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ment le texte original, sauf l'orthographe: nous suppléons quelques mots qui, probablement, auront été omis ou défigurés dans les transcriptions successives, et, pour les distinguer du texte, nous les plaçons entre crochets, en caractères italiques.

« Du lundy 15eme jour d'avril 1532.

» Ensuit la forme et maniere de l'entrée faite par le Roy, notre sire, François Ier de ce nom, en cette ville de Saint-Lo, qui fut le 15 avril de l'année 1532, heure de six heures du soir en la compagnie duquel estoient plusieurs princes et grands seigneurs tant ecclesiastiques que seculiers, savoir est Me Mr le Dauphin (1), M. le Grand-Maistre de France (2), M. le Reverendissime Cardinal de Lorraine (3), M. le Comte de Saint-Paul (4), M. de Vendosme (5), M. de Nemours[Savoye] (6), M. de Nevers (7), M. le [Marquis] de Rothelin (8), M. de Longueville (9), et plusieurs autres princes et grands seigneurs.

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Les officiers et fourriers desdits sires, le Roy et Dauphin, et autres princes, arriverent en cette ville ledit jour lundi,

(1) François de France, dauphin de Viennois, né au château d'Amboise le 28 février 1517, couronné duc de Bretagne à Rennes le 14 août 1532, mort au château de Tournon le 10 août 1536.

(2) Anne de Montmorency, duc de Montmorency, pair de France, créé Grand-Maître, par lettres données à Acqs le 23 mars 1526; mort le 12 novembre 1569 : il avait été élevé à la dignité de Maréchal de France le 6 août 1522, et à celle de Connétable le 10 fevrier 1538.

(3) Jean de Lorraine, fils de René II, duc de Lorraine, et de Philippine de Gueldres, créé Cardinal par Léon X le 28 mai 1518; archevêque de Narbonne en janvier 1524, sous le pontificat de Clément VII; mort le 10 mai 1550. (4) François de Bourbon, 11 du nom, fils de François de Bourbon, comte de Vendôme, et de Marie de Luxembourg, né à Ham le 6 octobre 1491, mort à Cotignan, prés Rheims, le 1er septembre 1545.

(5) Charles de Bourbon, premier duc de Vendôme, pair de France, frère afné du précédent, né à Vendôme le 2 juin 1489, mort à Amiens le 25 mars 1537; aïeul paternel du roi Henri IV.

(6) Philippe de Savoye, comte de Génevois, qui avait obtenu de François Ier, par dun, le duché-pairie de Nemours, en vertu de lettres-patentes du 22 décembre 1528, enregistrées au Parlement de Paris, le 4 février suivant, et à la Chambre des Comptes le 8 mars de la même année; mort le 25 novembre 1533.

(7) François de Clèves, Ir du nom, fils de Charles de Clèves, comte de Nevers, et de Marie d'Albret, né le 2 septembre 1516, mort le 13 février 1562. Ce fut en sa faveur que le comté de Nevers fut érigé en ́duché-pairie par lettres-patentes de François Ia, données à Paris en janvier 1538, enregistrées le 17 février suivant.

(8) François d'Orléans, marquis de Rothelin, frère putné du duc de Longueville, né à Châteaudun le 11 mars 1513, mort le 25 octobre 1548.

(9) Louis d'Orléans, II du nom, duc de Longueville, né à Blandy le 5 juin 1510, mort en 1537. Marie de Lorraine, sa veuve, épousa, en 1538, Jacques V, roi d'Ecosse, et fut mère de Marie Stuart.

environ quatre heures du matin; lesquels avertirent les ordinaires et bourgeois de cette ville de Saint-Lo, que c'estoit le bon plaisir du Roy, notre sire, et de Mer le Dauphin, de venir et faire entrée ledit jour en cette ville. Pourquoi, en toutes diligences, lesdits bourgeois et ordinaires, qui encore n'estimoient ladite venue desdits sires estre si prompte et hastive, firent congreger et assembler en ladite Maison commune les principaux bourgeois, nottables personnes de cette dite ville, avec lesquels estoient circonspectes personnes MMe Robert Goullet (4), docteur en theologie, chanoine d'Avranches, et curé de Sainte-Catherine de Honfleur, et Me Guillaume Quetil (2), prestre, chanoine de Coutances, Grand-Vicaire in temporalibus et spiritualibus de Mer l'Evesque de Coutances; lesquels ss vicaires par deliberation faite en la Maison commune avoient esté envoyés querir, et avoit esté vers eux usé de supplication, afin que par leur bon conseil et avis lesdits ordinaires et bourgeois pussent 'pourvoir aux choses requises et necessaires pour ladite reception et venue desdits sires: par le conseil desquels et de plusieurs autres notables personnes presentes en ladite Maison commune, du nombre desquels est Me Jean Le Secourable, Me Jacques Vaultier, Me Denis [Perier], et Richard de la Dangie (3), escuyer, conseillers, et ordonnés ordinaires, pour ladite arrivée, en ladite Maison commune; Pierre Alexandre, controlleur des deniers communs de cette ville; honorable homme Me Pierre Re

