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des roues que l'on appelle semoir; mais l'usage de cet instrument est encore rare. Le semoir distribue la graine régulièrement et en lignes; on ne peut obtenir la même régularité à la main. Aussi la quantité de semence employée par hectare est de un quart moins considérable avec le semoir qu'à la main; c'est-à-dire qu'il en faut 4 hectolitre 1/2 au semoir; 2 hectolitres à la volée.

RÉCOLTE.

cueillir.

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Quand les récoltes sont mùres, il faut les re

Les travaux de récolte sont la fauchaison et la fenaison du fourrage, la coupe, le liage et la rentrée des céréales, la coupe et le battage des graines oléagineuses, l'arrachage des racines. La fauchaison se fait à la faux, pour le foin; à la faux et à la sape (espèce de faux à manche court), pour les céréales; à la faucille, pour le colza.

Un agriculteur expérimenté doit disposer ses ouvriers de manière à faire ses récoltes en temps convenable. La récolte est la récompense de ses travaux ; c'est sa fortune. Il aurait tort d'en compromettre le résultat par des économies de maind'œuvre elle seraient très-mal entendues.

La récolte des céréales une fois faite, il faut détacher la graine des tiges. L'opération se fait au moyen du fléau ou mieux de la machine à battre.

Un terrain passable doit rendre dix fois la semence, c'està-dire 20 hectolitres à l'hectare pour le blé. Nous avons des terres qui rendent 28 et 30 hectolitres.

Le seigle et le blé se sèment en octobre et novembre, et se récoltent en juillet et août l'année suivante. Il en est de même pour l'avoine d'hiver.

Les céréales de printemps sont l'orge, l'avoine, qui se sèment en mars et se coupent en août, et le blé-sarrasin, qui se sème en mai et juin, à la quantité d'un hectolitre 1/2 à l'hectare, et se récolte en septembre.

PLANTES SARCLÉES. Les plantes sarclées sont celles que l'on sème en lignes et qu'on sarcle avec la houe à cheval, ou tout autre instrument.

La pomme de terre est une des plus utiles pour la nourriture de l'homme et des bestiaux. On la plante en mars et avril : elle ne doit pas être enfouie trop profondément. Pour planter A hectare, en espaçant chaque tubercule de 30 à 35 centimètres, il faut 18 à 20 hectolitres de tubercules.

Le topinambour originaire d'Amérique comme la pomme de terre, se cultive à peu près comme elle.

La betterave est une racine d'une immense importance, dont on se sert pour la nourriture du bétail, pour la fabrication du sucre et de l'alcool.

On sème la betterave en avril, au semoir et en lignes; quelquefois en pépinière, mais alors il faut la repiquer. Les betteraves doivent être espacées de 50 centimètres les unes des autres. Le repiquage se fait du 15 mai au 15 juin, dans les contrées où on a l'habitude de repiquer.

Il faut sarcler et butter les betteraves. On les arrache à la fin d'octobre. On peut récolter jusqu'a 80,000 kilos de betterave à l'hectare.

La carotte, le navet, les panais, les choux sont encore des plantes sarclées.

Le colza est une plante sarclée industrielle on le sème en juillet en pépinière et on le repique en lignes en septembre, octobre et novembre. On le récolte en juin. Le rendement est souvent de 35 hectolitres à l'hectare et plus dans certains départements.

PLANTES INDUSTRIELLES NON SARCLÉES. Le chanvre est une plante industrielle non sarclée, que l'on sème à la volée. On le sème au mois de mai, à la quantité de 3 à 4 hectolitres de semence à l'hectare. Il faut un sol riche et bien préparé.

Il en est de même du lin, qui se sème soit en automne, soit au printemps. Il faut 2 ou 3 hectolitres de graine à l'hectare. On récolte en août et septembre.

La cameline se sème à la volée, au mois de mai, et produit 15 à 18 hectolitres à l'hectare. On en fait peu à présent.

BÉTAIL.

Plus on a de bestiaux convenablement nourris, plus on a de fumier; et plus on a de fumier, plus on obtient de récoltes.

Il faut donc s'occuper de l'éducation du bétail, c'est-à-dire de ce qui est relatif à l'art d'élever, de nourrir les animaux et d'en tirer parti.

