Page images
PDF
EPUB

99

» 14. Jean Camelot, âgé de 44 ans, journalier à Vasteville, après avoir servi pendant une douzaine d'années chez plusieurs notables habitants de sa commune, où il s'est fait remarquer par sa yigilance et sa probité, se rend utile pour toute espèce de travaux auxquels il se livre avec intelligence, et qu'on peut lui confier en toute sécurité, sans qu'il soit nécessaire d'y porter la moindre surveillance. Ne possédant rien autre chose que le produit de leur journée, Jean Camelot et sa femme ont élevé 5 enfants, encore tous jeunes, et dont l'un est sourdmuet et perclus de ses membres. Par leur bonne administration, ils les entretiennent convenablement, et leur donnent l'exemple de la probité et de l'amour du travail. Jean Camelot est, en un mot, sobre, actif, intelligent et fidèle, et en même temps un bon père de famille.

» Nous croyons qu'il mérite une récompense, et nous vous proposons de lui décerner une prime de 20 fr.

» 15. Nous vous demanderons également une médaille de bronze et un gratification de 45 fr. pour François Bonnemains, âgé de 69 ans, employé sans interruption pendant 45 ans en qualité de journalier agricole chez M. le marquis de Sesmaisons; sa conduite est excellente sous tous les rapports et son activité ne s'est jamais démentie.

46. Employé depuis 20 ans dans l'exploitation de la ferme modèle de Martinvast, Louis-Alexis Gosselin s'est livré à une spécialité de travaux dans lesquels il a déployé une intelligence remarquable. Chargé par l'honorable fondateur de ce magnifique établissement, du tracé des irrigations et de la direction des travaux de drainage, il s'en est acquitté avec zèle et l'on peut en voir les résultats à Martinvast et dans les communes voisines.

» Nous vous proposons de lui décerner une médaille de . bronze.

[ocr errors]

Nous sommes loin d'avoir épuisé la liste des zélés et loyaux serviteurs qui auraient droit aux récompenses de la Société; mais l'insuffisance des fonds qu'elle peut consacrer aux encouragements de ce genre, et le manque de détails susceptibles d'éclairer votre choix, nous forcent à borner là nos propositions. Au lieu de signaler par des mentions honorables la liste des autres personnes recommandables dont les noms nous sont jusqu'à présent parvenus, nous croyons qu'il est préférable d'en conserver les éléments pour l'année prochaine, et de nous entourer de tous les renseignements nécessaires pour donner suite à cette série d'encouragements pour les bons services domestiques.

Par ces encouragements et ces récompenses que la sollicitude du Gouvernement lui donne la mission de distribuer, la Société d'agriculture de Cherbourg acquittera plus d'une

dette, signalera à la reconnaissance publique plus d'un dévoùment, et atteindra ainsi, nous le répétons, le but qu'elle se propose, d'exciter l'émulation des serviteurs et des maitres, de moraliser la classe ouvrière, en lui faisant comprendre que, plus ou moins fortes, plus ou moins brillantes, mais toujours honorables par la publicité qui leur est donnée, il est des récompenses pour tous les genres de mérite. » Nicétas PERIAUX.

Après cette intéressante séance, qui a duré près de deux heures, les membres de la Société d'agriculture se sont réunis à l'hôtel de l'Amirauté dans un banquet fraternel pour terminer ce beau jour de fête.

Au dessert, M. le comte de Tocqueville, président, a porté un toast à l'Empereur, bienfaiteur et protecteur de l'agriculture. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire les nobles et éloquentes paroles improvisées par M. de Tocqueville, et qui ont été chaleureusement applaudies par tous les convives.

M. Ch. Salley, membre du tribunal de commerce, a prononcé, avec un accent qui partait aussi du cœur, les paroles suivantes, qui ont reçu également les sympathiques manifestations des auditeurs :

"Permettez-moi, Messieurs, de rappeler à votre souvenir le nom du noble et généreux agriculteur qui, non content d'avoir exposé sa vie pour la France sur le champ de bataille, est revenu dans son pays natal travailler sans relâche au bienêtre des cultivateurs en assurant, par l'augmentation des produits du sol, la facile perception du revenu des propriétaires. » En effet, Messieurs, n'est-ce pas grâce aux essais de M. le comte du Moncel que nos campagnes possèdent aujourd'hui des instruments agricoles perfectionnés et produisent des récoltes d'espèces autrefois inconnues dans nos climats ?

