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trois panneaux ou plus. Une frise, qui variait en largeur et qui occupait environ le quart de la hauteur du mur a partir d'en haut, servait à réunir les pilastres. La partie supérieure du mur était fréquemment blanche et subissait dans

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tous les cas un traitement moins sévère que la partie inférieure; elle représentait généralement des scènes de plein air. le fond étant occupé par ces peintures de bâtiments d'architecture fantastique qui excitèrent l'ire de Vitruve. Dans les meilleurs exemples, il existe une gradation de couleurs à partir du plafond vers le bas, qui se termine en noir sur le lambris; mais c'était loin d'être une loi fixe. Nous choisissons parmi les illustrations coloriées de l'ouvrage de Zahn (1) plusieurs variétés, qui prouveront que ce traitement était loin d'être le resultat d'un système :

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(1) Les plus beaux ornements et les tableaux les plus remarquables de

Pompei, etc.

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L'arrangement, qui produit le plus d'effet, paraît être : lambris, noir; pilastres et frises, rouges; panneaux, jaunes, bleus ou blancs, pendant que la partie du mur au-dessus de la frise est blanche et décorée d'ornements coloriés. Le meilleur arrangement des couleurs pour les ornements du fond paraît être sur des fonds noirs, le vert et le bleu en masses, le rouge avec sobriété, et le jaune avec plus de modération encore; sur des fonds bleus, le blanc en lignes fines et le jaune en masses; sur des fonds rouges, le vert, le blanc et le bleu, en lignes fines. Le jaune sur le rouge ne produit. pas d'effet, à moins qu'on ne le relève d'ombres.

On peut trouver à Pompéi presque toutes les variétés de nuances et de tons des couleurs. On s'y servait du bleu, du rouge et du jaune, non-seulement en petites quantités dans les ornements, mais aussi en grandes masses, comme fonds pour les panneaux et les pilastres. Le jaune de Pompéï, cependant, approche presque de l'orangé, et le rouge est fortement teint de bleu. Ce caractère neutre des couleurs. permettait de les placer ainsi en juxtaposition tranchante, sans produire de discorde, résultat auquel contribuaient les couleurs secondaires et tertiaires qui les entouraient » (1). Nous avons donné plus haut l'ensemble de la décoration d'une paroi de muraille avec les détails d'ornementation. La théorie que nous venons de développer ne porte que sur la couleur des champs et la disposition générale des parois. On verra par cette figure de quelle façon les artistes pompéïens (1) Grammaire de l'ornement.

savaient agrémenter le cannevas banal que leur offrait la disposition régulière et quasi-stéréotypée, dont on a pu déduire un véritable corps de doctrine.

Il est impossible de rapporter à des principes certains la décoration polychrome gréco-romaine. La fantaisie guidée par le goût épuré et l'admirable instinct du beau inné chez les Grecs leur a toujours fait préférer les formes nobles et les teintes harmonieuses, sans que l'esthétique ait jamais rien fixé à cet égard. Les Romains, dont le goût n'était pas aussi raffiné que celui des Grecs, leurs maîtres dans l'art, produisirent souvent des spécimens, où le bizarre l'emportait sur le beau, témoin la peinture des Thermes de Titus, où Jean D'Udine puisa les motifs de l'admirable ornementation des pilastres des immortelles stanze sur lesquelles le divin Raphaël raconta la Bible dans des compositions incomparables, où l'on ne sait ce qu'il faut le plus admirer, du génie de l'artiste ou de l'admirable foi qui brille dans la composition de ces merveilleuses pages, dont le Mécène magnifique fut un Médécis; chacun a deviné le grand Pape Léon X.

Pour compléter cet essai sur la polychromie architectonique et sculpturale, il nous resterait à parler de la thoreutique et de la statuaire chryse-éléphantine, ces deux branches de la sculpture grecque, qui produisaient la polychromie naturelle par le mélange des métaux, des marbres et des matières précieuses; on les trouvera à la fin du chapitre suivant, qui traitera de la sculpture.

ARTICLE IV.

Des mosaïques.