Race bovine. Un cultivateur intelligent doit donner un soin particulier à ses vaches et à leurs produits.

Il faut faire en sorte que les vaches mettent bas dans le temps le plus favorable; le temps de la gestation de la vache est de neuf mois.

On doit faire saillir les vaches par de bons taureaux.

Le veau doit être séparé de sa mère immédiatement après sa naissance et nourri à l'étable.

C'est une pratique très-mauvaise que de laisser les veaux téter leurs mères.

Les vaches bonnes laitières se reconnaissent à certains signes, que l'on distingue avec un peu d'habitude.

Une bonne vache peut donner 20 litres de lait en vingt-quatre heures, pendant la saison des herbes.

Il y a des vaches exceptionnelles qui en donnent jusqu'à 30 litres.

Il faut 14 litres de lait pour produire la quantité de crême nécessaire pour former une livre de beurre, mais cette quantité varie suivant la qualité du lait. Le lait de certaines vaches crême moins que celui des autres.

Dans les très-bons fonds d'herbage, le revenu annuel d'une vache peut être de 300 fr. et même plus.

On nourrit les bestiaux dans les étables ou à l'herbe, en liberté dans les herbages.

Dans l'hiver, il faut, pendant les mauvais temps, les tenir dans des étables ou dans des cours fermées où se trouvent quelques abris.

Dans le Calvados, on leur donne, pendant cette saison, du foin, de la paille et des betteraves, quelquefois du son et du tourteau.

Pour les bêtes que l'on veut engraisser, au ajoute au foin des tourteaux de graines oléagineuses, quelquefois de la farine d'orge.

Les éleveurs doivent savoir quel poids pèse un animal, car les prix de vente et d'achat sont basés sur cette appréciation. On dit, en effet les vaches se sont vendues à telle foire sur le pied de 60 c. la livre. On apprend facilement à reconnaître le poids approximatif d'un animal à la simple inspection. Pour être plus sûr, on peut mesurer les animaux avec un cordon gradué que l'on se procure facilement et qui ne trompe pas.

L'animal bien soigné se porte bien. Ceux qui travaillent comme les bœufs, dans les pays où on les attelle, le font avec vigueur; les jeunes bestiaux se développent vite quand ils sont bien nourris, proprement tenus et loges convenablement. Les étables doivent être suffisamment aérées.

Les moutons sont très-utiles, surtout dans les pays dont les herbes sont courtes et difficiles à pâturer pour les gros bestiaux.

Il faut choisir de beaux béliers pour la reproduction. La brebis ne doit pas servir à la reproduction avant douze ou quinze mois aussi ne doit-on pas laisser le bélier avec les Jeunes brebis. La gestation de la brebis est de cinq mois, environ cent cinquante-cinq jours.

L'agneau tète pendant quatre mois. Il faut séparer les mères et leurs agneaux du troupeau pendant ces quatre mois. Les mères doivent recevoir un supplément de nourriture pendant qu'elles nourrissent.

Les races françaises, les mérinos, les races anglaises offrent, suivant les pays, des avantages que le cultivateur intelligent saura distinguer.

Le porc est une source de profits considérables; c'est un des animaux domestiques les plus précieux par la rapidité de son accroissement et la facilité avec laquelle il se nourrit et s'engraisse. Une famille peut vivre avec une vache et un cochon.

La truie peut porter à l'âge de sept à huit mois. Le temps. de la gestation varie de trois mois et demi à quatre mois (habituellement cent cinquante jours). Une truie peut faire deux portées par an, et nos truies de races indigènes produisent quelquefois douze à quinze petits à chaque portée.

Les races anglaises, qui ont une grande aptitude à l'engraissement, sont moins fécondes et quelquefois on a de la peine à les faire produire. On perd ainsi, par leur stérilité, ce qu'on gagne par la rapidité de l'engraissement.

Un porc bien nourri est aussi fort à six mois qu'un porc mal nourri à un an. Dans les grandes exploitations où on a des vaches, le revenu produit par l'éducation des cochons peut être énorme. Mais, pour les engraisser, il faut mettre dans le gros lait un mélange de trèfle, d'orties, de légumes, de racines, de pommes de terre, de panais, de grains cuits, etc., etc.

