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ments pouvant former un entablement composé d'architrave, frise et corniche pour former un ordre complet.

Plusieurs pierres taillées en console pour supports ont dû porter des bancs, d'autres pierres taillées en voussoirs, d'autres d'un échantillon différent pour des voûtes de portes ou de fenêtres, de niches, etc. Des pierres, longues de 0,25 de largeur, dont le dessus est taillé proprement et légèrement arrondi sur les bords; la surface en est polie. Ces pierres ont dû servir de siéges aux baigneurs dans la piscine qui n'avait que 1". environ de hauteur, dans sa longueur. Il y avait plusieurs gradins, ce qui permettait de prendre de l'eau à volonté.

Un grand vase en forme de coupe, de 1m. 75 de diamètre, et qui n'avait que 0,20 de profondeur, avait un tuyau de descente au centre; ce vase est cassé en plusieurs morceaux; mais ils ont été réunis.

J'ai relevé plusieurs dessins d'autels en pierre, ce sont des . autels votifs des plus remarquables, à trois faces, ornées de figures coloriées. La figure de la face du devant est debout, elle est nue et appuyée sur un vase d'où coule de l'eau simulée par la sculpture; de la main droite elle répand une semence cette figure doit représenter l'abondance, la prospérité, etc. Au-dessous, on a gravé ces quatre lettres V. S. L. M.; sur la face droite, la figure d'une femme drapée tenant de la main gauche une patère, tandis qu'elle étend la main droite sur un petit autel formé d'un cube et d'un globe. La figure de gauche est celle d'un homme agenouillé, il est vêtu d'une tunique à manches longues; il tient entre ses mains un petit disque que je crois une patère. Au-dessus et de chaque côté de sa tête sont sculptés deux marteaux. Un petit autel, composé comme le premier, est devant la figure, qui est probablement celle de l'auteur de l'ex-voto.

Un autre ex-voto composé d'un petit autel cylindrique avec

empatement sur les côtés et un chapiteau portant sur sa face une inscription dont les lettres sont mal faites; quelques-unes ont été mutilées. M. Renier l'a ainsi restituée : « Au Dieu Kobnert, Donatus Adventus >> (a élevé cet autel):

DEO

KOBNERT

DONATVS

ADVIINTUS

Les autres pierres, qui ressemblent à des autels votifs, ne sont que des piédestaux de statues.

J'ai trouvé une grande quantité de fragments de vases, variés de terres, de formes et de cuissons différentes. Il y a des fragments de vases en terre noire d'une grande élégance et dont l'épaisseur régulière n'a pas 2 mill. ; les ornements gravés sont en relief et sont travaillés avec délicatesse.

Les bronzes ont été trouvés en grand nombre; ils sont d'un beau travail et d'une belle conservation. On trouve beaucoup de fragments de verres plats dont l'usage ne pouvait être que pour des vitraux de maisons, sans pouvoir prouver qu'ils étaient fixés à des châssis ; les verres sont épais il y en avait de trois teintes plus ou moins blancs, d'une assez grande dimension et d'un beau travail. On trouve beaucoup de fragments de vases d'un verre d'un très-beau bleu.

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NOTES

SUR

LES VILLES ET LES CHATEAUX FORTIFIÉS

DU DÉPARTEMENT DE L'AUBE,

Par M. BOUTIOT,

Membre de la Société académique de l'Aube.

MESSIEURS,

Le programme du Congrès contient ces deux questions : Quels furent jadis à Troyes et dans le département les châteaux forts?- En reste-t-il des traces?

