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Phidias, personne ne prit la peine d'en donner une description détaillée.

D'après Pline, la Minerve avait 26 coudées de haut (37 pieds), sans compter la base au moins de 8 à 10 pieds, ce qui fait une hauteur totale de 45 à 47 pieds et qui conconcorde de plus avec l'élévation du naos qui en comptait 50.

A cette époque brillait de tout son éclat la statuaire chryseéléphantine, branche de la thoreutique. Toutes les statues célèbres des puissantes républiques de la Grèce étaient faites d'or et d'ivoire (chryse-éléphantine). Dans ce genre de sculpture polychrome, l'or ou le métal était appliqué à toutes les parties de draperies ou d'accessoires, l'ivoire était conservé pour la chair et le nu.

La Minerve de Mégare était dorée, dit Pausanias, au chapitre XLII, à l'exception des pieds, des mains et du visage qui était en ivoire. Dans les républiques moins fortunées, on arrivait à un aspect semblable par des moyens plus restreints. Dans la Minerve de Platée, la masse était de bois doré et les parties nues de marbre pentelique.

Platon, dans un de ses dialogues l'Hippias, nous a laissé une description détaillée du bouclier de Minerve chose remarquable, il dit, que l'artiste avait figuré par des pierres précieuses l'œil de la vierge issue de Jupiter. Ainsi se trouvait justifiée l'épithète du vieil Homère : yuxomes A0nın.

Il nous reste encore à parler d'une dernière branche de la sculpture la glyptique. L'époque de Phidias fut aussi l'époque mémorable des camées d'une inappréciable valeur qui sont parvenus jusqu'à nous. Personne ne les a jamais dépassé et nous citerons, comme spécimens admirables, la pierre gravée, vulgairement appelée : cachet de Michel-Ange et le fameux camée du Musée impérial de Vienne, le seul qui soit signé d'un nom d'auteur, le Grec Aspasios. Il repré

sente une inimitable tête de Minerve au casque Taxiarque à trois aigrettes (1).

ARTICLE IV.

Sculpteurs et thoreuticiens de l'antiquité.

Nous avons vu dans l'article précédent, qu'il est très-difficile de savoir quels ont été les premiers inventeurs de la sculpture. Sa haute antiquité nous a été démontrée par des citations bibliques. Parmi les auteurs, qui ont écrit sur la matière, plusieurs disent que ce furent deux samiens, Idéochus et Theodoros, qui firent les premières statues réellement dignes de ce nom.

Lorsque Démaratus, père de Tarquin-l'Ancien, se retira en Italie, il amena avec lui Euciraque et Eurygramme, excellents sculpteurs. Tarquin, roi de Rome, fit venir de Mysie, colonie grecque de l'Asie-Mineure, Taurianos et lui fit faire la statue de Jupiter-Ammon en terre cuite et un quadrige de même matière, pour mettre au frontispice du temple de ce dieu. Pline (2) rapporte que ce fut le même sculpteur qui fit la statue d'Hercule-Keramous, que l'on nommait ainsi à cause de sa matière qui était la terre cuite. Longtemps avant les

(1) Le camée des anciens s'exécutait sur coquille du genre nautile. Celle-ci présente dans sa section une agathisation transparente qui forme le fond, et une seconde couche calcaire, qui convenablement épargnée, doit être modelée et produire des reliefs d'un blanc laiteux, transparent sur la couche inférieure de teinte agathisée. Les pierres gravées en creux, dont la collection des Médicis, à Florence, présente les plus beaux et les plus riches spécimens, s'exécutaient ordinairement sur cornaline ou agathe; parfois aussi, mais plus rarement, sur pierres précieuses, telles qu'améthistes, saphirs, escarboucles ou éméraudes.

(2) III, 10.

guerres persiques, florissaient en Grèce et dans les colonies grecques du Latium plusieurs excellents ostraquinistes (1). Les ouvrages en terre qu'ils nous ont laissés dénotent une haute connaissance du modelé et de la structure humaine. Les historiens font mention de Calcosthène, athénien, de Démophile, argien, et de Gordanus de Milet, qui excellait à travailler l'argile.