(1) Dans un acte passé devant les notaires du Roi au Châtelet de Paris, les 11 et 14 mars 1537, où cet ecclésiastique figure comme procureur du Chapitre d'Avranches, il est ainsi qualifié : « Venerable et scientifique personne Mr Robert Goullet, docteur regent de la faculté de theologie de D l'Université de Paris, chanoine et maistre d'escole de l'eglise cathedrale de » Saint-André d'Avranches. »

(2) Guillaume Quetil, chanoine de Coutances, prébendé d'Yvetot, puis de Saint-Louet, vicaire général d'Adrien Gouffier, évêque de Coutances, eut la plus grande part à l'administration du diocèse sous l'épiscopat de ce prélat : il n'en eut pas une moindre sous l'épiscopat du cardinal de Bibiane et sous celui de René de la Trémouille, qui l'un et l'autre lui conférèrent les mêmes fonctions. Vicaire capitulaire à la mort de ce dernier (novembre 1529), comme il l'avait été à la mort du précédent (décembre 1520), Guillaume Quetil fut établi vicaire-général par le nouvel évêque, Philippe de Cossé, aussitôt que ce prélat eût pris possession du siége épiscopal, c'est-à-dire le 16 mai 1530, et il en exerça les fonctions jusqu'à sa mort arrivée vers la fin de l'année 1540, ou le commencement de la suivante.

(3) Richard de la Dangie, écuyer, sieur du Périer, appartenait à une famille noble d'ancienneté, qui a laissé son nom au village de la Dangie, à Saint-Georges-Montcocq : il avait épousé delle Françoise Couvey. Il fut l'un des bienfaiteurs de l'église de Sainte-Croix de Saint-Lo, où il fonda «< un service canonial le jour sainte Anne ». Si ce n'est à lui, c'est assurément à l'un des membres de sa famille, que le quartier Saint-Gorges doit la concession gratuite de la prise d'eau qui alimente le réservoir appelé l'AugeGuéret.

neaume, conseiller d'icelle ville; noble homme messire Richard du Bois (1), chevalier, [seigneur] de l'Epiney, capitaine de cette ville; Pierre Le Capelain, lieutenant particulier en cette ville de M. le Bailly [de Costentin]; Richard Thiboust (2), escuyer, lieutenant audit Saint-Lo du vicomte de Carentan; Jacques Quetil (3), escuyer, senechal de Saint-Lo; Jean Le Venard, procureur de Mer de Coutances en la baronnie de Saint-Lo; Guillaume Ybert, Jean Bigot, [Philippe] Mabire, et autres;

» Il a esté conclu, deliberé et ordonné qu'il seroit procedé et seroit tenu telle forme et ordre à la reception desdits sires, ainsi qu'il ensuit :

Est que les gens ecclesiastiques honnestement accoustrés, et en bon ordre, vaistus de chappes, avec les croix, bannieres, iroient et marcheroient au-devant desdits sires, jusqu'à la barriere comme l'on va à la Madelaine (4); lesquelles croix, bannieres, precederoient les enfants d'Escolles; et ordonné qu'incontinent qu'aussitost que le Roy, notredit sire, arriveroit à l'endroit, le Clergé que venerable et discrette personne Me Pierre Faucillon (5), prestre et curé de Notre-Dame dudit Saint-Lo, prieur de l'abbaye dudit lieu, qui conduit led. clergé, commençast à chanter le Te Deum laudamus, ce qui pour lors fut executé de la maniere susdite;

(1) Richard du Bois, seigneur de l'Epiney-Tesson, descendait de Jehan du Bois qui vivait sous Charles VII, et qui avait épousé Françoise Tesson. Sa famille passédait la seigneurie de l'Epiney dès le milieu du xiv siècle.

