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M. Leblanc persiste dans son opinion, cette trouvaille serait un fait isolé qui ne lui semble pas concluant.

M. Lallier appuie le système qui veut que les murs galloromains de la plupart des villes n'aient été construits qu'à l'époque de l'invasion des Barbares et pour se mettre à l'abri de leurs attaques. A cette époque le christianisme triomphant avait fait abandonner les temples payens, et on employa naturellement à la défense des villes les matériaux les plus convenables et qu'on avait sous la main, c'est ce qui explique la grande quantité de sculptures, de fûts, de chapiteaux, que renferment ces murs.

M. Challe dit que l'inscription de Hirtius Pansa ne prouve qu'une chose, c'est qu'il y avait un établissement romain à Auxerre dès le temps de la conquête, et que, comme on a remarqué dans les murs des inscriptions d'époques diverses, il est difficile d'accorder des dates si différentes avec une construction faite à une même époque.

M. Thiollet montre des dessins de débris romains trouvés à Bourges, à une profondeur de 20 pieds, qui portent des sculptures et se trouvaient dans l'intérieur des murs romains.

M. de Caumont résumant la discussion déclare qu'il n'y a pas de villes gallo-romaines où l'enceinte soit autrement construite qu'à Auxerre, à Sens, etc. On y trouve toujours des fragments de sculptures, des inscriptions, des fragments de colonnes, etc. Il cite les murs de Rennes, de Nantes, de Tours, de Saintes, de Bordeaux, de Bayeux, d'Orléans, etc., etc. (1).

M. Lallier prend la parole et s'exprime ainsi :

(1) V. le Cours d'antiquités de M. de Caumont, t. II.

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IMPROVISATION DE M. LALLIER.

On peut affirmer, dit M. Lallier, qu'aucune des enceintes gallo-romaines semblables à celles qui entourent l'ancien Sens et l'ancien Auxerre n'est antérieure au milieu du IIIe. siècle. Il a été trouvé récemment dans les murailles de Sens une pierre portant la fin d'une inscription qui n'a pas pu être gravée avant l'an 212 de l'ère chrétienne. Il y est question, en effet, d'un C. Decinnius, Præfectus civitatis Venetorum, ab imperatoribus Severo et Antonino ordinatus. Antonin Caracalla n'étant devenu empereur qu'en l'an 242, il en résulte que le monument dont cette pierre a fait partie est postérieure à cette époque. De plus, il est évident qu'avant d'être employée à la construction de l'enceinte gallo-romaine, cette pierre a dû rester debout avec le monument primitif, pendant un certain laps de temps. Il n'est donc pas supposable qu'on lui ait donné une autre destination avant le milieu, au moins, du III. siècle. D'un autre côté, il résulte d'un texte précis d'Ammien Marcellin que Sens était, au milieu du IV. siècle, entouré de murs que l'empereur Julien fit seulement réparer. Il paraît donc rationnel de placer la construction des murs gallo-romains de Sens et celle de toutes les enceintes analogues entre le milieu du III. et le milieu du IVe siècle.

L'histoire d'Auxerre fournit un texte précieux à l'appui de cette opinion, c'est celui qu'on trouve dans les actes de saint Pélerin, cités par l'abbé Lebeuf. Il y est dit que, quand saint Pélerin arriva à Auxerre, vers 260, la ville n'était point encore entourée de murs. Ces murs n'ont donc pas été construits avant la fin du IIIe siècle.

Si l'on veut bien remarquer maintenant que c'est précisément à cette époque que commencent les grandes invasions

des Barbares, et rappeler ce qu'Eumène raconte de Constance Chlore, qui repeupla, dit-il, plusieurs contrées de la Gaule ravagée par les premiers flots de l'émigration du Nord, on demeurera convaincu que toutes les enceintes gallo-romaines, dont nous parlons, n'ont été construites que pour se défendre contre de nouvelles invasions. On y employa tous les matériaux qu'on avait sous la main, particulièrement tous les débris des grands monuments que les Barbares avaient ravagés. Et comme le temps et les matériaux manquèrent pour entourer les villes gallo-romaines dans leur entier, on se contenta de ceindre de murs la partie la plus facile à défendre. De là vient qu'à Auxerre, on fortifia seulement le mamelon qui est au centre, laissant en-dehors la partie plus basse qui avoisine le pont et qui, bien que d'un abord plus commode dans des temps paisibles, n'aurait pu être défendue avec avantage, en cas d'invasion.