Quand on n'a pas assez de nourriture pour engraisser, on peut tirer un grand parti des portées de cochons en les vendant à trois ou quatre mois.

CHEVAUX. Les chevaux, qui secondent si bien l'homme dans ses travaux, doivent toujours être bien traités et menés avec douceur. Un cheval mené doucement fait plus de besogne et mieux qu'un cheval mené avec brutalité. Les prix de labourage, dans les concours, sont presque toujours remportés par les laboureurs qui mènent leurs chevaux avec le plus de dou

ceur.

Le cultivateur qui a un certain nombre de chevaux fait ordinairement rapporter des poulains à ses juments, ce qui ne les empêche pas de labourer; mais il doit les ménager, surtout à l'époque de la parturition. Les juments portent onze mois et quelques jours.

Pendant les deux premiers mois, le poulain tète sa mère et ne peut en être séparé, puis il commence à brouter et à manger un peu d'avoine; à six mois il peut être sevré.

Quand on veut obtenir de bons produits, il faut choisir avec le plus grand soin les étalons que l'on donne aux juments.

OISEAUX DE BASSE-COUR. Les poules, les canards, les oies, les dindons sont d'une grande ressource et coûtent peu à élever dans les fermes. Les poules surtout sont indispensables, car rien ne peut remplacer les œufs. Les soins à donner aux volailles sont indiqués dans plusieurs petits Traités, d'un prix très-modique, et dans tous les Manuels d'agriculture. Tout le monde, d'ailleurs, les connait dans nos campagnes.

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CULTURE DES HERBAGES. Les terres composées d'herbages naturels, comme on en trouve dans le Bessin, le Pays-d'Auge, le pays de Bray, et dans diverses vallées, sont plus particulière

ment consacrées à la production des bestiaux. Toutefois, avec des trèfles et des luzernes, on peut nourrir beaucoup de bétail partout.

A cause de la cherté de la main-d'œuvre, il est avantageux de convertir en herbages toutes les terres argileuses et difficiles à labourer. Une fois prises en herbe, ces pièces de terre donnent, chaque année, un produit en argent plus considérable que les mauvaises terres en labour.

La culture des herbages consiste surtout à extirper les mauvaises herbes et à faire, de temps à autre, des tombes ou compôts de fumier et de terre que l'on répand ensuite sur la surface des herbes. La chaux, mélangée à la terre et brassée comme il a été dil précédemment, produit des effets merveilleux dans tous les herbages On peut consulter pour la préparation des tombes, les instructions publiées à ce sujet par M. Morière. Ce procédé est suivi, depuis plus d'un siècle, avec un succès complet dans le Bessin et le Cotentin.

IMPORTANCE DE LA PROFESSION D'AGRICULTEUR.-L'agriculteur fait croître le ble; sans lui, pas de pain.

L'agriculture fait naitre les bœufs et les moutons et les engraisse; sans elle, pas de potage, pas de bouilli, pas de rôti. L'agriculture produit le lait et le beurre; sans elle, tous ceux qui aiment le beurre et le café au lait seraient réduits au café noir et au pain sec.

L'agriculture produit le lin, le chanvre; sans elle, pas de toile, pas de chemises, pas de fabriques ni de fabricants. C'est elle qui produit la laine; sans elle, pas de fabriques de draps, pas d'étoffes de laine, etc.

Elle produit le colza qui nous éclaire.

Toutes les matières premières lui appartiennent.

Les agriculteurs sont les maîtres du monde, puisqu'ils le nourrissent, l'habillent et l'éclairent; leur profession est la première de toutes les professions.

Soyez donc fiers de votre état, agriculteurs; mais apprenezle par principes; ne soyez pas trop routiniers. Il y a la bonne et la mauvaise routine. La bonne est celle qui repose sur une expérience incontestable, mais bien des usages ne sont pas motivés et reposent sur des idées fausses. Cette routine-là ne vaut rien; il faut l'abandonner pour de meilleures pratiques. Il faut, de toute nécessité, étudier la science de l'agriculture pour la bien pratiquer.

Plusieurs instituteurs primaires, que j'engageais à donner des notions d'agriculture, m'ont demandé des notes pour les guider dans

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