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bèrceau, descend sur une architrave formée d'une poutre que soutiennent quatre colonnes à chapiteaux très-irréguliers. Cette construction indépendante de la crypte principale, y avait été élevée après coup avec des débris étrangers.

Des fresques du XVII. siècle décorent mal ce vénérable monument. Les guerres de religion y avaient causé tant de dégradations, que les moines de St.-Germain ont voulu en effacer les traces par des peintures retraçant symboliquement les vertus des saints personnages qui y sont enterrés, mais le goût le plus pur n'a pas présidé à ce travail (1).

Au-dessous de la chapelle terminale des cryptes est une autre chapelle, dite de St.-Clément, qui fut élevée au XIII®. siècle pour servir de premier fondement à la chapelle de la Vierge de l'église supérieure.

En sortant de l'église par la porte du transept nord, on

(1) Dans la chapelle de la Trinité, qui est à droite des cryptes, on a inhumé, il y a 25 ans, un grand nombre d'ossements qui provenaient des fouilles faites pour la construction de l'hospice dans l'ancienne abbaye St.-Germain.

entre dans les cloîtres, construction du XVIII. siècle, et l'on remarque à ce portail des scènes de l'histoire de saint Germain, et, en avant, dans l'arcade du cloître, la seule qui ait été conservée à cause de sa beauté, une rosace à jour du XVe. siècle, de la plus grande hardiesse.

Le Congrès a visité avec intérêt le dortoir de l'abbaye, vaste édifice voûté, de style roman, orné de piliers aux riches chapiteaux, et qu'on doit à l'abbé Artaud qui le fit bâtir en 1148.

En sortant de l'abbaye St.-Germain on remarque, à droite des anciens bâtiments, une haute tour ronde et des murs crénelés élevés au commencement du XIV. siècle. C'est un reste de l'enceinte fortifiée du monastère.

VISITE A LA Bibliothèque PUBLIQUE.

Le Congrès s'est transporté ensuite à la bibliothèque de la ville, riche dépôt de plus de 27,000 volumes, formé par les soins du savant P. Laire pendant la révolution pour servir à l'école centrale, et que le hasard des événements a donné à la ville d'Auxerre.

Le bibliothécaire, M. Quantin, communique avec empressement plusieurs précieux manuscrits, entr'autres :

La chronique originale de Vézelay, XII. siècle;
Le Gesta Pontificum Autissiodor. XII. siècle;
La Chronique de Clarius, moine de St.-Pierre-le-Vif,
'de Sens, XII. siècle; celle de saint Marieu, XIII.
siècle un beau Missel de l'évêque Jean Baillet, du
XVe siècle, orné de miniatures; enfin, plusieurs au-
tres ouvrages d'un grand intérêt local.

On a remarqué dans la collection des antiquités romaines plusieurs fragments de sculptures trouvés dans la muraille de la cité gallo-romaine et dans le lieu occupé primitivement par

la ville. Ces beaux restes de sculptures, beaucoup moins importants par le nombre qu'à Sens, ont attiré l'attention du Congrès; il a remarqué tout spécialement deux patères en argent, découvertes dans l'emplacement d'un temple d'Apollon et portant cette inscription:

DEO APOLLINI R. P. PAG. II M. AUTISSQDURI.

Les morceaux les plus considérables de sculptures sont rangés avec soin dans une longue galerie du rez-de-chaussée, et par cela même ne sont point exposés, comme la magnifique collection Sénonaise, aux injures de l'air. Plusieurs membres, à cet égard, témoignaient leur regret qu'on n'eût pu obtenir à Sens qu'un assez mauvais hangar.

Le Congrès continuant le cours de ses excursions dans la ville d'Auxerre, si riche en monuments religieux de différents âges, s'est transporté devant le portail de l'ancien cloître de l'abbaye de St.-Pierre, ou St.-Père-en-Vallée, pour examiner sur place ce petit monument malheureusement très-dégradé maintenant.