Parmi les mosaïques des anciens, nous considérerons deux espèces nettement tranchées: 1° la mosaïque purement

ornementale, qui se trouvait dans la plus vulgaire cuisine du plus modeste bourgeois et qu'on appelait opus signignum, parce qu'elle était composée de petits cubes de briques pilées, qui durcies, ressemblaient à du granit rouge.

2o La mosaïque en lapilli, c'est-à-dire en petits cubes de marbre diversement colorés, que l'on retrouve au seuil des portes portant l'inscription consacrée : Have. Salve. Cave

canem.

Mais parfois, le Cave canem devient une œuvre d'art, et les lapilli au lieu d'une inscription retracent dans leurs mille petits cubes l'image de quelque molosse, ou boule-dogue échévelé et furieux, ou parfois se livrant aux douceurs d'une quiétude profonde.

C'était l'art proprement dit. Ces tapisseries de pierre devaient bientôt acquérir le coloris, la valeur, l'importance des grandes œuvres d'art pictural.

Les plus anciennes mosaïques ont été retrouvées dans les nécropoles de l'Étrurie. Ce sont des dessins géométriques de deux ou de trois couleurs répétées en alternances et parfois juxtaposées en frêtes, en billettes, en zig-zags et en d'autres figures primitives que l'on retrouve partout dans l'enfance des arts, aussi bien sur le Tomawack du peau rouge que sur les ustensiles primordiaux de la race, qui nous est apparue avec la découverte des habitations Lacustres.

De ces dessins primitifs et sans art à la mosaïque de Preneste (Palestine), il y a aussi loin qu'entre l'informe chapiteau primordial de la Grèce et la splendide corbeille, où se jouent les molles tiges d'acanthe de ce poète es-pierres, qui s'appelait Callimaque. Les Babyloniens, Ies Ninivites, les Égyptiens, les Perses, les Grecs, les Troyens et les Carthaginois connurent la mosaïque, mais n'allèrent pas au-delà de l'ornementation jusqu'aux beaux siècles de Périclès, d'Annibal et d'Auguste.

Les Pilones de Carthage, les Stèles de l'antique Memnon,

le proanos de Minerve et la cella de Junon-Lucine voyaient la légère dentelle de pierre égayer de ses mailles fantastiquement colorées la majesté du culte dont ils étaient le symbole.

La maison du Faune, à Pompéï, la plus richement pavée, était un muséede mosaïques. Il y en avait une sur le trottoir, où se tenaient les esclaves et dont de temps en temps une pierre plus élevée servait de marchepied au cavalier.

Devant cet adyton de la maison, était inscrit l'antique et hospitalier salut dont nous avons parlé, Have. Dans cette même maison, on remarque une autre mosaïque formée de petits cubes précieusement assemblés et constituant le palier au bout du prothyron. Cette mosaïque figurait artistement des masques tragico-comiques. Dans les ailes de l'atrium, la fantaisie du mosaïste avait semé sous les pas de l'heureux propriétaire toute une petite ménagerie des canards, des oiseaux morts, des coquillages, des tourterelles tirant des perles d'une cassette, enfin un chat dévorant une caille, considéré par tous les amateurs de mosaïques comme un chef-d'œuvre de mouvement et de précision (1).

Les mosaïstes avaient brodé dans cette maison du Faune un merveilleux lion en raccourci, superbe de forme et d'audace et l'éternelle gloire de Leucus; mais on l'a malheureusement trouvé fort dégradé.

Dans le Triclinium, une autre mosaïque montrait le génie bacchique, Acratus, enfourchant une panthère.

La plus belle mosaïque, que nous ait laissée l'antiquité et qui est considérée comme un des plus précieux monuments de l'art ancien, fut découverte à Pompéï. Elle représente la

(1) Parfois la fantaisie égayait les compositions des patients mosaïstes. Pline nous raconte qu'il prit grand plaisir à considérer le pavé mosaïque d'une maison représentant en trompe l'oeil, avec une vérité effrayante, les restes d'un repas disséminés par le parquet. Juvenal, toujours goailleur, a peut-être désigné une semblable ordonnance en affectant d'appeler maison mal balayée la splendide salle à manger en mosaïques, où l'on trouvait une semblable ornementation:

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