Nous savons déjà que les anciennes images des divinités du paganisme étaient ou de bois, de diorite, de basalte vert ou de terre et nous renvoyons le lecteur à la note sur les idoles égyptiennes exposées par le khédive dans le parc de l'exposition universelle de Paris de 1867 (2). On employa depuis la pierre, l'albâtre, le lapis lazuli, les porcelaines grises et émaillées (3), l'ivoire, l'or, l'argent et les métaux (thoreutique, chryse-éléphantine).

On rapporte que Praxitèle disait que l'art de faire des figures de terre était comme la mère, qui avait enfanté l'art de faire des figures de marbre et de bronze, qui n'atteignit l'apogée de sa perfection qu'environ 300 ans après la fondation de Rome. Phidias d'Athènes, qui apparut alors surpassa tous les artistes, qui l'avaient précédé, dans la thoreutique et la statuaire chryse-éléphantine. La Minerve du Parthenon,

(1) serpaxivos, fait de terre cuite.

(2) Page 115.

(3)Comme il pourrait sembler étrange à quelques uns de nos lecteurs de voir figurer la porcelaine au nombre des matériaux, dont se servaient les anciens pour la confection de leurs divinités etc., nous transcrivons ici la description qu'Auguste Mariette nous a conservée de deux spécimens faisant partie du pare égyptien, à l'exposition de Paris de 1867 et où l'emploi de la porcelaine est manifeste.

"

62-Memphis-Myt-Rahyneh. Porcelaine bleue. Hauteur 0,30.

Un sistre complet. Sur le manche, légende confuse, où on distingue encore le cartouche de Darius (XXVIIe dynastie).

"

426-Memphis-Saqqarah. (Sérapeum). Porcelaine verte. Hauteur 0,06.

- On admirera la vivacité des couleurs et le fini du modelé de cette jolie tête qui paraît, d'après d'autres monuments trouvés au Sérapeum, représenter Néchao. »

ressuscitée, à nos yeux, par le duc de Luynes, lui mérita l'insigne honneur de figurer au firmament de l'art ancien, pour compléter cette trinité artistique, dont les trois noms. rayonnent d'un nimbe glorieux: Ictinus, Callicrate et Phidias.

Nous donnons ici un spécimen de l'art admirable avec lequel les Grecs savaient agencer les draperies. Les figures de la statuaire grecque étaient la plupart du temps gymniques, c'est-à-dire, nues comme les athlètes qui s'exerçaient aux jeux de ce nom. Le remarquable fragment des frises des panathénées fera voir, que, sous ce rapport, ils n'étaient pas inférieurs aux artistes romains qui excellèrent surtout dans le drapé.

De leur école sortirent quantité d'excellents élèves, qui portèrent l'art de la sculpture au plus haut point qu'il ait jamais atteint. Sycione vit s'illustrer Polycrète, dont les statues de femmes ou de déesses faisaient l'admiration de la Grèce; Myron, qui était inimitable par la grâce, la noble simplicité des attitudes et la perfection infinie de la forme; Lysippe, le plus fastueux artiste de l'antiquité, qui marchait vêtu de pourpre et la tête ceinte d'une couronne d'or, magnifique témoignage de l'admiration d'Alexandre, qui avait défendu à tout autre thoreuticien, sous peine de mort, de jeter son image en bronze; Dinocrate, ce sculpteur-architecte un peu fantaisiste qui, au dire de Vitruve, proposa au même Alexandre de faire du mont Athos une gigantesque statue, qui de sa main puissante aurait sontenu une ville entière; Praxitèle et Scopas, dont le nom seul est une renommée et qui ont fait cet admirable groupe de Castor et de Pollux, au monte Cavallo, que l'heureux Léon X découvrit dans sa vigne de la porta Flaminia; Timothée de Lesbos et Leocharès, macédonien, qui accomplirent cette merveille du monde, que la douleur d'Artémise fit élever à son époux, Mausole, roi de Carie; Briaris, qui faisait acheter les plus belles esclaves de Grèce et d'Asie pour lui servir de modèle et de l'ensemble

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