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compagnée de dessins représentant les monuments décrits. C'est ainsi que chacun de nous pourra seconder dans la mesure de son zèle et de ses moyens, les persévérants et généreux efforts que fait M. de Caumont depuis longues années.

Cette proposition semble être accueillie avec faveur. Plusieurs membres proposent divers moyens d'application : M. Leclerc, un syllabaire pour les écoles élémentaires ; MM. Challe, Déligand, Robineau-Desvoidis, différentes modifications de détails.

M. de Caumont jette un coup-d'œil rapide sur les portions les plus intéressantes qu'offrent les différents styles de l'architecture ogivale. Il termine en invitant les Sociétés archéologiques de l'Yonne à préparer les éléments d'une Statistique monumentale.

M. Chaillou des Barres, président de la Société scientifique, répond que le projet est à l'étude et le réglement rédigé.

M. de Caumont fait la question suivante :

Y a-t-il des vases sacrés, des ornements ccclésiastiques anciens dans le département ?

M. Leclerc signale la précieuse étoffe de soie donnée par l'impératrice Placidie pour couvrir le tombeau de l'illustre évêque d'Auxerre, saint Germain, et connue sous le nom de Suaire de saint Germain. Ce qui reste de cet ancien tissu, dont le Bulletin a donné un dessin, est soigneusement conservé dans l'église de St.-Eusèbe d'Auxerre.

Le Congrès apprend avec plaisir que le suaire lui sera montré lors de la prochaine visite de l'église de SaintEusèbe.

M. Quantin parle de la chasuble de saint Loup, évêque de Sens au VII. siècle, et qui serait conservée dans l'église de Brienon-l'Archevêque, petite ville du département. Il ajoute

qu'on voit dans l'église abbatiale de Pontigny, que le Congrès doit visiter, les vêtements de saint Edme, donnés par la reine Blanche de Castille en 1247, lors de la translation des reliques du saint.

On parle aussi d'une tunique rouge de saint Prix, martyr auxerrois du III. siècle, et qui aurait été conservée dans une famille, de temps immémorial, à Saint-Sauveur, petite ville voisine du lieu où fut martyrisé saint Prix.

M. Lauveau indique un curieux ciboire que l'on suspendait autrefois dans la cathédrale d'Auxerre.

M. Victor Petit rappelle qu'il fut question à Sens, en 1847, lors de la session du Congrès, de plusieurs croix romanes qui sont restées déposées dans les églises de Saligny, Vandeurs, Des Loges, etc.

Les belles tapisseries exposées en l'honneur du Congrès dans la salle où il se réunit attirent l'attention de M. de Caumont. Il exprime le vœu d'en voir publier, par la Société des sciences historiques de l'Yonne, des dessins minutieusement exacts. Il ajoute aussi qu'il faut que ces dessins soient faits à Auxerre même où l'exécution en serait plus efficacement surveillée. L'honorable président de la Société française ne doute pas que le Conseil général et le gouvernement même, connaissant le vif intérêt que cette vaste et magnifique tapisserie a inspiré au Congrès tout entier, ne viennent en aide à la Société de l'Yonne par une allocation de fonds ou par une souscription. M. de Caumont donne à cet égard d'utiles conseils pour la marche à suivre en ce qui concerne le travail des artistes aussi bien que pour obtenir un encouragement du gouvernement, et surtout des Conseils généraux dont, sous quelques rapports, l'éducation artistique est à faire. M. de Caumont verrait avec bonheur les Sociétés scientifiques de province se suffire à elles-mêmes et pouvoir se passer de la bureaucratie des ministères qui

souvent entrave l'élan ou le fait tourner au profit de la centralisation artistique parisienne.

Les paroles si nettes et si précises de M. de Caumont sont accueillies par le Congrès avec un sentiment de faveur trèsmarqué.

MM. Chaillou des Barres et Challe croient pouvoir promettre un appui assuré au projet de publication; ils comptent sur les sympathies des membres du Conseil général et aussi sur l'appui de la presse locale..

La séance est levée.

Le Secrétaire,

QUANTIN.

Première séance du 17 juin.

Sont présents au bureau: MM. DE CAUMONT, CHAILLOU des Barres, CHALLE, LEBLANC, DE GLANVILLE, GAUGAIN, PROU, président de la Société archéologique de Sens; CARLIER, VIGNON, QUANTIN et DEY.

