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fameuse bataille d'Issus ou d'Arbelles, où Alexandre se couvrit d'une gloire immense, et qui fournit à Quinte-Curce un de ses plus éloquents et de ses plus héroïques récits. Déjà vainqueur, un escadron de Grecs fond sur les Perses. Alexandre galoppe à la tête de ses phalanges macédoniennes ; il a perdu son casque dans la mêlée; ses cheveux flottent au gré des vents; sa longue lance a percé Artaphernes, le général ennemi. Des Perses culbutés se retournent et fuient; ceux qui entourent Darius, le roi vaincu, prennent la fuite, tournant le dos à la déroute et au salut et ne songeant qu'à leur général mort. Toute la scène, l'élan des uns, la confusion des autres, le char retourné du roi, la colère, l'épouvante, la pitié, la joie, tout cela, profondement senti, clairement rendu, frappe le premier regard et laisse l'impression impérissable des chefs-d'œuvre.

Cette merveille n'était que le pavé d'un salon. Composé de petits morceaux de marbres de couleurs et non de pâte de verre, ce splendide tableau est exécuté de telle sorte que dans l'espace d'un pouce carré on compte même quelquefois au delà de cent cinquante petits morceaux de marbres. L'encadrement qui l'entoure se compose d'un ornement qui mésure huit pouces de large et présente une dentelure dont les quatre extrêmités sont terminées par une rosette. Le bâtiment, où il a été découvert le 24 octobre 1831, est appelé la maison de Faune, parce qu'on y a découvert le fameux Faune dansant, ont nous parlerons à l'article de la sculpture thoreutique. Les plus splendides tables des féériques palais de Naples ont été coupées dans les planchers des maisons de Pompéï.

L'art de la mosaïque ne se perdit jamais chez les Grecs. Nous la retrouverons dans la période romano-byzantine avec tout son luxe et toute la palette diaprée de ses couleurs. Lequel de nos lecteurs n'a pas entendu parler des magnifiques ouvrages en mosaïques de saint Paul, hors des murs, et de

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saint-Marc, à Venise, et, si le fanatisme turc ne s'était pas attaqué aux merveilleuses mosaïques de sainte-Sophie de Constantinople incrustées à grands frais dans les parois de la patriarchale basilique par les Comuènes et les Paléologues, notre époque pourrait admirer des œuvres bien supérieures aux modestes motifs d'ornementation à rinceaux, inspirés par la flore locale, que le musulman iconoclaste a seul daigné conserver.

La basilique de saint-Pierre, à Rome, ce chef-d'œuvre du catholicisme tendant la main à la Renaissance, est ornée de mosaïques, qui ne le cèdent en aucun point à la Navicella de Giotto, cet autre chef-d'oeuvre de l'école ombrienne.

De nos jours, l'illustre et à jamais incomparable pontife, Pie IX, ce Mécène des arts, protége de toute sa bienfaisance l'admirable fabrique de mosaïques du Vatican, dont, en 1861, il envoya deux admirables spécimens à l'exposition d'Anvers (1). Raphaël, Guido Reni, Andrea del Sarto revivent immortels dans ces chefs-d'oeuvre où le génie de l'homme a su asservir la pierre au point de lutter avec les milles nuances délicates, que la laine des artistes des Gobelins sait assortir sur la tràme au point de rivaliser avec les peintures les plus fraiches et les plus vigoureuses (2).

(1) No 1321. Ecce homo, d'après le tableau de Francesco Barbieri, dit lė Guerchin, qui se trouve dans la galerie de S. E. le prince Corsini, à Rome. No 1322. La Vierge et l'Enfant Jésus, d'après le tableau de Giovani Battista Salvi, connu sous le nom de Sasso-Ferroto, appartenant aux héritiers du souverain Pontife Gregoire XVI. Salon d'Anvers.

(2) Notre époque d'éclectisme a tenu en honneur de relever le gant jeté par les anciens à propos de mosaïques. A part l'admirable académie des mosaïstes du Vatican, à Rome, Mazzuoli et del Turco ont exposé au tournoi universel de Paris de 1867 des mosaïques en tout point comparables aux produits de l'antiquité. La fabrique de Minton a également exposé des remarquables mosaiques en verre coloré, qui peuvent lutter avec les lapilli de marbre des mosaiques antiques. Des essais intelligents et qui font honneur à notre époque sont tentés de nos jours pour faire rentrer ce mode d'ornementation daus nos arts somptuaires. Nous avons vu une mosaïque fort bien ARCHÉOLOGIE. 9

Nous donnons ci-après quelques exemples de mosaïques gréco-romaines. Ces mosaiques sont toutes de l'espèce que

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exécutée par les Vénitiens Bernardino et fils, rue de Trèves, au Quartier Leopold, dans la serre de la maison de M. Sehoy, architecte et vice-président du Comité archéologique du Brabant.

nous avons renseignée sous notre seconde division, c'est-àdire purement ornementales et reposant sur des données graphiques de convention. On y verra différentes applications de la grecque ou entrelas, que l'on retrouve dans l'ornementation systématique, non-seulement de l'époque grécoromaine, mais encore, comme nous le montrerons par de nombreux exemples, dans l'ornementation romane et dans les premières applications de la Renaissance. Elle doit être considérée comme la filiation du motif gothique des labyrinthes, ou méandres, employés à la décoration des surfaces et conçus d'après les principes de l'architecture ogivale à son déclin, que l'on a désigné, avec beaucoup de vérité, sous le nom générique d'architecture flamboyante. (1)

(1) Les Celtes et les Germains, qui, malgré la rudesse de leurs mœurs, étaient loin d'être dépourvus de notions sur l'art, connaissaient la peinture. Les restes d'urnes et de poteries qui nous ont été conservés de ces peuples portent encore des traces d'une décoration formée de l'assemblage de différentes couleurs. Au rapport de Tacite, les Germano-Belges enduisaient même d'une terre pure et luisante un certain nombre de leurs habitations et cet enduit produisait une véritable ornementation. Après la conquête des Gaules par les Romains, une nouvelle ère s'ouvrit chez les peuplades germaniques pour ce qui regarde la peinture, comme aussi pour toutes les autres branches de l'art. A cette époque déjà, nous voyons naitre la peinture murale proprement dite. Les fragments,qui nous en ont été conservés nous offrent des larges bandes rouges, jaunes, bleues et blanches, relevées par des fleurons ou par d'autres ornements tracés sur un enduit dont on recouvrait la partie plane des parois.

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