M. Baudouin donne quelques renseignements sur les antiquités trouvées dans la ville d'Avallon. Ce sont des vases, des médailles du Haut-Empire. Il n'y a point de murs du temps des Romains. Il s'y trouve une rue ou chaussée à 2 mètres de profondeur.

7. Quelles sont les stations romaines autres que les villes qui existaient dans le pays? Leur position est-elle déterminée rigoureusement?

Bandritum, Aquis segeste étaient deux localités gallo-ro

maines.

M. Challe dit que la position de Bandritum est très-bien fixée à Basson, sur la voie de Sens à Auxerre, mais qu'on n'y trouve aucuns vestiges romains. Aquis segeste était probablement à Montbouis.

M. de Caumont demande si l'on a formé des catalogues d'inscriptions et de médailles trouvées dans le pays; il re

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commande ce soin aux membres de la Société d'Auxerre. La séance est terminée par la lecture d'un mémoire de M. Vachez sur les bains romains de Montbouis (Loiret), et d'une note de M. Thiollet sur les antiquités romaines trouvées sur le plateau de Champlieu, près de la forêt de Compiègne, au mois d'avril dernier, par suite des fouilles continuées aux frais de la Société française.

Le Secrétaire-général,

QUANTIN.

Seconde séance du 15 juin.

VISITE DES MURS ROMAINS D'AUXERRE.

A 7 heures du soir, le Congrès s'est transporté dans l'emplacement des murs de la cité. Les restes de l'enceinte gallo-romaine sont bien peu apparents aujourd'hui. L'accroissement successif de la ville depuis le XI. siècle, a fait envahir cette enceinte par les maisons qui se sont élevées

PLAN DE L'ENCEINTE GALLO-ROMAINE D'AUXERRE.

dessus. Cependant, on reconnaît encore que la cité formait un carré long de l'ouest à l'est, placé sur le sommet du ma

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melon où s'élève Auxerre. Elle était flanquée de onze tours. On y accédait seulement par deux portes, l'une appelée porte Fiscalis et porte des Bains, au sud; l'autre qui est occupée depuis le XV. siècle par l'arcade et la tour de l'horloge, à l'ouest. Il y avait peut-être une poterne en face la rivière d'Yonne, au levant, et une autre du côté du château St.Germain, au nord.

L'examen s'est d'abord étendu sur la porte Fiscalis, Fechelle, par corruption Fécaut et enfin Frécaut, située au bas de la rue de la Frécauderie. Le mur y est encore entier et présente une construction de blocs de grand appareil, assez irrégulière, s'élevant à 6". environ de hauteur. Les deux côtés de la rue sont de même disposition. On remarque, sur la gauche, un fragment de pilastre bordé d'oves, qui a été mis, la face hors du mur, d'années.

il y a peu

En descendant la rue dite encore Sous-Murs, où se tenaient, au moyen-âge, les marchands de poisson et qui fait suite à la rue de la Boucherie qui est également hors de la cité; on a laissé de côté la tour Brunehaut, et un em

PARTIE · INFÉRIEURE DES MURS D'AUXERRE.

placement de bains romains; on est arrivé à l'extrémité est de la cité, à la tour de St.-Pancrace, du nom d'une chapelle qui y fut établie dans les premiers temps chrétiens. On a reconnu, dans un des coins de cet édifice, l'appareil petit et carré et un rang de briques. Au soubassement, dans une cave, existe une inscription sur une pierre placée à rebours.

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