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tion artistique, qui se développe aujourd'hui d'une manière si consolante, commençait seulement à germer dans notre pays, notre vénérable archevêque, d'heureuse mémoire, prenait l'initiative de mesures semblables (1) et son exemple n'a pas tardé à rencontrer partout les sympathies les plus vives et le concours le plus actif.

C'est en vue de répondre également, dans la mesure de nos forces, à la voix de nos chefs spirituels, que nous n'hésitons pas à mêler notre faible voix à des voix plus éloquentes et plus autorisées et à unir nos timides efforts à des efforts plus puissants et plus expérimentés. En publiant ce traité d'archéologie religieuse nous n'avons donc d'autre but que de seconder, autant qu'il est en nous, l'œuvre de régé nération des vrais principes et des véritables traditions de l'art chrétien.

L'ouvrage, que nous publions aujourd'hui était attendu et désiré depuis longtemps. Dans la dernière session de l'assemblée générale des catholiques en Belgique, la section de l'art chrétien reprenant les programmes qu'elle avait exposés en 1863 et en 1854, insista, avec une nouvelle force, sur la nécessité d'une exécution. L'assemblée s'associa à ces vœux et notamment déclara qu'il y avait lieu de mettre au concours la composition d'un manuel d'archéologie conforme aux traditions chrétiennes et à la législation ecclésiastique et basé sur les monuments nationaux.

(1) Synodi Mechlinienses. Acta et decreta in quinta congreg. archipresb. habila 27 aug. 1839. Decret. III.

Ce vou, qui tendait à combler une lacune dans notre pays, où aucun travail de ce genre n'existait encore, n'avait jusqu'à ce jour reçu aucune exécution. Invités personnellement à plusieurs reprises et assurés d'un concours actif de la part des honorables membres du Comité archéologique du Brabant, nous nous sommes enfin décidé à essayer de le réaliser. Mais, en entreprenant ce travail, nous avons également compté sur l'indulgence du public qui, nous csons l'espérer, tiendra compte de notre bonne volonté et du but que nous nous proposons de poursuivre. Tous nos efforts seraient amplement récompensés, s'ils pouvaient produire ou ranimer dans quelques cœurs la vénération et l'amour dont méritent d'être entourés les glorieux monuments de la foi et de la piété de nos ancêtres.

INTRODUCTION.

Prise dans son acception étymologique la plus large, l'archéologie est la science des choses anciennes. A ce point de vue, il n'est pas de connaissances, dont le domaine soit tout à la fois aussi vaste et aussi varié. S'appliquant à connaître la civilisation ancienne, elle embrasse l'étude des mœurs, des coutumes, des monuments et de tout ce qui se rapporte à la vie sociale, politique et religieuse des peuples de l'antiquité.

Dans un sens plus restreint, l'archéologie est la science qui a pour objet les monuments des àges antérieurs. Ainsi considérée, elle se divise en profane et religieuse. La première comprend l'étude des édifices et de tout objet d'art quelconque en usage dans la vie civile. La seconde n'embrasse que les monuments du culte seulement. Celle-ci nous fait connaître la religion par les œuvres qu'elle a enfantées, les croyances par les objets qui les expriment, les mœurs et les coutumes des fidèles par une foule de détails qui les

vèlent, en un mot, la civilisation religieuse par les œuvres d'art qu'elle a produites.

Les éléments, qui constituent l'objet de l'archéologie religieuse, sont si multiples et si variés, qu'on peut les classer d'après les nombreuses divisions adoptées pour la classification des diverses branches de l'art. Toutes ces dernières ont été, en effet, employées pour la manifestation extérieure des croyances et des sentiments religieux des générations passées.

En appliquant à l'objet de l'archéologie religieuse les divisions adoptées dans le domaine de l'art, nous y distinguons six classes distinctes et générales, qui sont : 1° L'architecture; 2o la peinture; 3° la sculpture; 4° la gravure; 5o le mobilier; et enfin 6° l'iconographie. Toutes les branches particulières peuvent être rattachées à l'une ou à l'autre de ces divisions générales.

L'architecture est la mère de tous les arts; c'est elle qui les résume et les réunit tous.

Telle que nous la considérerons dans le présent ouvrage, elle embrasse tous les édifices du culte : les catacombes, les cryptes, les basiliques, les églises, les chapelles, les baptistères, les tombeaux, etc., etc.

La peinture vient, à son tour, en aide à l'architecture qu'elle complète en en faisant ressortir jusqu'aux moindres détails. Elle se divise en peinture murale, en peinture sur verre, en peinture sur toile, sur bois ou sur parchemin, peinture en mosaïque, etc., etc.

en

La sculpture également basée sur l'architecture, qu'elle orne de figures, de feuillages et d'ornements de tous genres, comprend les statues, les bustes, les bas et hauts-reliefs, les sarcophages, les dyptiques, les fonds baptismaux, etc., etc.

La gravure, qui s'applique plus spécialement aux objets du culte, comprend toute gravure quelconque, sur pierre, sur terre cuite, sur métal, sur bois, etc., etc.

Le mobilier, qui constitue l'une des parties les plus indispensables d'un édifice religieux, reçoit également son caractère et sa forme de l'architecture, à laquelle il sert de complément. Il s'applique indifféremment à tous les objets à l'usage du culte, aux vases sacrés et liturgiques, aux lampes, aux chandeliers, aux encensoirs, aux ostensoirs, aux siéges, aux étoffes, aux objets de dévotion, etc., etc.

L'iconographie, qui est une des parties les plus importantes de l'archéologie religieuse, s'applique tour à tour à chacune des parties dont celle-ci se compose. Elle anime d'une sorte de vie les édifices, depuis les pavés en mosaïque jusqu'aux clefs et aux pendentifs des voûtes, depuis le portail historié jusqu'à l'abside du sanctuaire. S'occupant des images en général et principalement de la représentation des mystères, des saints et des symboles de l'Église, elle explique les emblèmes, les attributs, détermine les vêtements, les insignes et nous fait connaître le mysticisme chrétien sous toutes ses formes et dans ses moindres détails.

Toutes ces diverses branches de l'art feront dans ce travail l'objet d'études distinctes. Les divisions que nous y

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