(2) Richard Thibouk, écuyer, lieutenant à Saint-Lo du vicomte de Carentan, tenait encore en cette qualité les plaids de la sergenterie de SaintLo en 1548: il avait épousé demoiselle Jeanne Davy. Les deux époux donnaient à la Charité de Sainte-Croix de Saint-Lo, par acte passé devant les tabellions de cette ville le 10 avril 1535, une rente de vingt sous pour faire célébrer un service de l'Annonciation de la Sainte-Vierge; le mari avait déjà donné à la même Charité une rente pareille, par acte passé devant les tabellions du même lieu le 10 février 1533, « pour dire l'Antienne des tres>> passez le jour de Pasques après l'Oraison de la Resurection. »

(3) Jacques Quetil, écuyer, était fils de Jean Quetil, garde de la Monnaie de Saint-Lo, et neveu, probablement, de Guillaume Quetil, vicairegénéral de l'évêque de Coutances (Voy.supra, pag. 41, note 2). Ses petits-fils eurent de la peine à justifier de leur noblesse devant Roissy, en 1599, et ne purent remonter au-delà de Jean, leur bisaïeul.—A cette famille appartenait Jean Quetil, sieur de Ponthébert, qui, fortement compromis dans la sédition des Nuds-Pieds, se réfugia aux fles anglaises, et dont le chancelier Séguier envoya démolir la maison le 8 mars 1640.

(4) Léproserie située à un kilomètre et demi de la ville de Saint-Lo, sur l'ancien chemin de Bayeux : l'évêque de Coutances avait le patronage de la chapelle de cet établissement, peut-être fondé par Hugues de Morville au XIIIe siècle. — La chapelle de la Madelaine subsiste encore, mais comme dépendance d'une exploitation rurale.

(5) Pierre Faucillon, religieux de l'abbaye de Saint-Lo, successivement curé de Sainte-Catherine de l'Hôtel-Dieu de cette ville (1515), puis de Sainte

Item que les bourgeois et habitans de cette ville honnestement montés et honorablement vaistus et ornés, deux à deux, en bel ordre, iroient audèvant desdits sires, jusqu'audelà de la Madelaine, ce que lesdits bourgeois firent; et ils arriverent en la compagnie desdits sieurs vicaires, et Me Guillaume de Grimouville (4), official de Saint-Lo, et curé de Grandville.

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Me Jean Harvet, promoteur audit Saint-Lo, curé de Vieux-Rüe (2); ledit capitaine; noble homme Jean de Sainte-Marie (3), seigneur d'Aigneaux, lieutenant et connestable dudit capitaine; Me Jean de Baudre(4), seigneur du lieu; Me Guillaume de Pierrepont (5), seigneur de Montcocq; Me André Clerel (6), sieur de Rampan, et plusieurs autres

Croix (1519), ensuite de Saint-Thomas (août 1523), enfin de Notre-Dame (février 1525); il vivait encore le 6 octobre 1540.

(1) Guillaume de Grimouville, prêtre, licencié és lois, official de Saint-Lo et curé de Granville, puis chanoine et official de Coutances, enfin vicairegénéral de Philippe de Cossé en 1544 ou 1545, fut l'un des vicaires capitulaires pendant la vacance qui suivit la mort de ce prélat (novembre 1548).— Il prit possession de l'évêché (16 mars 1549) au nom de Payen d'Esquetot, son successeur; fut aussi vicaire-général de cet évêque, et vicaire capitulaire après sa mort (janvier 1552).— Vicaire-général d'Etienne Martel qui lui succéda, il prit, pour lui, possession du siége épiscopal le 3 décembre 1552, et fut, sous ce prélat, chargé presque seul du gouvernement du diocèse.-II fut aussi vicaire-général d'Arthur de Cossé, et mourut vers l'année 1564.

(2) Nous ne connaissons point de paroisse de ce nom : peut-être le copiste aura-t-il mal lu et mal écrit.

(3) Jean de Sainte-Marie, III du nom, seigneur d'Agneaux et de Caenchy, avait épousé en secondes noces Charlotte de Pellevé, fille de Jean, seigneur de Tracy, et sœur de Richard, tige des comtes de Flers ( Voy. infra, pag. 45, note 1). Selon M. l'abbé De La Rue (Nouv. Ess. tom. Ier, pag. 251 et suiv. à la note), une branche de cette famille s'établit en Angleterre, à l'époque de la Conquête.

