir une liaison et un enchevêtrement des matériaux tels, que la masse présente la plus grande force possible, abstraction faite de la cohésion que lui donne le mortier.

On peut distinguer trois genres d'appareils généraux, qui se subdivisent eux-mêmes en un assez grand nombre de variétés. Ces trois appareils principaux sont :

1° L'appareil des murs construits en pierres naturels ou artificiels de grande dimension et qu'on désigne assez généralement sous le nom de haut appareil. Dans les temps les plus reculés, on se servait, pour la construction, des plus grosses pierres que l'on pouvait trouver; c'est ce qui les a fait attribuer aux Cyclopes par Pausanias. C'est pour cette même raison, que les gens du pays donnent encore aujourd'hui le nom de palais des géants aux ruines gigantesques des temples de Sicile. Dans ces exemples anciens, les pierres sont en général d'un équerre si juste et les arrêtes si vives que les joints ressemblent à un fil délié. C'est ce que quel

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