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sommes convenu d'appeler l'art décoratif. Cet art, que nous avons déja fait connaître à l'occasion des peintures grecques et romaines, est à base géométrique, formant mille combinaisons ingénieuses, tissu général de décoration, laissant dans chaque compartiment un espace réservé au cadre devant servir à placer un sujet symbolique en rapport avec la croyance en l'autre vie, le culte des morts ou l'édification des vivants.

Le système général des hypogées, quelle que soit leur forme ronde, carrée ou polygone, se termine presque toujours en une espèce de coupole, ou voûte hémisphérique, offrant dans la paroi une ou plusieurs niches cintrées ou en arc surbaissé (monumenta arcuata), et le mode de décoration qui s'y applique est aussi peu varié que l'ordonnance même. La voûte aussi bien que la niche sont presque toujours peintes; le nu du mur ou champ de la paroi et les montants ou pilastres le sont rarement dans leur ensemble,

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mais parfois reçoivent l'impression de quelque ornement géométral, ou de quelque figure symbolique, isolés sur le champ à teinte de pierre.

Comme nous l'avons dit précédemment, la peinture de la voûte comprenant un espace plus considérable se subdivisait en compartiments séparés par des fleurs, des guirlandes, des couronnes, des animaux chimériques ou symboliques et par divers motifs d'ornementation dans le genre arabesque ou grotesque, ainsi appelé par les artistes de la Renaissance, parce que les premières peintures de ce genre copiées aux loges du Vatican, avaient été trouvées par Jules Romain, dans les ruines des thermes de Titus et de Caracalla.

Les compartiments des voûtes sont ordinairement au nombre de quatre; le tout distribué autour d'un cadre rond, carré ou polygone, où se trouvent peints un buste, une figure principale ou parfois une scène composée de plusieurs personnages. Les espaces des compartiments encadrant la figure ou le sujet principal sont décorés d'autres sujets se répondant l'un à l'autre et tirés habituellement de l'ancien et du nouveau Testament. Parfois, mais fort rarement, ces sujets appartiennent tous à la Bible ou à l'Évangile.

Quant aux peintures qui décorent l'arc couronnant chaque niche des arcosolia, leur espace restreint n'admettait pas un pareil développement. Elles consistent le plus souvent en un seul sujet d'une ou de plusieurs figures inserées dans un compartiment en hémicycle, dont les écoinçons sont remplis. par des feuilles, des rosettes ou de simples figures prismatiques.

On trouve cependant des figures isolées peintes à droite ou à gauche de la retombée de l'arc. Ces figures placées dans des espèces d'encadrements et opposées une à une, deux à deux, sont considérées par quelques auteurs comme devant appartenir aux personnes qui se chargeaient de dé

corer à leurs frais les chambres sépulcrales, soit pour leur propre usage, soit pour la sépulture des autres fidèles.

Tel est, sauf un petit nombre d'exceptions trop peu importantes en elles-mêmes ou d'une époque trop récente pour mériter d'être signalées, le type général d'après lequel sont exécutées les peintures décoratives des chambres sépulcrales et des églises des catacombes.

Nous nous sommes appesanti sur le type général de la peinture décorative encadrant des sujets. Nous verrons dans l'article suivant, quels sont les figures, les sujets, les bustes et les scènes représentés dans les divers compartiments ou reproduits sur le champ des parois.

ARTICLE IV.

Peintures à sujets.

L'immense variété de sujets de peintures symboliques à figures que contiennent les catacombes peut être décomposée en huit types principaux, qui sont :

1o Les sujets païens rapportés à un symbolisme chrétien; 2o Les figures mixtes cachant un symbolisme et n'étant pas empruntées au paganisme;

3o Les sujets tirés de l'Ancien Testament;

4o Les motifs tirés de l'Évangile;

3o Les images de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, des Apôtres, des saints, et des confesseurs de la foi, postérieurs à l'époque apostolique;

6o Les sujets retraçant les cérémonies et le symbolisme des sacrements;

7° Les emblèmes personnifiant les conditions et les dignités ecclésiastiques;

8° Les images purément symboliques.

