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beauté idéale qui constitue l'attribut exclusif de la divinité. La statue de Minerve, dont nous donnons ici le dessin, appartient à Fart grec et doit avoir fait partie de la foule innombrable d'œuvres du même genre que Mummius, vainqueur de Corinthe enleva, comme dépouilles opimes, aux temples et aux palestres des Grecs.

Nous offrons également à nos lecteurs un spécimen des plus remarquables de l'art étrusque. C'est une Minerve

d'un type très-caractéristique et suffisant pour déterminer toutes les productions du même genre enfantées par le génie de ce peuple.

L'art romain peut être jugé par la gravure que nous donnons d'une Junon-Lucine. L'influence grecque y est très

sensible. Cependant les plis des draperies n'ont pas cette apparence de linge mouillé que l'on remarque dans les statues grecques, et dont le lecteur peut se convaincre en examinant le remarquable spécimen que nous reproduisons plus loin des célèbres sculptures des panathenées, mutilées par le fanatisme musulman.

Les draperies de cette statue de Junon ont le pittoresque et l'ampleur des plis produits par la laine filée. Si les grecs affectionnaient les vêtements de fin lin, si les courtisanes d'Athènes se vêtissaient de gaze de Cos, il n'en était pas de même chez les romains, où ces vêtements, manquant de modestie, étaient sévèrement proscrits par une loi. Le respect des personnes se reflétait directement dans les représentations des divinités, et les déesses révérées des matrones, Isis, Junon, Vesta, Minerve portaient l'ample stola de laine des patriciennes. Ce principe cependant ne trouvait son application que pour les divinités que l'on représentait drapées. Bacchus, Apollon, Vénus et Diane portaient ordinairement des vêtements plus écourtés et moins imposants; quelquefois même ces divinités s'étalaient sans voile sous la celle dorée de leurs temples.

Une des applications les plus heureuses de la sculpture gréco-romaine, se retrouve dans les admirables vases de marbre ou d'albatre qui sont parvenus jusqu'à nous. Tout le monde connait le parti que savaient en tirer les artistes par des applications de bas-reliefs au contour général des vases. Serlio et Lazare de Baïf nous ont fourni une théorie plus ingénieuse que vraie de la construction des vases chez les anciens. L'inépuisable variété des œuvres de ce genre qui nous sont parvenues vient singulièrement infirmer l'absolu de leurs théories. Tout au plus pouvons-nous admettre que les proportions qu'ils ont adopté étaient vraies pour certaines formes. Le célèbre vase, dit de Médicis, dont le bas-relief représente le sacrifice d'Iphigénie est trop connu pour que nous en donnions ici la gravure. Il en est de même du superbe cratère, connu sous le nom de vase de Warwick, dont les anses ayant des têtes de faunes, comme amortissement, sont ornées de ceps et de pampres tordus avec un art incomparable. Nous donnons ici deux remarquable spécimens de vases gréco-romains, empruntés au

savant parallèle de Durand. Le premier nous représente deux griffons disposés de chaque côté d'un candelabre,

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ornement que l'on retrouve fréquemment dans les peintures et les sculptures d'Athènes et de Rome. L'anse est formé d'un serpent enroulé et a pour amortissement une tête de belier, animal consacré à Jupiter. Les griffons ont également une tête de belier. Le col du vase est orné de feuilles d'eau du meilleur effet.

Le second vase que nous donnons ci-après êtait ssns aucun doute un rafraîchissoir. Les anciens étaient friands de

boissons glacées. Le galbe est tout uni depuis la base jusqu'aux lèvres ornées d'un tore de laurier. Sur la face que nous reproduisons, l'artiste a représenté l'oiseau de Jupiter enlevant Hébé; des guirlandes sont suspendues à des anneaux sous le tore et soutiennent des cignes aux aigles éployés. La découverte du trésor de Varus nous a appris que parfois ces vases étaient faits de métaux précieux.

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Il y a peu de temps que cette partie de la plastique grecque a été sérieusement étudiée. Nous devons au marquis Campana la création du fameux musée que Napoléon III adjoignit au Louvre et dont nous avons déjà parlé plus haut.

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