"

» Et si dans la brillante exhibition d'animaux domestiques dont les membres de la Société d'agriculture se sont occupés avec tant de sollicitude, et qui a été favorisée de leurs encouragements, le public a remarqué de nombreuses ventes faites. à des prix naguère assez rares dans nos contrées, n'est-il pas juste, Messieurs, de payer un légitime tribut de reconnaissance au fondateur de l'école de Martinvast, à celui qui a combattu la routine pour doter son pays de ces divers éléments de prospérité?

"

Je porte un toast à la mémoire de cet illustre compatriote, qui ne fut pas moins bon citoyen et brave soldat qu'agriculteur éminent. »

D'autres toasts ont été successivement portés :

Par M. de Couville: à M. le comte de Tocqueville, président de la Société d'agriculture, l'homme dévoué aux intérêts du pays;

Par M. Vildieu: aux vétérans de l'agriculture;

Par M. Lemoigne: au général Meslin, notre digne représentant au Corps Législatif;

Par M. le marquis de Sesmaisons à la prospérité des courses de chevaux de Cherbourg;

Par M. Laharanne à l'agriculture;

Par M. Henry: à la prospérité du commerce agricole ;

Par M. Vildieu: à M. Nicétas Periaux, l'homme d'initiative, l'infatigable organisateur des institutions locales qui tendent au progrès.

Tous ces toasts ont été vivement applaudis.

La plus franche cordialité et une parfaite courtoisie n'ont cessé de régner dans ce banquet, réunion charmante qui ne peut laisser que d'agréables souvenirs chez tous les assistants. VÉRUSMOR.

Agriculture.

Le directeur de l'Association Normande, M. de Caumont, s'est toujours préoccupé des progrès de l'agriculture et des moyens d'en faire entrer l'enseignement dans le programme de l'instruction primaire. Au milieu de l'été 1862, il a adressé aux Instituteurs l'écrit suivant, imprimé en quatre pages in-fo, et qui, bien qu'insuffisant à nos yeux, est un premier guide, un résumé de notions utiles, et qu'à ce titre nous nous empressons de reproduire.

PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES D'AGRICULTURE

Pour les enfants des Écoles primaires,

ADRESSÉS A MM. LES INSTITUTEURS,

Par ordre de l'Association Normande.

§4. L'agriculture est l'art, de faire produire au sol des végétaux utiles, d'élever et de nourrir les animaux que l'homme a su approprier à ses besoins ou associer à ses travaux.

Les principaux végétaux cultivés sont le blé, le seigle, l'orge, l'avoine, que l'on nomme céréales; les fourrages, pour la nourriture des bestiaux: sainfoin, trèfle, vesce, luzerne, etc., etc.; les racines: carottes, navels, betteraves; les plantes dites industrielles, parce qu'on s'en sert dans diverses. industries: le chanvre, le colza, le lin, etc., etc.

Les animaux de l'agriculture sont: le cheval, le mulet, l'âne, les vaches, les moutons, les porcs, les volailles (poules, oies, canards, pigeons, etc., etc.)

SOL. Les meilleures terres sont celles qui contiennent à peu près en égale proportion la chaux, l'alumine, et la silice; mais il est rare que cet équilibre existe, et l'on amende les terres par des mélanges: ainsi, il y a avantage à porter de la chaux dans les terres argileuses ou siliceuses; les terres trop calcaires auraient besoin de recevoir des argiles, etc., etc.

On appeile sol la terre remuée par la charrue, et sous-sol celle qui est au-dessous et que la charrue n'attaque jamais.

LABOUR.Le sol doit être labouré pour produire plus le labour est profond mieux il vaut. Le labour a pour but de mettre la terre en contact avec l'atmosphère et d'ameublir le sol pour qu'il puisse être facilement pénétré par les racines des jeunes végétaux qui doivent y prendre leur nourriture. Il faut se servir de bonnes charrues pour bien labourer.