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Celui qui ne considérerait dans les peintures des catacombes que l'aspect général de la scène serait exposé à tomber dans de singulières méprises. Il est difficile, en effet, de voir des anges dans les petits génies nus et ailés, tenant en main une guirlande, jouant avec des coqs ou soutenant un objet circulaire en forme de bouclier dans lequel sont représentés un ou plusieurs personnages en buste, non plus que dans les victoires ailées, à la gorge nue, qui se rencontrent aux prédelles des arcosolia.

Le type païen se reconnaît non moins sûrement dans les figures nues terminées en feuillages, dont Bottari nous fournit des exemples et auxquelles nous avons déjà fait allusion plus haut en parlant d'arabesques.

En fait d'animaux symboliques, le même Bottari nous montre des Pégases ailés, employés dans la décoration des tombeaux antiques pour exprimer l'apothéose, des hyppocampes, des dauphins, des cerfs, des serpents, des tourterelles, des colombes et des paons.

Une peinture du cimétière de aint-Callixte nous offre un spécimen des plus curieux de l'influence de l'art antique sur l'art chrétien des catacombes. Elle se compose de trois compartiments dont celui du milieu nous montre des deux côtés d'une grande fenêtre, percée dans un arc et surmontée d'une tablette, deux petits génies ailés, portant chacun une palme d'une main, et tenant l'autre appuyée sur le montant de l'ouverture. De chaque côté de cette grande lunette sont représentés deux guerriers vêtus d'une simple tunique; l'un a la tête casquée et porte de la main gauche une haste et de la droite un vase orné de bandelettes; le second est également muni d'une haste et d'une tablette, objet en usage chez les officiers de la milice romaine. Dans le premier des compartiments latéraux, nous trouvons représentée une

femme vêtue d'après l'antique, assise, le casque en tête, la droite tenant la haste, la gauche s'appuyant sur le bouclier. Cette figure, à en juger par la ressemblance qu'elle offre avec un grand nombre d'autres du même genre que nous fournissent les monuments civils des Romains pourrait bien être la personnifiation de la déesse Rome. La figure d'homme, qui, devant elle, lui montre du doigt un grand segment de cercle, où sont tracés quelques signes avec quatre astérismes, n'est-elle pas l'allégorie de l'horoscope de Rome, qui dans sa course avait accompli la moitié du cycle sous le paganisme et devait parfaire l'autre moitié en remplaçant l'aigle romaine par le labarum? Tous les éléments de cette peinture semblent se rapporter à la sépulture d'un chrétien ayant fait partie d'une des légions de l'armée romaine (1).

Dans le même cimetière de saint-Callixte se voit une autre peinture, non moins digne de l'attention de l'archéologue et qui nous révèle au plus haut point l'influence des traditions antiques sur le génie des artistes chrétiens de la primitive Église. Le sujet principal de cette peinture est un portrait en buste d'un personnage illustre. De chaque côté du médaillon qui renferme ce portrait et qui rappelle incontestablement les imagines clypeatæ des tombeaux païens, sont deux femmes tenant un rouleau déployé et dans lesquelles nous reconnaissons, avec le savant Bottari, deux muses portant inscrit l'éloge du héros chrétien. Dans la partie supérieure de l'archivolte se trouvent deux Victoires vêtues, ailées et volant avec la palme et la couronne dans la main. Les autres accessoires de cette peinture sont deux vainqueurs aux jeux olympiques, debout dans un quadrige et munis aussi de la palme et de la couronne, symboles de victoire. Des Pégases ailés avec des aigles, deux animaux symboliques, une figure de femme avec un thyrse et une grappe de raisins,

(1) Bottari, Sculture e pitture, t. III, pp. 1 et 192.

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