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nèrent aux évêques, comme marque de distinction ou à titre de récompense. Ce ne fut que longtemps après qu'elle devint l'insigne des diacres de Rome. Au VIe siècle, l'usage en devint plus général, excepté dans les Gaules où elle ne s'introduisit que lorsque Charlemagne eut substitué aux anciens rites gallicans la liturgie romaine.

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La chape, cappa, dont l'usage s'est conservé jusqu'à ce jour dans nos églises, dérive de la lacerna, espèce de manteau très-ample, à chaperon, ouvert par devant et s'agrafant au-dessus de la poitrine au moyen d'une broche ou fibule. Les anciens romains s'en servaient, pour se garantir contre la pluie et les intempéries des saisons; c'est ce qui lui fit également accorder le nom de pluvial. On commença à l'employer vers la fin de la république; mais ce ne fut toutefois que sous l'empire que l'usage de ce vêtement devint général. L'Église l'adopta également pour garantir ses ministres, lorsqu'ils exerçaient leurs fonctions en plein air et particulièrement, quand ils se rendaient aux lieux où s'assemblaient les fidèles.

Sans se plier précisement aux contours du corps, la chape, d'étoffe souple et légère, retombait primitivement sans raideur en plis grâcieux et réunissait toutes les conditions de dignité et d'élégance, qui conviennent à l'usage auquel elle était et se trouve encore aujourd'hui consacrée. Le chaperon, qui anciennement constituait l'une de ses parties essentielles, se découvre encore, avec un peu de bonne volonté, dans l'espèce d'ornement semi-circulaire, attaché à la partie postérieure de nos chapes modernes.

ARTICLE VIII.

Péroraison.

Nous ne pouvons mieux clore ce premier volume de l'archéologie religieuse, appliquée à nos monuments nationaux, qu'en présentant rapidement la synthèse des faits, des données archéologiques et même de nos opinions personnelles, que nous avons successivement développé dans les pages qui précèdent. Notre but, nous l'avons franchement avoué, c'est celui de faire connaître et même toucher du doigt à la génération incrédule, qui s'agite inutilement de nos jours, la préoccupation et le soucis constant de tant de peuples civilisés de faire graviter vers l'auteur de toute beauté et de toute science cette beauté plastique, issue de la forme et ces splendeurs architectoniques des marbres et des pierres sortis si beaux de la main des hommes pour faire honneur à la divinité.

Nous croyons avoir suffisamment justifié notre titre d'archéologie religieuse et notre soucis constant de faire l'histoire des variations multiples du sanctuaire des païens et de celui bien autrement vénérable que Dieu lui-même a daigné honorer de sa présence, depuis le pacte de la loi nouvelle, sanctionné par le sang de Jésus-Christ. Quand à l'application des données archéologiques aux monuments de notre pays, elle a été faite toutes les fois qu'une occasion quelconque nous a permis de le faire.

Aux yeux du chrétien le temple n'est pas seulement l'œuvre d'un artiste inspiré parfois, mais plus souvent servil et alléché par l'appat du lucre ou d'une vaine gloire, mais, avant tout, le tabernacle de la loi nouvelle, le lieu redoutable et saint où s'accomplissent des mystères, où s'administrent

ARCHÉOLOGIE.

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des sacrements et où, chaque jour, la victime sans tache s'immole sur l'autel.

Nous croyons, avoir dans la suite des différents chapitres qui forment ce premier volume, touché un grand nombre de questions nouvelles ou du moins à peine effleurées par nos dévanciers. Pour ce qui regarde les temples grecs et romains, au lieu de suivre servilement les traditions reçues, qui faisaient des règles de Vignole un barême immuable, nous sommes remontés aux sources et arrivés à cette étrange conclusion, que le tableau des proportions adoptées pour les différents monuments de l'antiquité peut s'intituler: histoire des variations des proportions classiques. Aussi, dans nos exemples, au lieu de la copie servile de Vignole, avons nous donné des preuves matérielles de ces variations, en choisissant l'ordre toscan de Pæstum, le dorique romain d'Albano, l'ionique grec du temple sur l'Illyssus, l'ionique romain du théâtre de Marcellus, le corinthien grec du temple de Jupiter-Olympien, à Athènes, le corinthien romain du Panthéon et l'ordre composite de l'arc de Titus, à Rome.

