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Dans plusieurs de ces pièces on trouve aussi la ratification ou l'influence des comtes de Champagne.

En 1200, des lettres de Blanche, comtesse palatine de Champagne, confirment une donation faite aux religieux de More, par Simon de Clermont, et sa femme, seigneur et dame de Vendeuvre.

En 1255, la vente d'une forêt faite aux Templiers est ratifiée par Marguerite, reine de Navarre, Champagne et Brie; cette forêt existe encore et s'appelle le Temple et l'Orient.

En 1271, sous la protection d'Henri, comte de Champagne et roi de Navare, Guillaume, dame de Durnay et de Vendeuvre, et Gérard, son fils, seigneur dudit Vendeuvre, affranchirent leurs hommes et femmes de Vendeuvre, à charge, entr'autres, de la corvée pour l'œuvre du château, une fois la semaine.

En 1328, le comté de Champagne était alors réuni à la couronne de France. Philippe de Valois, se préparant à la guerre de Flandre, se rend à St.-Denis; il communie des mains de l'abbé, reçoit l'oriflamme qu'il confie à l'instant même à Mile de Noyers, seigneur de Vendeuvre, bouteiller de France; celui-ci prête serment et jure de mourir plutôt que de délaisser son drapeau. Mile de Noyers fut fidèle à son serment. Il dégagea le roi qui avait été surpris, et contribua par sa valeur à la défaite des rebelles et à la gloire de l'oriflamme.

Les tombes sont aussi des monuments écrits. Toutes celles dont la date précède 1550, portent Vendeuvre. Depuis, sur quelques-unes, se trouve Vandœuvre, probablement à cause de l'orthographe forgée par Nicolas Bourbon. Sur l'une d'elles cependant, datée de 1599, on voit, en lettres gothiques : Vendeuvre. C'est la tombe d'une femme avec cette épitaphe naïve et touchante : Qui bien aime tard oublie.

En 1614, Henri de Luxembourg, seigneur de Vendeuvre, fit décorer une des chambres du château, et, parmi plusieurs

peintures sur bois, fit placer celle de l'ancienne forteresse, dont la copie est représentée ici. Il écrivait Vendevvre, mais

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évidemment le v remplaçait l'u à cette époque. Henri de

Luxembourg fit encore de grands changements, et c'est à lui probablement qu'on doit le magnifique escalier, digne d'un palais, qui décore l'intérieur du château actuel et les superbes voûtes qui soutiennent une partie de cet édifice et d'où s'échappent avec abondance les eaux de la Barse, dont les sources se trouvent sous le château même, et qui va se jeter dans la Seine, près de Troyes, après avoir alimenté plusieurs usines importantes.

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NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR

M. MARIE-LOUIS-STANISLAS

GAILLARD DE SAINT-GERMAIN,

MEMBRE DE L'INSTITUT DES PROVINCES ET DE
L'ASSOCIATION NORMANDE;

Par M. Raymond BORDEAUX,

Inspecteur de la Société française.

M. Marie-Louis-Stanislas Gaillard de Saint-Germain, archéologue et compositeur de musique, naquit au château du Mailly, à St.-Germain-la-Poterie, près de Beauvais, le 23 février 1816, d'une famille originaire de St.-Malo, fixée dans la Picardie depuis un petit nombre de générations. Avant d'être seigneurs du fief de St.-Germain, dans le Beauvaisis, ses ancêtres avaient occupé à Rouen de hautes charges de finances. Nicolas Gaillard, son bisaïeul, était receveur-général des fermes dans cette capitale de la Normandie, où Jacques Gaillard, son arrière-grand-oncle, chanoine de l'église métropolitaine, paraît s'être livré à la passion des livres ; car on trouve encore dispersés dans diverses bibliothèques des volumes qui portent sa marque, où ces mots : Ex bibliothecâ

D. D. Jacobi Gaillard, canonici Rothomagensis, sont gravés au-dessous de son écusson, d'or au chevron d'azur, chargé de cinq besants d'argent et accompagné de trois arbres de sinople deux et un.

M. de Saint-Germain, père de celui dont nous écrivons la vie, et qui comptait au nombre des notabilités du Beauvaisis par sa capacité et la considération dont il jouissait, n'était point homme à abandonner aux hasards des opinions courantes et aux entreprises du jour l'éducation de sa famille. Son fils Stanislas, qui était son cinquième enfant, n'avait point reçu en naissant, sous le rapport de la vigueur du tempérament, une part égale à celle de ses aînés. Mais, nous dit un de ses biographes que nous citerons souvent, « heureusement dédommagé en intelligence de la faiblesse de sa constitution. physique, M. Stanislas de Saint-Germain, dès sa première jeunesse, avait montré de rares dispositions pour l'étude, un vif sentiment du beau dans les arts, et une aptitude trèsprononcée pour toutes les études fortes et sérieuses (1). » Il avait le bonheur d'avoir pour mère une femme d'un esprit vif et cultivé, qui se chargea de lui donner les premières leçons. Cependant l'âge vint où les réflexions ingénieuses de sa mère, réflexions dont la justesse et la forme charmante laissèrent dans son esprit un ineffaçable souvenir, devaient faire place à l'éducation virile.

L'instruction officielle inspirait certaines défiances, et, quoique l'Université eût alors un évêque à sa tête, ce corps enseignant n'en était pas moins soupçonné de propager des idées hostiles aux antiques croyances de la nation, et, de ruiner sourdement dans l'esprit des élèves les doctrines du foyer paternel. M. de Saint-Germain père, qui se tenait tou

(1) Notice biographique sur M. Stanislas de Saint-Germain, lue à la Société académique de l'Oise, par M. le président Danjou, p. 4.

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