Page images
PDF
EPUB

PÉRIODE ANCIENNE.

CHAPITRE PREMIER.

ARCHITECTURE GRECO-ROMAINE.

ARTICLE Ior

Notions préliminaires.

L'architecture est aussi ancienne que l'homme, puisque, dès après sa chute, l'instinct de la conservation a dû le pousser à chercher un moyen, pour se soustraire aux intempéries des saisons et se préserver des injures de l'air et de toutes les autres causes de destruction. On comprend aisément, que cet art a dû revêtir à son origine des formes. simples, naturelles et parfois même grossières. Il ne tarda pas toutefois longtemps à se développer et le récit de Moïse

nous le montre complétement dégagé de son état d'enfance, au XIXe siècle, après la création du monde (1).

Malgré la diversité des influences locales, l'architecture revêtait primitivement chez les différents peuples de l'antiquité certains caractères d'uniformité.

De tous les peuples de l'antiquité, les Égyptiens furent ceux qui se distinguèrent le plus, sous le rapport de l'architecture et des arts en général. Ils donnèrent, en effet, à leurs monuments un aspect de puissance, de grandeur et d'ordonnance qu'aucun peuple n'était parvenu à leur imprimer

avant eux.

Après eux, les Grecs atteignirent le plus haut degré de perfection; ils réussirent, en effet, à donner aux éléments de l'art des dispositions d'ensemble et de détails, telles que l'on crut, plus tard, pouvoir en déduire les principes invariables.

Les Grees toutefois, pas plus que les autres peuples de l'antiquité, n'avaient aucun principe arrêté quant aux proportions des différents membres et moulures, qui composent l'ensemble d'architecture appelé ordre. Les plus célèbres monuments de l'antiquité, tels que le Temple de Thésée, celui de Minerve Poliade, le Parthenon, le Temple de Cérès sur l'issus, le Monument de Lysicrate, vulgairement appelé Lanterne de Démosthène, l'Incantade, à Salonique, pour les Grecs; le Temple d'Isis, à Pompéï, de la Fortune virile, le Temple d'Antonin et de Faustine, la Græcostasis, près des Comices, le Forum de Trajan, le Théâtre de Marcellus, l'Arc de Titus et de Septime-Sévère, les Colonnes Trajane et Antonine et le Panthéon d'Agrippa, pour les Romains, diffèrent non-seulement sous le rapport de l'ensemble des proportions, mais encore d'aspect extérieur par des détails essen

(1) Genèse, XI, 3, 4.

tiels d'ornementation. Le parallèle des ordres d'architecture, publié en 1713, par Roland Fréard de Chambrey et celui plus exact et plus étendu publié, il y a quelques années, par Charles Normand, ancien pensionnaire de France, à Rome, suffisent par la seule indication de leur titres, pour justifier cette assertion généralement admise aujourd'hui (1).

(1) Afin de mieux établir encore cette question, qui a vivement préoccupé les esprits pendant plus de trois siècles, nous croyons utile de donner ici, en note, le tableau des proportions adoptées dans divers monuments de l'antiquité pour les colonnes et les entablements, qui constituent, comme nous le verrons ci-après, les deux principaux membres d'un ordre d'architecture. Les proportions sont basées sur le module. On désigne sous ce nom le demi-diamètre du bas du fût de la colonne de l'ordre que l'on emploie. On le divise ordinairement en douze minutes pour l'ordre dorique et en dix-huit pour les ordres ionique et corinthien.

Tableau des proportions adoptées pour les colonnes
dans divers monuments de l'antiquité.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Cossutius, citoyen romain, fut le premier, qui publia des proportions usuelles des cinq ordres destinées aux architectes; son livre est perdu et nous ne connaissons son nom que par le soin qu'a pris Vitruve de nous le conserver. De tous ceux qui ont été écrits sur la matière, le traité, (malheureusement incomplet à cause de l'absence de figures) que publia Vitruve et qu'il dédia à l'empereur Auguste, est le seul qui fournisse les proportions arrêtées des cinq ordres . parvenus jusqu'à nous.

A l'époque de la Renaissance, Leone Battista Alberti, s'inspirant du Songe de Polyphile de Colonna, (livre qui

Tableau des proportions adoptées pour les entablements dans divers monuments de l'antiquité.

[blocks in formation]

Temple de Junon Matuta, à Rome, idem 0,652
Temple d'Hercule, à Cora, idem

4,14

0,404 0.596 0.560

0,716

[blocks in formation]

Temple de Minerve Poliade, à Athènes 0,84
Temple de la Fortune virile, à Rome .0,971
Temple de Vesta, à Tivoli, (corinthien) 0,754
Temple de Minerve, à Assise, idem 1,03 10,06
Panthéon de Rome,

7,64

0,73 0.673 0.28

8,10

0,613 0,530 0.983

7,13

0,378 0,487 0.395

idem

Théâtre de Marcellus (dorique).
Temple de Marcellus (ionique)

0,595 0.576 0.580 1,46 14,18 1,040 0,967 1,281 .10.97 7,755 0,513 0,76 0,612 .10,812 7,097,0,614 0.46 0,765 1,55

Temple d'Antonin, à Rome (corinthien) 1,445 14,83 1,123 0,80

contribua puissamment à la renaissance de l'art antique, en Italie) publia, d'après les manuscrits de Vitruve, qu'on venait de retrouver, les proportions des cinq ordres. Ceux-ci servirent longtemps de base aux architectes. Barozzio de Vignola, qui avait fait des études particulières sur les antiquités romaines, édita le premier traité des cinq ordres, qui fut à la fois une œuvre d'érudit et d'architecte. Son livre lui acquit une popularité immense, qui s'est perpétuée jusqu'à nous. C'est à ce titre, que nous donnons ci-après les dessins de son système.

[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Ce n'est pas à dire cependant, que ses proportions établies aient été universellement admises, même de son temps. André Palladio, Sebastien Serlio, Vincent Scamozzi, Joseph Viala, Daniel Barbaro, patriarche d'Aquilée, et Pierre Cataneo publièrent également des traités sur les cinq ordres et ceux

« PreviousContinue »