Le procès-verbal de la séance précédenté est adopté. M. de Caumont reprend les questions archéologiques. A-t-on des renseignements sur la date de fondation des abbayes du département et sur le choix de leur emplacement?

Une discussion confuse s'engage sur ce sujet. M. Quantin pense qu'une semblable question aurait besoin pour être résolue d'avoir été préparée à l'avance.

Quelques membres expriment le regret qu'en effet un programme détaillé n'ait pas été publié à l'avance. On répond que le Congrès ne devant siéger que trois jours le temps manque pour lire les mémoires, mais que leurs auteurs sont priés d'en donner de vive voix une courte analyse.

Reprenant les questions, M. Victor Petit croit que dès maintenant on peut indiquer sommairement la position des principales abbayes dans le département de l'Yonne, et faire connaître les principaux caractères de construction qui les distinguent. Ainsi on peut signaler l'empressement que mirent les pieux fondateurs à s'établir près d'une rivière ou au moins un ruisseau d'eau vive, dès le XII. siècle surtout. Si les abbayes de St.-Germain d'Auxerre, de Notre-Dame de Vézelay, de St.-Michel de Tonnerre, et deux ou trois encore, moins importantes font exception, parce qu'elles sont situées sur le sommet des collines, c'est tout ce que l'on peut citer; encore ces abbayes sont-elles situées sur des collines dont la base est baignée par des rivières importantes, à Auxerre, l'Yonne ; à Vézelay, la Cure; à Tonnerre, l'Armançon. Toutes les autres abbayes, et elles sont au nombre de huit, sont situées dans de vastes prairies fertilisées par une rivière ou une douve. A l'appui de son opinion, M. Victor Petit cite un préjugé populaire qui consiste à redire sans cesse que les moines s'étaient toujours emparés des meilleures terres. On se trompe les moines, au XII. siècle, s'établirent, en effet, de préférence dans les vallées et non pas sur des terrains secs et pierreux, mais à cette époque reculée, les vallées, par le fait même de leur fertilité naturelle, étaient couvertes de broussailles, de mauvaises herbes, et dans beaucoup d'endroits se trouvaient de vastes et infranchissables marécages. Les moines défrichèrent le terrain, et pendant de longues années leurs travaux ont dû être considérables, c'est par suite de ces mêmes travaux que les terres qu'ils possédaient sont restées plus fertiles que les autres.

:

M. Quantin fait remarquer que les monastères fondés dans les premiers siècles ont été, à l'exception de ceux de l'intérieur des villes, détruits par les Barbares. Il faut descendre jusqu'au X. et XI. siècle pour trouver de ces institutions

qui aient subsisté jusqu'à 1789. Alors deux ordres célèbres agirent sur nos pays. Cluny, par Vézelay, et de nombreux prieurés; Citeaux, dans les abbayes de Pontigny, Reigny Vauluisant, Dilo, les Echarli, etc.

Les moines ont eu alors une action considérable sur la culture du sol, sur la fondation de villages autour de leurs granges, et sur la culture intellectuelle.

M. de Caumont dit qu'à la deuxième époque, des monastères ont tenu particulièrement à les établir dans le voisinage des eaux et fontaines. Il relate même une translation de monastère, à une distance éloignée du lieu primitif, à cause de l'absence des eaux.

M. Victor Petit cite plusieurs monastères du département ainsi placés au XII. siècle : tels sont ainsi Reigny, Echarli, Dilo, Pontigny, Vauluisant; M. l'abbé Brullé ajoute l'abbaye Sainte-Colombe, de Sens, qui est plus ancienne.

M. de Caumont demande si on s'est occupé de l'étude de la disposition des bâtiments monastiques.

On répond qu'il y a encore peu de chose de fait.

M. Robineau-Desvoidis rappelle qu'avant le X. siècle quatre monastères avaient existé dans les pays de Donziais et de La Puisaye.

1°. Le Monasterium Sassiacense, à Saissy-les-Bois, contre Donzy, sur la Talvasme.

2o. Le monastère Dominiacense, à Donzy-le-Pré, sur le Noain.

3o. Le monastère Cotiacense, ou des Saints-en-Puisaye, sur le Breulain.

4o. Le monastère Meleredense, ou de Moutiers-en-Puisaye, sur le Loing.

Il ne reste aucun vestige des trois premiers, qui ont dû leur destruction à des circonstances qu'il est impossible de préciser.

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