(4) Jean de Baudre appartenait à une famille d'ancienne noblesse, qui avait probablement pris le nom de la paroisse de Baudre, dont la seigneurie lui appartenait. Cette famille comptait plusieurs branches au XVIe siècle : deux étaient fixées dans le diocèse de Bayeux; celle qui était restée au berceau de ses pères s'est éteinte dans la ligne masculine vers la fin du siècle dernier.

(5) La noble famille de Pierrepont, dont était membre Guillaume de Pierrepont, seigneur de Montcocq, a fourni à Guillaume le Conquérant, lors de la conquête d'Angleterre, un compagnon d'armes à qui les généalogistes anglais donnent le nom de Robert.-Un gentilhomme de la même famille (M. A. Delalande, Histoire des Guerres de religion dans la Manche, pag. 56, le nomme Guillaume et le qualifie sieur de Montcocq), se jeta dans le parti des Huguenots; prit part avec leurs chefs à une tentative contre le château de Caen (mai 1562); alla avec eux assiéger et prendre Bayeux (14 février-4 mars 1563); entreprit enfin de s'emparer de Cherbourg : mais, surpris au moment de l'exécution, il tomba couvert de blessures aux mains de Matignon, et paya de sa tête sa coupable entreprise.

(6) André Clérel appartenait aussi à une famille noble d'ancienneté, qui a possédé pendant plusieurs siècles la seigneurie de Rampan. Il avait épousé dele Jeanne du Mesnildot, en 1525.- La famille Clérel se divisa en deux

en grand nombre desdits bourgeois, statuerent et posterent à ladite piece de terre, depuis trois heures après-midi, en attendant le Roy, notre sire, Mer le Dauphin, et leur compagnie, jusqu'environ ladite heure de six heures du soir; environ laquelle heure arriva sur ladite piece de terre le Roy, notredit sire, et avec lui collateralement d'un costé mondit seigneur Msr le Dauphin, et à l'autre costé M. le Reverendissime Cardinal de Lorraine : devers La Majesté duquel se presenta ledit sieur capitaine dudit Saint-Lo, lequel offrit au Roy, notre sire, les clefs des portes de ladite ville, lui rendant et faisant l'obeissance qu'il devoit; et par semblable se presenta devant le Roy, notredit sire, ledit Denis Perier, bourgeois et l'un des ordonnés de ladite ville, lequel presenta au Roy, notredit sire, de la part de la ville, les clefs des [chaisnes] de ladite ville; lesquelles clefs tant des portes que desdites chaisnes furent rendues et laissées par le Roy, notredit sire, respectivement auxdits capitaine et bourgeois, pour les garder, faire et user ainsi que d'ancienneté; et ce fait, soi se presenta ledit Me Pierre Reneaume devant Ladite Majesté Royale, accompagné desdits sieurs vicaires, l'un d'un costé, l'autre de l'autre; lequel Reneaume fit l'oraison et reception du Roy, notredit sire, et sans se descendre de dessus son cheval; laquelle oraison fut très-benignement et attentivement ouye et reçue par le Roy, notredit sire, lequel après avoir ouy ladite oraison dit et repondit telles paroles :

« Messieurs,.... Vos predecesseurs ont toujours esté loyaux » et fideles sujets, ainsi que nous sommes bien avertis; et » esperons que si soyez, [et] vous avons pour l'avenir. Et "touchant les points et articles qu'entendez conferer et communiquer avec nous, venés de soir et matin, et il vous sera donné [audience], et serés ouys. »

"

Et ce fait, marcherent avant ledit sire et sa compagnie; lequel fut rencontré, au ferage de la Madelaine (4), d'une compagnie de jeunes compagnons de cette ville, accoustrés, estant environ au nombre de deux ou trois cens, faisant deux bandes et deux enseignes: la premiere estoit de taffetas couleur du Roy, sous laquelle marchoient les picquiers, et la deuxieme de couleur dudit sieur Dauphin, sous laquelle mar

branches au XVIe siècle; l'une resta à Rampan, l'autre se fixa dans l'Election de Valognes à cette dernière appartient l'illustre publiciste Alexis Clérel de Tocqueville, membre de l'Institut, mort à Cannes (Var), le 16 avril 1859.

(1) Le Férage de la Madelaine est un champ, maintenant divisé en plusieurs parcelles, sis près la chapelle de la Madelaine, en la commune de Sainte-Croix, sur le côté gauche de la route de Saint-Lo à Bayeux la foire Madelaine s'y tenait anciennement; elle n'a été transférée en la ville de Saint-Lo que dans le siècle dernier.

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