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d'imitation récente, du

XII. siècle, enfin, une

vaste bâtisse qui date de 1825, tout cela est bien fait pour jeter dans l'ébahissement le spectateur non prévenu. Mais au milieu de cette mosaïque, il faut mettre tout-à-fait hors ligne, la galerie à plein-cintre ornée d'une colonnade des plus riches; c'est

un morceau rare au

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jourd'hui.

M. Quantin a invité le Congrès à entrer dans les Archives du département, dont la conservation lui est confiée, et qui sont

placées dans un bâti

ment dépendant de la préfecture.

Malgré une revuerapide, le Congrès a pu s'assurer de la richesse de la partie historique de ce dépôt, qui contient des collections provenant de plus de 700 sources différentes. Quelques fonds, comme ceux de l'archevêché et du chapitre de Sens, de l'abbaye St. Germain, de Pontigny,

de Vauluisant, de St.-Pierre-le-Vif et de Sainte-Colombe, de Sens, sont considérables. Il y a des diplômes impériaux des IX®. et X. siècles, et des milliers de chartes des XII., XIII. et XIVe siècles. La collection des sceaux de la province y est curieuse et compte plus de trois cents empreintes. M. Quantin en a fait faire des moulages, classés par genre et par nature; ce qui permet d'étudier les costumes des différents ordres de la société et de connaître les maîtres divers du pays au moyen-âge, au moins depuis 1100 jusqu'à 1500.

Les archives du département, bien que très-intéressantes, laissent cependant à désirer sur certaines localités. Les destructions officielles de 1793 ont causé la perte de tous les documents du Tonnerrois, et bon nombre de cartulaires ont été brûlés avec les terriers, comme titres féodaux.

L'église de St.-Eusèbe réclamait notre visite. On s'est donc transporté dans cette antique basilique ; mais chemin faisant, le Congrès s'est arrêté devant une maison située dans la rue d'Egleny, sur la place du Cerf-Volant, qu'on croit avoir appartenu à la famille Paillard, riches bourgeois d'Auxerre, au XVe siècle. La porte à cintre, au-dessus de laquelle sont des baies ogives à rinceaux; dans l'intérieur des fenêtres à croisées, une colonne bordée de larges feuilles de choux, tout cela date bien cette maison de cette époque. Un autre édifice plus ancien arrêta encore le Congrès dans la rue de la Belle-Pierre, c'est une vaste salle voûtée en ogive, aujourd'hui convertie en écurie, et qui dépend de l'hôtel de La Fontaine. Les hospitaliers de St.-Jean-de-Jérusalem ont autrefois possédé cette maison. M. Quantin l'annonçait du XIIIe siècle, mais M. de Glanville ne voulut pas d'abord accepter cette opinion, à cause de la coupe des nervures de la voûte. Cependant lorsqu'on lui eut montré des chapiteaux munis de crosses et de trèfles appliqués, M. de Glanville se rendit. On remarque, en effet, des singularités dans cette vaste salle qui est à double berceau de voûte retombant sur des colonnes

isolées. Mais les baies joignent aussi à d'autres indices leur forme cintrée s'évasant à l'intérieur pour ôter toute incertitude sur la date du XIIIe siècle.

L'église St.-Eusèbe est aujourd'hui le plus ancien édifice de la ville. Sa tour romane de transition lui donne un intérêt qui s'accroît encore lorsqu'on voit les heureuses dispositions des trois nefs intérieures. Son portail est pauvre et à peine orné de simples feuillages ruinés, mais les nefs ogivales aux piliers munis de quatre colonnes, aux chapiteaux de feuillages dans le genre roman riche, son triforium, son sanctuaire élancé, de style renaissance, derrière lequel brillent les beaux vitraux de la chapelle de la Vierge, tout cela en fait un monument intéressant.

On lit au fond de la chapelle absidale, qui est de style flamboyant :

AU MOIS DE MAY QUE L'ON COMPTA

MVC AVECQUE TRENTE

CE TEMPLE CY L'ON COMMENÇA

POUR PRIER DIEU C'ESTOIT L'Entente

DE.. (mot effacé) QUI FUT L'Inventeur.

PRIONS POUR LUI LE Rédempteur.

M. Bernard, que les devoirs de son ministère ont empêché de prendre part au Congrès, nous attendait dans son église pour nous faire voir un tissu précieux, œuvre de l'art du Ve. siècle, selon la tradition, ou tout au moins du IX., c'est le suaire de saint Germain, conservé, comme par miracle, depuis tant de siècles, et échappé à toutes les vicissitudes qui ont signalé notre histoire locale.

Cette étoffe de soie violette aurait été donnée, si l'on en croit l'histoire, par l'impératrice Placidie, pour couvrir le cercueil de saint Germain, lorsqu'on rapporta son corps de Ravenne, après sa mort, en 448. Elle représente des aigles romains éployés, séparés par de larges rosaces. Ces ornements couleur jaune ressortent vivement sur le fonds.

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Le Congrès pressé par l'heure remit au soir à visiter l'église

St.-Pierre; cette course n'ayant pu être faite, M. Déy y a suppléé par une note ainsi conçue, qui complète la description des monuments les plus remarquables de la ville d'Au

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FRAGMENT DE LA FAÇADE DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE.

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