Page images
PDF
EPUB

forme et l'aspect inégal de son chapiteau, ce qui rend son emploi très-difficile pour les colonnes en retour d'équerre. Les anciens avaient compris toute l'importance de ce défaut, et l'on peut voir dans l'excellent Parallèle de Normand, qui a été pour nous d'un grand secours dans ce travail, la volute ployée et arrondie aux angles extérieurs et ployée en retour d'équerre à l'intérieur, sans pour cela dissimuler le grave défaut d'aspect.

Nous donnons ici l'ordre dorique du temple sur l'Illissus,

à Athènes. Cet édifice parait avoir été dédié à Cérès. Il est du style le plus simple et n'a pour ornements que les oves de son chapiteau, les cannelures du fût de la colonne et le tore supérieur de sa base ornée de plusieurs cannelures horizontales.

IONIQUE ROMAIN

L'ordre ionique parait avoir été rarement employé par les Romains, si nous devons en juger par ce qui en existe encore dans les restes des édifices antiques. On ne le retrouve qu'au temple de la Fortune virile, auquel se rapporte notre dessin, au théâtre de Marcellus et aux thermes de Dioclétien.

Quant à celui du Colisée, il n'a positivement jamais existé qu'à l'état de masse ou d'ébauche.

Si l'on se rapportait à l'idée, que les Grecs ont donnée de cet ordre dans toutes ses parties et à la comparaison, que Vitruve a établie entre sa colonne et une jeune fille, l'oeil s'accoutumerait difficillement à supporter l'aspect de son entablement massif, dont on fait remonter l'origine au règne de Servilius Tullius, qui d'esclave devint roi de Rome. Néanmoins, il mérite toute notre attention, parce que par son profil il est bien distinct des autres ordres. Son chapiteau, comme ceux des Grecs, a également une volute angulaire. Quelques architectes modernes l'ont pris pour modèle; la plupart d'entr'eux se sont contentés de figurer les volutes sur une ligne parallèle, d'agrandir la frise et d'apporter de notables changements à la corniche et à l'architrave.

CORINTHIEN GREC

Les proportions, que Vitruve assigne au chapiteau corinthien, ne nous offrent rien de bien positif pour pouvoir être justifiées. Celui que l'on voit dans la planche ci-après est tiré de l'enceinte d'un temple d'Athènes, connu sous le nom de temple de Jupiter Olympien et attribué par Stuart de Revett à Junon Lucine. La forme de ce chapiteau est simple; les angles de son tailloir sont aigus; la base des feuilles au-dessus de l'astragale se dessine par un petit congé, qui semble leur servir de lien et dont elles paraissent sortir. Celles du second rang sont également retenues par une espèce de bandeau. Les corniches sont soutenues par une tigette, dont la forme flexible parait naturelle : tout cela réuni démontre-t-il l'origine de l'ordre? c'est ce que nous n'entreprendrons pas de décider. Quelques archéologues attribuent cet édifice à la magnificence d'Adrien ;

ARCHÉOLOGIE.

4

dans ce cas le frontispice de Néron, à Rome, serait plus ancien que l'ordre de l'enceinte du temple d'Athènes, qui

ము

est profilé à la manière des Grecs, tandis que le frontispice de Néron, sauf l'entablement, appartient tout entier à l'art romain.

CORINTHIEN ROMAIN.

Si les architectes grecs n'avaient pas imaginé d'entablement propre à l'ordre corinthien, comme le prétend Vitruve,

et s'ils avaient employé indifféremment celui qui était adopté pour l'ordre ionique, en le plaçant sur ce troisième ordre, les Romains, dans la supposition que le portique de l'enceinte du temple de Jupiter Olympien, à Athènes, ne remonte

pas plus haut qu'Adrien, auraient toute la gloire d'une aussi belle invention. En effet, que pouvait-on composer de plus noble et de plus propre à être orné, ou conservé dans toute sa simplicité, que l'ordre qui se voit au portique du Panthéon, ou de la Rotonde et dont nous donnons ici le dessin. L'ordre corinthien du portique du Panthéon, à Rome, dont M. Suys, père, a publié une admirable monographie, avec

« PreviousContinue »