M. Vachey, qui a fait un travail très-étendu au sujet de ce portail, est invité à exposer les raisons qui l'ont amené à penser que de notables parties de la construction appartenaient à l'art gallo-romain. Les considérations sur lesquelles il appuie son opinion ont été développées devant le monument même. L'honorable membre a cherché à en démontrer la justesse, tant sous le rapport architectural que sous celui de la composition et le faire artistique. Cette explication faite avec chaleur et l'accent d'une grande conviction a reçu une approbation méritée.

Toutefois, M. Victor Petit ne partage point la manière de

voir de M. Vachey. Il reconnaît, en effet, que de notables différences existent dans l'exécution et l'agencement des sculptures et que rien n'est plus évident que le portail a été retouché à plusieurs reprises et par cela même à des époques diverses et par des artistes différents et d'un talent inégal. Enfin, M. Victor Petit pense fermement que ce beau portail ne date que de la période de la renaissance, et qu'il n'est dans ses parties les plus soignées qu'une imitation plus ou moins heureuse du style roman, imitation due peut-être à des artistes venus d'Italie au XVIe siècle.

M. Quantin appuie le système de M. Petit et ne peut voir dans le portail de St.-Père aucun débris romain. Il dit que le style romain, qui se distingue surtout par une touche énergique, ne se retrouve pas ici, où la manière est délicate et gracieuse et plus souple que ferme. M. Quantin ne voit pas non plus dans l'emploi des matériaux les habitudes des constructeurs romains; mais il reconnaît que certaines irrégularités dans l'agencement de plusieurs morceaux de sculpture prêtent à des interprétations favorables au système de M. Vachey. Peut-être des comparaisons et des recherches ultérieures donneront-elles le mot de l'énigme.

Le Secrétaire-général,
QUANTIN.

Troisième séance du 16 juin.

Présidence de M. PROU, président de la Société archéologique de Sens.

Prennent place au bureau, MM. DE CAUMONT, CHAILLOU

DES BARRES, LE PETIT, LARABIT, CHALLES.

Le procès-verbal de la séance du matin est lu et adopté. La discussion sur l'avant-portail de St.-Père continue. M. Robineau-Desvoidis donne quelques explications ingénieuses sur les deux statues de Cerès et de Noë qui occupent le tympan supérieur du portail, et qu'il résume en citant des vers d'Héric sur les produits du sol Auxerrois.

*M. Leclerc demande si l'on ne doit point reconnaître dans la statue entourée d'épis de blé et dans l'autre statue entourée de pampres de vigne le symbole de l'Eucharistie sous les deux espèces : le pain et le vin.

M. l'abbé Brullé croit qu'il ne faudrait pas chercher dans ces deux statues un symbole religieux, mais au contraire qu'il faudrait voir dans ce mélange du sacré et du profane (Cérès et Noë) une preuve nouvelle entre tant d'autres que les artistes de la renaissance, subissant l'influence de leur époque, avaient abandonné la tradition vraiment chrétienne de la statuaire au moyen-âge, en alliant ainsi des sujets mythologiques à des sujets chrétiens.

M. Vachey renouvelle l'opinion qu'il a développée sur place.

M. Victor Petit persiste également dans son opinion sur l'origine simplement française et renaissance du portail, en s'appuyant sur ce qu'il a vu en Italie et dans le Midi de la France, enfin en comparant entr'eux les nombreux édifices élevés durant le XVI. siècle.

M. Challes prend la parole et passe en revue les raisons pour et contre l'opinion émise par M. Vachey et concluerait que les diverses parties qui constituent le portail de St.-Père n'ont point été faites les unes pour les autres, c'est-à-dire pour le portail lui-même. L'honorable membre reste toutefois dans le doute sur la question de l'origine romaine, mais répondant à l'opinion exprimée par M. Victor Petit, il dit qu'il ne comprendrait pas qu'on cût fait exécuter à grands frais par un

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