Les autres instruments sont: là herse, pour recouvrir les semences jetées en terre et pour ameublir le sol; le scarificateur, composé de socs un peu recourbés en avant et montés sur des roues, qui peut, dans certains cas, remplacer la herse et même la charrue; la houe à cheval, composée de trois ou cinq socs disposés en triangle, et qui sert à butter et à sarcler; enfin, divers instruments plus ou moins usités.

Le sol ne doit pas être trop humide pour être bien labouré, et l'on fait des rigoles et des fossés pour l'écoulement des eaux de pluie. On appelle imperméables les terres argileuses qui ne laissent pas facilement passer l'eau. On est quelquefois obligé de les drainer, c'est-à-dire de disposer des canaux en terre cuite, à 4 mètre de profondeur, qui reçoivent l'eau, en débarrassent le sol et la conduisent dans des fossés voisins. La terre franche est plus facile à labourer que la terre argileuse ou mouillante.

ENGRAIS. C'est par les engrais que l'on conserve et que l'on augmente la fertilité du sol. On entend par engrais toutes les substances que l'on peut mettre dans la terre pour l'aider à alimenter les plantes. Le fumier est l'engrais le plus ordinaire; c'est le mélange des excréments solides et liquides des animaux avec des litières. Le fumier de cheval et celui de mouton sont les plus chauds; le fumier des bêtes à cornes est plus frais, mais il convient parfaitement aux terres légères; le fumier d'étable est le meilleur des engrais, et on ne peut le recueillir et le disposer avec trop de soin. L'homme qui soigne son fumier est sûr de s'enrichir; celui qui le néglige se ruine. Jacques Bugeaud, de Melle, qui avait amassé une

grande fortune en labourant, disait avec raison: ce n'est pas ce qu'on sème, mais ce qu'on fume qui produit; A PETIT FUMIER

PETIT GRENIER.

Dans le Calvados et presque partout, les fumiers sont exposés à la pluie et au soleil, C'EST TRÈS-MAL. Le soleil dessèche et pompe les sucs du fumier; il serait mieux placé à l'ombre sous un hangard, ou recouvert de branches d'arbres, de genèt ou de glui. La pluie lave le fumier; en emporte les sels et lui fait perdre la moitié de sa valeur.

Il faut placer le fumier, au sortir de l'étable et de l'écurie, sur un terrain légèrement en pente et garni de terre glaise, afin que le jus ne se perde pas et qu'il se rende dans un trou revêtu de terre glaise ou un puisard maçonné, couvert de planches. Ce jus qu'on appelle purin, sert à arroser le fumier pour qu'il ne s'échauffe pas trop et surtout pour qu'il ne devienne pas blanc par la moisissure, car cette moisissure lui fait perdre presque toutes ses qualités.

Les matières fécales sont l'engrais le plus puissant, il faut se garder de les perdre; les urines, les eaux de lavure de vaisselle doivent être recueillies et portées sur les prairies.

Les engrais pulvérulents, tels que le guano, le tourteau et les poudrettes, viennent en aide au fumier et sont de bons engrais; mais le bon agriculteur doit surtout compter sur le fumier qu'il produit et qu'il confectionne lui-même avec ses bestiaux.

AMENDEMENTS.-La chaux est un des amendements les plus utiles on la dépose dans des monceaux de terre relevée à la charrue ou apportée à une des extrémités du champ; recouverte de terre, la chaux tombe en poussière; au bout de quinze jours, plus ou moins, on peut la mélanger; on la recoupe ainsi une seconde fois pour que le mélange soit plus complet.

On ne répand jamais la chaux au moment des semailles, mais quand on donne l'avant-dernier labour.

Quand on chaule, il faut fumer. Le fumier ne doit être mêlé avec la chaux que quand elle est recoupée et parfaitement mélangée à la terre de la tombe. Mieux vaudrait, peut-être, fumer séparément au moment où l'on donne l'avant-dernier labour.

La marne, qui est un carbonate de chaux non cuit, agit moins vivement que la chaux; mais à la marne on peut joindre de la chaux. On répand la marne avant l'hiver pour qu'elle puisse se déliter à la gelée.

Le plâtre en poudre se répand sur les plantes quand elles sont d'une certaine force, et non avant la semence comme la chaux et la marne.

§ 2.-ENSEMENSEMENT.. On sème de deux manières : à la main ou à la volée, et au moyen d'une machine montée sur

« PreviousContinue »