Je ne répondrai pas avec développement à cette double question. Je me bornerai à signaler les lieux qui, dans le département de l'Aube, étaient fortifiés avant le XVI. siècle. Je ne me laisserai pas entraîner par un courant bien naturel en pareille circonstance, je ne gémirai pas sur les ruines que la guerre laissait après elle. Je me bornerai à vous soumettre un document statistique auquel le temps ne m'a pas permis d'ajouter quelques épisodes curieux se rattachant aux guerres des XIV. et XV. siècles, alors que Français, Anglais, Bourguignons, Allemands et tant d'autres parcouraient, en

guerroyant, notre malheureuse Champagne, portant aux monuments civils et religieux les coups les plus désastreux, et nous enlevant ainsi un grand nombre de témoins des siècles précédents. Nous regrettons avec vous tous la sinistre époque de 1793; elle est proche de nous, elle est dans la mémoire de tous. Mais pendant les deux siècles que je viens de citer, les ruines s'accumulaient sur les ruines, un pillage succédait à un autre pillage.

La pauvre France, sous un gouvernement affaibli par les guerres et mal dirigé par une femme qui vendait la nation à ses ennemis, en était arrivée à exécuter ce traité de Troyes qui suffit pour vouer à une honte éternelle la reine Isabeau de Bavière.

J'aurais pu vous dire quelle part la ville de Troyes a prise dans ces guerres désastreuses, quels sacrifices d'hommes, d'argent, de vivres, de munitions, lui ont été imposés pendant ces temps aux sombres souvenirs et dont les traces nous sont conservées dans nos archives municipales. Mais le temps. m'a fait défaut. Je me bornerai donc à une liste des villes et châteaux fortifiés du département.

Troyes, vous le savez tous, Messieurs, était la ville la mieux fortifiée de toute la contrée. M. Harmant vous l'a dit ces jours derniers. Je ne puis, après le savant travail de M. Corrard de Bréban, sur les anciennes enceintes de notre ville, que renvoyer aux Mémoires de la Société académique de l'Aube, pour en connaître les détails aussi intéressants qu'ils sont nombreux. Ce mémoire de M. Corrard de Bréban 'est le digne frère de ceux qu'il vous a lus sur les anciennes voies romaines et sur les cimetières gallo-romains du département de l'Aube. Je ne signale donc ici la ville de Troyes que pour mémoire.

L'arrondissement de Troyes avait de nombreux châteaux

foris.

Sur le territoire de Laines-aux-Bois et au sommet d'un mamelon détaché des montagnes crayeuses qui dominent, à l'Ouest, la vallée de la Seine, se voient encore les restes du château de Montaigu, œuvre, dit-on, des Romains. Ce château conserva sa force et son importance pendant tout le moyen-âge. Dans le XIV. siècle et dans les premières années du XV., il servait de retraite à des bandes de gens de guerre qui ravageaient les campagnes et ruinaient le bonhomme. Les Troyens se firent autoriser à le démolir. En 1420, ils le mirent dans l'impossibilité de servir de retraite. En 1430 et 1431, ils en amenèrent les pierres à Troyes, pour élever les fortifications de l'Est de la ville, partie qui prit le nom de Montaigu, et aussi ceux de Rioteuse et de l'Isle.

Estissac eut son château fort où les ennemis du roi se tinrent, après la reddition de Troyes à Charles VII, arrivée en 1429. Ce château fut détruit quelques années après, vers 1434.

Isle-Aumont, que la tradition rattache à l'époque romaine, ne possède plus qu'une motte, sur laquelle est assise son église qui garde des traces du XIIIe siècle.

Montiéramey fut une ville close, qui supporta plusieurs siéges dans le cours du XV. siècle. C'était une position avancée que les Troyens entretenaient et où, souvent, ils envoyaient poudres, bombardes et voguelaires, pour aider les habitants à résister aux Bourguignons et aux Anglais.

Ervy-le-Châtel, qui dut son origine à son château, était aussi, au moyen-âge, un lieu fortifié que les Troyens protégeaient, parce que le château, plus tard la ville, fermée de murailles, étaient des boulevards qui les préservaient souvent de la présence des gens de guerre venant de Bourgogne. Il ne reste plus de traces des fortifications d'Ervy, qu'une porte qui sert d'hôtel-de-ville et quelques parties de fossés qui, chaque année, disparaissent.

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