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Mais le monastère Meleredense fut détruit par les Normands. Sa dévastation fut si complète qu'elle nécessita sa réunion à l'abbaye St.-Germain-d'Auxerre, qui ne tarda point de procéder aux réparations et à de nouvelles constructions.

C'est dans les fouilles des anciennes ruines qu'on a récemment découvert des débris d'architecture et de sculpture d'ordre roman ces débris indiquent que l'ancienne église devait appartenir à un établissement considérable. Une pierre trouvée dans le champ de l'étang de Bourdon, et portant l'empreinte d'une crosse abbatiale, indique que l'antique abbaye de Moutiers existait indépendante, et s'appartenait à elle seule. M. Leclerc donne des détails sur l'abbaye de Cressenon qui ont été publiés dans l'Annuaire de l'Yonne.

M. Challe appelle l'attention sur les nombreuses caves anciennes d'Auxerre, qui sont pourvues de voûtes à nervures et de colonnes remarquables.

M. l'abbé Brullé parle de la position de l'abbaye de SainteColombe, de Sens.

M. Dupont-Longrais demande qu'on recherche s'il y a dans le département des églises et d'autres édifices des Templiers. M. Challe signale, à Auxerre, l'ancienne salle convertie en écurie de l'hôtel de La Fontaine, jadis maison de la Commanderie.

M. Quantin signale à St.-Bris une maison romane qui a appartenu aux Templiers, lesquels avaient en ce lieu une Commanderie. Cet édifice d'appareil moderne a conservé au premier étage ses fenêtres à plein-cintre, pourvues de colonnes à chapiteaux à crosses, archivolte et cordon en dents de scie. Sur le devant de la maison est encore une scène de l'Adoration des Mages, sculptée grossièrement, et dont les personnages ont des vêtements à longs plis pressés les uns contre les

autres.

M. Déligand signale un réfectoire des moines de St.-Père,

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d'Auxerre, du XIII. siècle, qui est à gauche de l'église. A-t-on remarqué un ordre constant dans l'ensemble des bâtiments des monastères ?

M. de Caumont dit qu'en général la salle capitulaire est à l'est, et le réfectoire au nord ou au sud de l'église.

Comme on n'a pas de renseignements à donner pour résoudre la question, M. de Caumont recommande de l'étudier et de relever les anciens plans qui existent de ces bâtiments. Connait-on des granges dimières ?

On en signale une à Monétau.

M. Quantin rapporte qu'il existe à Vincellottes un vaste et solide bâtiment de la fin du XII. siècle, fondé par les moines de Reigny pour y placer leurs vins du territoire. Il est sur le bord de l'Yonne.

Ce bâtiment, dont M. de Caumont possède un dessin par

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M. Victor Petit, se compose de deux étages dont le premier est voûté et divisé en deux nefs, comme le montre le plan cijoint le premier étage est éclairé, d'un côté, par quatre fenêtres cintrées et garni de plusieurs contreforts du même côté.

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Ces colonnes monocylindriques, dans le genre de celles que

M. de Caumont a figurées

dans la Statistique monumentale du Calvados, tome second, en parlant de la grange du prieuré de Perrières, reçoivent les arceaux des voûtes entre ces deux nefs.

MM. de Caumont et Victor Petit compareront plus tard ce monument à d'autres du même genre et à des granges dîmières qu'ils ont observées sur différents points de la France. Le Congrès pense que les archéologues ne sauraient trop s'attacher à étudier les édifices tels que celui-ci.

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Y a-t-il des puits du XVe siècle dont l'architecture mérite l'attention ?

On en connaît du XVI., mais la question reste négative pour le XVI. M. Leblanc dit cependant qu'il y a à Auxerre un puits, dans l'ancienne abbaye Marien, qui remonte au moins au XIIIe siècle.

Quels sont les monuments militaires du département de l'Yonne les plus anciens?

M. Robineau-Desvoidis cite la tour de St.-Sauveur, énorme donjon de forme elliptique.

M. Leblanc veut que ce monument ait été une prison ou

une tour qui servait d'asile et d'établissement de signaux militaires.

M. Petit dit que, d'après l'appareil qui est en moëllons, on ne peut reconnaître l'âge et le style de cette tour.

M. Challe y voit une construction du premier âge de l'architecture militaire. Sa forme elliptique, ses vastes proportions, plus analogues à celles d'un cirque que d'une tour, la simplicité, pour ne pas dire la grossièreté de son appareil, son plan étrange (point d'ouvertures, si ce n'est deux petites fenêtres à plein-cintre, sans ornement, deux ou trois meurtrières, et une porte très-exiguë, toutes choses qui ont l'air d'avoir été percées après coup), la plate-forme, élevée de trois mètres environ, sur laquelle elle se dresse, et qui laisse un espace libre de quelques pas, formait une première défense, tout cela semble indiquer une tour primitive, une fortification destinée à servir de refuge dans un temps d'invasions à une population aloas clair semée dans la ferme et les hameaux de cette localité.

Les faits sont d'accord avec cette hypothèse. Lebeuf raconte qu'au XVIe siècle les habitants s'y réfugièrent à l'approche d'une armée de Reitres. Et en 1789 au jour où nos campagnes attendaient avec effroi des bandes de brigands imaginaires, les paysans, obéissant sans doute à de vagues traditions, vinrent à St.-Sauveur, annonçant leur intention d'y chercher un refuge.

L'existence de la tour, dès le XII. siècle, comme tenue en fief par les comtes de Nevers et d'Auxerre, des évêques de cette dernière ville, est établie par l'histoire. La date précise de sa construction est difficile à caractériser précisément par l'absence de tout signe architectural, de tout détail d'ornement. Mais par la forme générale, la rudesse de l'appareil, la grandeur des proportions, il semble impossible de la rapporter à une époque plus récente que celle de l'invasion des Normands (IX. siècle).

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TIT

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