Nous avons décrit les principaux temples des Grecs et des Romains, depuis le temple in Antis de Myos, en Ionie, jusqu'à la basilique de Fano de l'architecte d'Auguste, depuis le temple de Minerve, à Sigée, jusqu'à celui d'Apollon Didime, chef-d'œuvre de Ctésiphon de Milet, depuis les ruines gigantesques du temple commencé sous Pisistrate jusqu'à celui d'Apollon, construit à Delphes, en marbre de Paros; nous avons admiré l'idée de la chasteté religieuse, à laquelle les païens d'Athènes dédièrent un temple sur l'acropole, le Parthenon de Minerve.

Pour les Pays-Bas, il ne nous a pas été conservé assez de ruines ou de vestiges de temples de cette époque reculée pour nous fournir des données positives et suffisantes. Il ne nous reste que des autels dédiés aux divinités topiques, Rosmerta, Vagdavera, Sandraudiga, ou Nehallenia,

ou bien l'un ou l'autre tombeau d'une famille opulente, œuvre de la décadence romaine, comme le célèbre mausolée des Secundini, sur les bords de la Moselle, à deux lieues de Trèves.

Nous avons consacré un chapitre spécial à l'importante question de l'architecture et de la sculpture polychrome des Grecs et des Romains. Adoptant franchement les opinions d'Hittorf, le célèbre architecte allemand, nous avons étudié spécialement pour nos lecteurs les temples de Selinonte, d'Agrigente, de Syracuse, d'Acræ et du petit Heroon, et rapporté la célèbre inscription qui nous revèle à la fois le nom du peintre à l'encaustique Dionysodore et la preuve matérielle, servant à confondre les adversaires de la polychromie,

Après la peinture, nous avons attribué uno large place à la mosaïque, cette œuvre artistique et si durable, dont les spécimens vieux de vingt siècles semblent encore aussi jeunes et aussi frais, que lorsque le refouloir du mosaïste y eut appliqué le dernier poli.

Au lieu de nous en tenir à la simple statuaire, nous avons fourni à nos lecteurs des aperçus aussi complets que possible, grâce à nos recherches modernes, sur la céramique, la thoreutique, la statuaire chryse-éléphantine et cet admirable art de la glyptique, où les anciens sont toujours demeurés sans rivaux, alors que les sculpteurs et les thoreuticiens de l'antiquité ont trouvé de dignes émules dans les André Contucsi, les Jean Goujon, les Benvenuto Celini et les Michel-Ange.

Nous avons inauguré notre période chrétienne par l'architecture des catacombes, s'il est permis d'appeler d'un nom artistique les humbles et plebeïennes constructions des premiers cimetières chrétiens. Il faut le respect et l'amour filial d'un catholique, pour juger dans leur ensemble, abstraction faite du mérite artistique absent, ces œuvres

contemporaines des premières luttes des soldats du Christ. Nous en avons successivement analysé les parties architecturales, picturales et sculpturales; nous avons surtout insisté sur les sujets de ces peintures d'abord impreignées de paganisme, puis se rapprochant peu à peu du symbolisme chrétien par des sujets tirés de l'ancien testament et de l'Évangile de Jésus-Christ; nous avons décrit les curieux symboles rappelant les imagines clypeata des tombeaux païens et le rouleau déployé des sépulcres de Nason.

A la suite de ces considérations, nous avons consacré un chapitre spécial et, nous pouvons le dire, complétement inédit, à la dactyliothique ou sphragistic, une des branches de l'art antique les moins en honneur de nos jours, mais qui fut cultivée autrefois de manière à produire de véritables chefs-d'œuvre artistiques.

Abordant ensuite l'époque primordiale chrétienne, nous avons développé, autant qu'il était en notre pouvoir, cette extension rapide de l'église de Jésus-Christ, traversant la période militante des catacombes, à travers le feu des persécutions, les souffrances et les martyrs glorieux, pour arriver à l'époque où le labarum surmonte l'aigle romain des nobles légions de Constantin. Désormais jusqu'au temps où les descendants du grand Karl ne sauront plus défendre l'héritage que la puissance de leur père couvrait jadis de la pourpre de son manteau et devront céder aux Normands ces nobles rives du Rhin qui retentirent si souvent des sons rauques de l'oliphant que l'on admire encore aujour d'hui au trésor d'Aix-la-Chapelle, ce signe de victoire marchera à la tête des phalanges chrétiennes. Nous avons intitulé période primordiale chrétienne, ce beau temps qui part de Constantin pour aboutir à Charlemagne. Pendant cette époque, on éleva des temples chrétiens avec une splendeur et une majesté sans égale. Le culte extérieur de ces temps reculés est comparable, au point de vue artistique,

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