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FRAGMENT DE LA MOSAÏQUE DE PÉSICAUDON (Aube).

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FRAGMENT DE LA MOSAÏQUE DE PÉSICAUDON (Aube).

Le même membre parle de la découverte tout récemment faite des restes d'un établissement romain d'une très-grande étendue, à Auxon, chef-lieu de canton, situé à 22 kil. de Troyes, sur la route d'Auxerre et sur le tracé d'une ancienne voie romaine. On a pratiqué dans cet emplacement des fouilles à plus de 1,000 mètres de distance l'une de l'autre, et partout on a trouvé des débris antiques de toutes sortes; deux meules de moulin à bras, provenant de ces fouilles, ont été déposées au musée de Troyes. L'état actuel du terrain, couvert de moissons, ne permet pas de continuer les recherches; mais elles seront reprises à l'automne.

Le Congrès remercie M. Fléchey de son intéressante communication.

M. Ray dépose une note dans laquelle il constate ce fait curieux, qu'une grande quantité de coquilles d'huîtres, en tas, a été trouvée dans les fouilles à Landunum, aussi bien qu'à Pésicaudon, ce qui prouve que ces populations faisaient un usage habituel de cet aliment, et qu'elles avaient des moyens de faire voyager ces coquilles assez rapidement.

Les huîtres, trouvées dans les fouilles, sont des valves de l'Ostrea edulis de Linné, l'espèce même que nous mangeons encore aujourd'hui.

On peut assurer qu'elles ne proviennent pas de la Méditerranée, mais certainement de l'Océan.

M. de Caumont propose d'émettre un vœu pour que les fouilles soient continuées à Pésicaudon, sous le patronage et avec une subvention du Congrès, représenté par une commission de membres du Congrès et de l'Académie de l'Aube.

M. Dantremont rappelle que, dès 1843, Auxon était signalé comme le siége d'une ancienne ville gallo-romaine du nom de Blunum ou Bloine: on désignait cette localité comme ayant été le théâtre d'une grande catastrophe et comme pro

mettant aux archéologues une abondante moisson d'objets antiques. Il demande donc que le vœu exprimé par M. de Caumont soit étendu à des fouilles à faire à Auxon.

Ces deux propositions sont adoptées et renvoyées à la commission des vœux.

Le Congrès passe ensuite à la discussion de la quatrième question du programme concernant les voies romaines qui sillonnent le département de l'Aube; elle est ainsi conçue : Quelles sont les principales voies romaines qui sillonnent le département de l'Aube? - A-t-on trouvé des colonnes milliaires le long de ces voies? Quel était leur mode de construction?

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M. Corrard de Bréban répond d'une manière complète à cette question par la lecture du mémoire qui va suivre : ce mémoire qui se distingue par une grande abondance de preuves, une grande clarté de style, captive constamment l'assemblée, qui témoigne par ses applaudissements tout le plaisir qu'il lui a causé.

MÉMOIRE DE M. CORRARD DE BRÉBAN.

MESSIEURS LES MEMBRES DU CONGRÈS,

J'essaye de répondre à l'une des questions posées par votre programme. Ceci n'est pas quelque chose de complet; c'est un cadre dont je me borne à indiquer quelques linéaments et qui sera successivement achevé, soit par nos voisins des départements limitrophes qui nous signaleront les points de raccord de nos voies avec les leurs, soit par les hommes éclairés des localités citées dans ce travail, qui nous produiront de précieuses données sur les vestiges de ces monuments antiques; car, en pareille matière, le travail du cabinet ne suffit pas. Il faut en sortir les cartes et le compas à la main,

ne pas reculer devant des courses longues et pénibles, et, au besoin, demander à la terre, par des fouilles intelligentes, les enseignements qu'elle enferme.

Je m'occuperai en premier lieu et surtout de celles des voies traversant le département dont l'existence est bien constatée par les anciens itinéraires. Je dirai peu de chose de celles dont la connaissance nous est parvenue par d'autres

moyens.

Grosley n'a donné à cette partie de nos antiquités qu'une attention partagée par mille autres sujets. En ne considérant même que les faits peu nombreux qu'il avait observés, on ne comprend pas qu'il ait pu arriver à cette conclusion étrange que Troyes formait une espèce de cul-de-sac où venait se perdre un grand chemin; qu'on ne la rencontrait sur aucune route, mais seulement comme le terme d'une route particulière (1), etc. Nous allons voir, au contraire, que dans l'âge romain Troyes était déjà un point central autour duquel rayonnaient d'importantes et nombreuses voies de communication, et que c'est probablement à cette circonstance particulière qu'elle a dû son importance dans les premiers siècles de l'ère chrétienne.

SECTION Ire.

VOIES INDIQUÉES PAR LES ITINÉRAIRES.

Sler.

Voie de Lyon à Boulogne-sur-Mer.

On apprend par Strabon (2) qu'Agrippa, gendre d'Auguste, étant gouverneur des Gaules, considérant la ville de Lyon

(1) Éphém., I. 23.

(2) Strabon, liv. IV. - Danville, Eclaircissements, p. 334.

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